VILLA, histoire

Le mot latin « villa » désigne proprement une exploitation agricole ; on en vint par la suite à l'appliquer aux résidences de plaisance, dans les campagnes ou sur les plages, sans lien avec sa fonction agricole initiale. D'origine romaine, la villa, en référence à cette époque historique idéalisée, connaît un regain d'intérêt à partir de la Renaissance. Des traités vont alors définir les fonctions de ce lieu, approfondissant l'idée de locus amœnus, asile charmant et lieu du bonheur secret, dont l'évolution influe aussi sur l'art des jardins.

La villa romaine

Villa des Mystères, Pompéi

Villa des Mystères, Pompéi

Villa des Mystères, Pompéi

Parmi les édifices suburbains (hors les murs) de Pompéi, cette villa construite vers 70-60 av. J.-C.…

Entourée de terres, sur une étendue parfois considérable, la villa rurale se caractérise par une architecture purement utilitaire, les bâtiments étant distribués sans ordre autour de la cour où l'on rassemblait le bétail. La villa des Mystères à Pompéi offre l'exemple de la transition vers la résidence de plaisance : la partie est, de plain-pied avec la route d'accès, groupe les logements des esclaves, les ateliers, tandis qu'à l'ouest l'appartement de maître ouvre sur des terrasses dominant les pentes qui descendent vers la mer. Du point de vue du plan, les villas d'exploitation ou de plaisance se divisent en deux catégories : la villa à plan fermé, dont le centre est occupé par une cour à portiques, et la villa ouverte, constituée par deux ailes encadrant une cour ouverte. La villa des Mystères, déjà citée, représente bien la première catégorie, dont on trouve un exemple plus tardif à Piazza Armerina, en Sicile. La villa d'Anguillara Sabazia, dans le Latium, qui date du milieu du i er siècle environ, est un bon exemple de la seconde catégorie, avec son immense portique semi-circulaire en façade. Un type simplifié de villa ouverte, particulièrement fréquent dans le nord de la Gaule, est constitué par un corps principal en forme de rectangle allongé doté d'un pavillon à chaque extrémité. Il faut naturellement mettre à part les domaines groupant de multiples constructions, comme la villa d'Hadrien à Tibur (Tivoli) ; on peut la considérer comme la combinaison d'une immense villa de type fermé, dont les péristyles successifs s'étagent sur plusieurs niveaux, avec toute une série d'annexes, réunissant tous les raffinements qu'un esthète tout-puissant pouvait imaginer. Moins gigantesques sont les villas des grands seigneurs du iv e siècle, mais elles restent encore complexes. On a déjà cité celle de Piazza Armerina. Celle de Montmaurin, au pied des Pyrénées, combine les caractéristiques principales des deux types avec son portique semi-circulaire précédant deux péristyles alignés.

Thermes de la villa de Piazza Armerina

Thermes de la villa de Piazza Armerina

Thermes de la villa de Piazza Armerina

Vestiges des thermes de la villa de Piazza Armerina. Art romain. Première moitié du IV e

Canope de la villa Hadriana, Tivoli, 1

Canope de la villa Hadriana, Tivoli, 1

Canope de la villa Hadriana, Tivoli, 1

Le Canope de la villa d'Hadrien, 124 apr. J.-C., Tivoli, Italie.

— Gilbert-Charles PICARD

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Écrit par

  • André CHASTEL : membre de l'Institut, professeur au Collège de France
  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • Robert FOLZ : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Dijon
  • Gilbert-Charles PICARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

André CHASTEL, E.U., Robert FOLZ, Gilbert-Charles PICARD, « VILLA, histoire », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Villa des Mystères, Pompéi

Villa des Mystères, Pompéi

Villa des Mystères, Pompéi

Parmi les édifices suburbains (hors les murs) de Pompéi, cette villa construite vers 70-60 av. J.-C.…

Thermes de la villa de Piazza Armerina

Thermes de la villa de Piazza Armerina

Thermes de la villa de Piazza Armerina

Vestiges des thermes de la villa de Piazza Armerina. Art romain. Première moitié du IVe

Canope de la villa Hadriana, Tivoli, 1

Canope de la villa Hadriana, Tivoli, 1

Canope de la villa Hadriana, Tivoli, 1

Le Canope de la villa d'Hadrien, 124 apr. J.-C., Tivoli, Italie.

Autres références

  • ANTIQUITÉ - L'Antiquité tardive

    • Écrit par Noël DUVAL
    • 23 429 mots
    • 3 médias
    [...]vestiges significatifs, et notamment la « basilique » à nef unique se terminant par une abside, construite en brique, qui serait la salle d'audience. La «  villa » de Dioclétien à Split présente un plan régulier dans une enceinte quadrangulaire avec, face à la mer, une série de grandes salles et l'appartement[...]
  • GAULE

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    • 145 401 mots
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  • PALÉOCHRÉTIEN ART

    • Écrit par François BARATTE, Françoise MONFRIN, Jean-Pierre SODINI
    • 74 259 mots
    • 10 médias
    [...]privé est mieux connu, même si une typologie régionale paraît encore difficile à établir. La première caractéristique est le luxe et l'importance des villae ou «  palais ». Que ce soient des résidences impériales, dont les plans fragmentaires apparaissent à Constantinople, à Rhegion, dans la [...]
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  • RURALE CIVILISATION

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    [...]comme entreprise de colonisation, menée de l'extérieur et plaquée sur la réalité indigène. Il est souvent le fait d'aristocrates locaux, mais romanisés. Il laisse derrière lui un impressionnant semis de villae, dont un certain nombre ont survécu soit sous forme de grands domaines, soit transformées en[...]
  • Afficher les 7 références

Voir aussi