ARABISME

Les premières organisations et la révolte arabe (1908-1920)

La révolution jeune-turque (1908), instaurant un régime constitutionnel, avec un parlement, dans l'Empire ottoman, permit aux mécontents de toute sorte de s'organiser. En même temps, la politique centralisatrice des Jeunes-Turcs, de plus en plus enclins malgré leurs déclarations à faire fond primordialement sur l'élément turc, accroissait le mécontentement des provinces arabes. Des organisations se fondèrent, avec un programme demandant surtout l'égalité des droits des Arabes au sein de l'Empire, des assemblées locales, l'emploi de l'arabe dans les régions de langue arabe pour l'administration, l'éducation, etc. Ce fut notamment le programme du Parti ottoman pour la décentralisation administrative, fondé en 1912. Un comité pour la réforme fut fondé à Beyrouth. Un congrès arabe, avec des délégués chrétiens et musulmans, se tint à Paris en juin 1913. Ses revendications étaient modérées, dirigées surtout contre la centralisation excessive et la turquisation. En même temps se constituaient des sociétés secrètes plus radicales, comme la Qahtaniyya, qui demandait une double monarchie arabo-turque sur le modèle de l'Autriche-Hongrie (1909), la Fatāt, qui exigeait l'indépendance arabe (1911), Al-‘Ahd composée surtout de militaires irakiens (1914).

Faysal à la conférence de paix de Paris, 1919

Faysal à la conférence de paix de Paris, 1919

Faysal à la conférence de paix de Paris, 1919

Faysal (1883-1933), prince de Hedjaz qui deviendra roi d'Irak en 1921, lors de la conférence de la…

Avec l'entrée en guerre de l'Empire ottoman aux côtés de l'Allemagne et de l'Autriche-Hongrie (2 nov. 1914), les options se radicalisent. Le chérif de La Mecque, Ḥusayn et ses fils, mus par l'intérêt dynastique et la haine des Jeunes-Turcs, entrent en relation avec les nationalistes arabes du Croissant fertile groupés dans les sociétés secrètes – certains d'entre eux sont en contact avec la France – et avec la Grande-Bretagne qui veut miner de l'intérieur l'Empire ottoman. Le gouverneur turc de Syrie-Palestine, Djemāl, ayant fait pendre pour trahison, à Beyrouth et à Damas, des nationalistes arabes, chrétiens et musulmans (août 1915, avr. et mai 1916), le chérif Ḥusayn passe à la révolte le 5 juin 1916. Se fondant sur les promesses contenues dans sa correspondance secrète avec sir Henry McMahon, haut-commissaire britannique en Égypte (juill. 1915-janv. 1916), Ḥusayn se déclare roi des Arabes (29 oct. 1916). La Grande-Bretagne, la France et l'Italie le reconnaissent seulement comme roi du Hedjāz. Les troupes de Ḥusayn, organisées par les Britanniques (notamment par T. E. Lawrence), contribuent à la défaite turque. Damas est prise le 1er octobre 1918.

Les promesses faites aux Arabes ne sont pas honorées par les Alliés vainqueurs. Le Congrès général syrien proclame le fils de Ḥusayn, Fayçal, roi constitutionnel de la Syrie-Palestine (8 mars 1920). Mais il est chassé de Damas par le général Gouraud (25 juill. 1920). Conformément à l'accord secret Sykes-Picot (avr.-mai 1916), les pays arabes du Croissant fertile sont partagés entre la Grande-Bretagne et la France sous forme de « mandats ». Conformément à la promesse Balfour (2 nov. 1917), la Palestine, placée sous mandat britannique et détachée de la Syrie, est ouverte à la colonisation juive.

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Écrit par

  • E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • Maxime RODINSON : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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E.U., Maxime RODINSON, « ARABISME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Faysal à la conférence de paix de Paris, 1919

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La Ligue arabe

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L'Égypte, l'Irak, la Syrie, le Liban, l'Arabie Saoudite, le Yémen et la Transjordanie signent la…

Conférence de Bagdad, 1955

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Délégués à la conférence de Bagdad, qui devait déboucher sur la signature du pacte de Bagdad (24…

Autres références

  • ALGÉRIE

    • Écrit par Charles-Robert AGERON, E.U., Sid-Ahmed SOUIAH, Benjamin STORA, Pierre VERMEREN
    • 230 085 mots
    • 22 médias
    [...]d'autre issue à ses revendications d'égalité que la citoyenneté française, une autre voie lui fut indiquée par les ulémas et les champions de l' arabisme : la « Nation algérienne ». Par l'enseignement, le scoutisme et la propagande écrite et orale, les ulémas insufflèrent à la jeunesse un idéal[...]
  • ARABIE SAOUDITE

    • Écrit par Philippe DROZ-VINCENT, Ghassan SALAMÉ
    • 101 809 mots
    • 9 médias
    [...]permettent à l'Arabie Saoudite, conduite par le roi Fayçal, d'améliorer sa position régionale. D'un pays sur la défensive, le royaume se mue progressivement en gardien de la solidarité arabe, modérateur des plus extrémistes et médiateur entre les Arabes et l'Occident. C'est à Riyad que le sommet mettant fin à[...]
  • BAATH, BA'TH ou BAAS

    • Écrit par Françoise MEUSY
    • 5 736 mots
    • 1 média

    Parti socialiste de la renaissance arabe, le Baath est un parti politique fortement structuré qui, dépassant les frontières des États, se veut un mouvement unitaire arabe et socialiste. Fondé en 1943 à Damas par un chrétien orthodoxe, Michel Aflak, le philosophe du parti, et Ṣālah[...]

  • BAKR AHMED HASSAN AL- (1912-1982)

    • Écrit par Philippe RONDOT
    • 6 442 mots

    Aux discrètes obsèques d'Ahmed Hassan al- Bakr, le 5 octobre 1982 à Bagdad, trois personnalités mènent le deuil : Michel Aflak, un des fondateurs historiques du parti Baas auquel adhéra très tôt le jeune officier Bakr ; le roi Hussein de Jordanie, dont le cousin, Fayçal II d'[...]

  • CAIRE LE

    • Écrit par Éric DENIS, Gaston WIET
    • 32 184 mots
    • 7 médias
    C'est aussi à cette époque (entre 1940 et 1960) que le Caire s'affirme comme la capitale du monde arabe, devenant le centre du panarabisme qui s'imposera dans le mouvement des non-alignés, porté par les discours enflammés de Nasser, par la voix d'Oum Kalthoum et par le cinéma égyptien. C'est ici que[...]
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