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ANGLAIS (ART ET CULTURE) Aquarelle

La vulgarisation de l'aquarelle

Après la mort de Cotman en 1842 et celle de Turner en 1851, l'aquarelle anglaise devient un art mineur qu'aucun peintre ne saura renouveler ni même maintenir à son niveau d'excellence antérieur. Pourtant, dans les classes moyennes, soucieuses d'afficher leurs goûts artistiques, un vaste marché existe pour ces productions peu coûteuses. Les aquarellistes, quant à eux, s'organisent en académies rassemblant l'élite de la profession, comme The Old Watercolour Society, fondée dès 1804. Ils tentent de rivaliser avec leurs collègues spécialisés dans la peinture à l'huile, utilisant la gouache, la gomme arabique, et même la colle de farine, pour donner du relief à la couleur. Ils donnent à leurs vues des dimensions plus importantes, les vernissent, les encadrent, et, bien sûr, multiplient les expositions. Les sujets se diversifient, de la nature morte à la scène de genre, illustrée par Myles Birket Foster (1825-1899), et à la peinture à sujet historique ou biblique, dont John Martin (1789-1854) s'était fait une spécialité. Ce dernier a, curieusement, reproduit à l'aquarelle quelques-unes de ses grandes compositions mélodramatiques. Il y manifeste la même emphase déclamatoire et la même vulgarité dans les couleurs. Le paysage demeure cependant le sujet le plus apprécié ; le meilleur spécialiste en est David Cox (1783-1859), habile à rendre les turbulences de l'atmosphère et la course des nuages, d'une manière qu'apprécieront les impressionnistes (Rhyl Sands, 1854, Victoria and Albert Museum, Londres). Des pays de plus en plus lointains sont explorés par les aquarellistes en quête de paysages exotiques et de scènes hautes en couleur. Le plus virtuose d'entre eux, John Frederick Lewis (1805-1876), a rapporté de ses nombreux voyages en Espagne et au Moyen-Orient des compositions d'une grande qualité technique, mais d'un intérêt artistique médiocre, comme Campement européen dans le Sinaï (coll. privée, 1856).

Au xxe siècle, la production d'aquarelles par les artistes professionnels se tarit progressivement après 1914, pour des raisons à la fois technologiques et esthétiques. La photographie s'est mise dans une certaine mesure à jouer le rôle qu'avait eu l'aquarelle au xviiie et au xixe siècle pour la représentation de monuments et de sites. En outre, le paysage a perdu auprès du public son pouvoir d'attraction, et auprès des artistes son pouvoir de fascination. Enfin, les artistes les plus novateurs ont jugé la technique de l'aquarelle peu propre à servir leurs recherches. Seuls quelques-uns, comme Paul Nash (1889-1946), ont tenté de la mettre au service d'un langage pictural moderne, mais avec un succès limité.

— Jacques CARRÉ

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Clermont-Ferrand-II-Blaise-Pascal

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Pour citer cet article

Jacques CARRÉ. ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Aquarelle [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Clair de lune sur le lac de Lucerne avec le mont Righi, Suisse</it>, J. M. W. Turner - crédits : AKG-images

Clair de lune sur le lac de Lucerne avec le mont Righi, Suisse, J. M. W. Turner

<it>Bromfield sur la rivère Onny, près de Ludlow, Shropshire</it>, J. M. W. Turner - crédits : Sotheby's/ AKG-images

Bromfield sur la rivère Onny, près de Ludlow, Shropshire, J. M. W. Turner

Voir aussi