ANCIENS ET MODERNES
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Littérature
Le terme « moderne » est calqué sur le latin modernus, ce qui est « à la mode », actuel. Il peut être employé de manière dépréciative, pour qualifier l'éphémère et partant le superficiel, la valeur étant dans ce cas associée à la durée, voire à l'éternité. C'est ainsi que Pétrarque (1304-1374), par exemple, appelait Modernes les doctes de son époque, trop imprégnés du latin de la scolastique et pas assez des belles-lettres de l'Antiquité. Mais avec les Temps dits modernes (soit, dans la terminologie des historiens, la période qui va de la Renaissance à la Révolution française) s'affirme une supériorité du présent sur le passé : celle des mathématiciens, physiciens, chimistes (Descartes, Galilée, Newton, Lavoisier), d'accord avec Pétrarque, paradoxalement, pour rejeter dans les ténèbres du Moyen Âge la science qui les a précédés. Ainsi Pétrarque a-t-il mérité le nom de « premier homme moderne » (Renan), en se plaçant dans un entre-deux du temps et, selon ses propres mots, « aux confins de deux peuples, regardant à la fois en avant et en arrière ». Cette ambivalence se retrouve dans un lieu commun énoncé dès le xiie siècle, et attribué à Bernard de Chartres : « nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants ». Faut-il y lire la supériorité des Modernes, qui voient plus loin que les Anciens ? ou au contraire leur nécessaire infériorité, qu'ils ne compensent que grâce à ceux-là même qu'ils ne pourront jamais égaler ?
Le Canzoniere (1374) du poète italien Pétrarque (1304-1374), ici vêtu de noir, a influencé durablement le lyrisme amoureux des siècles suivants. Détail de l'Enterrement de sainte Lucie (1379-1381) d'Altichiero da Zevio. Oratoire de San Giorgio, Padoue.
Crédits : Erich Lessing/ AKG
Les deux cultures
À la différence des humanistes, les inventeurs de ce que nous appelons aujourd'hui les sciences exactes ne nourrissent aucun complexe à l'égard de l'Antiquité. Conscients des progrès qu'ils réalisent, ils les expriment dans les langues vulgaires et délaissent progressivement le latin, réservé, écrit Descartes dans le Discours de la méthode (1637), « à ceux qui ne croient qu'aux livres anciens ». Ils se séparent alors de la culture lettrée, qui se n [...]
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 8 pages
Écrit par :
- Milovan STANIC : maître de conférences en histoire de l'art à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- François TRÉMOLIÈRES : professeur de littérature française du XVIIe siècle, université Rennes-2
Classification
Autres références
« ANCIENS ET MODERNES » est également traité dans :
ART CONTEMPORAIN
Dans le chapitre « Moderne et ancien » : […] Il faut remonter aussi loin que l'Antiquité tardive ( v e siècle après J.-C.) pour voir apparaître le terme de moderne. Il sert d'abord à marquer la frontière de l'actualité par rapport à l' antiquitas des pères ou des Anciens. C'est à partir du moment où on conçoit la culture romano-hellénistique comme « du passé » que l'on s'en sépare en se considérant comme « moderne ». Le moderne, ce sera d […] Lire la suite
LES ANTIMODERNES (A. Compagnon) - Fiche de lecture
Depuis que l'on a proclamé la fin des avant-gardes, la modernité a été périodiquement l'objet de débats où se mêlent mises en accusation et plaidoyers teintés de nostalgie. Professeur de littérature à la Sorbonne et à Columbia University, Antoine Compagnon a déjà consacré plusieurs essais à cette question, notamment Les Cinq Paradoxes de la modernité (1990), où il s'en prenait aux doctrines qui v […] Lire la suite
LITTÉRATURE - Du texte à l'œuvre
Dans le chapitre « La révolution de l'imprimé et ses effets » : […] Advint ensuite le bouleversement majeur d'ordre technique que constitue l'apparition de l'imprimé à la fin du xv e siècle. Cette Révolution du livre (Roger Chartier) a transformé toute l'économie culturelle. Elle a bouleversé le temps de fabrication et la disponibilité des textes : là où il fallait des mois pour réaliser une copie manuscrite, il ne faut plus que quelques jours pour produire de […] Lire la suite
FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIe s.
Dans le chapitre « Les Essais de Montaigne » : […] De noblesse toute récente par son père et de mère juive convertie, Michel de Montaigne (1533-1592) possède une solide culture humaniste doublée d’une formation en droit. Les Essais , dont la première édition date de 1580, ont une dette envers la culture juridique du temps, et leur écriture s’apparente à la glose, qui complète, corrige ou infirme sans cesse les commentaires antérieurs. D’où l’int […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
Milovan STANIC, François TRÉMOLIÈRES, « ANCIENS ET MODERNES », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 16 avril 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/anciens-et-modernes/