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GRAVURE

Il est peu d'objets d'art qui soient aussi complexes que la gravure. D'une part, la fabrication mécanique s'ajoute à la création de l'artiste ; d'autre part, la gravure peut être à la fois une œuvre d'art originale et, du fait de sa reproduction à de multiples exemplaires, un moyen de communication de masse. Par conséquent, elle s'adresse autant à l'esthète qu'au grand public. Dans cette production qui, comprise au sens large, va de la photo de journal à l' estampe d'artiste, il faut évidemment faire des distinctions. L'estampe se situe souvent aux confins de l'œuvre d'art ; or, bien peu d'images gravées méritent ce titre. On ne peut cependant trouver aucune définition objective qui soit exhaustive. Le fait qu'il y ait toujours eu des restrictions quant à l'appartenance de la gravure à ce qu'on nomme « le grand art » oblige à se demander dans quelle mesure la gravure répond à la définition actuelle de l'art. Les premières gravures furent produites pour populariser les œuvres d'art ; il est certain aussi que ce procédé a donné naissance à un nouvel art original. Il faut donc saisir à différents niveaux le rapport de la fonction utilitaire de la gravure à sa fonction esthétique sous ses divers aspects (commercial, social, sémantique et technique).

Née avec la Renaissance, la gravure s'est surtout affirmée comme l'art de la bourgeoisie dont elle diffuse les genres et les thèmes, entre l'art aristocratique et l' art populaire. Pour l'artiste, elle dépasse de beaucoup ce cadre ; elle est un moyen d'expression riche qui a pu satisfaire à tous les styles, encore utilisé largement par les écoles d'avant-garde.

Il était logique qu'après l'invention de la photographie les fonctions utilitaires de la gravure diminuent d'importance au profit de ses possibilités esthétiques. Ainsi de nos jours la gravure est-elle partagée entre un art de luxe, né du renouveau de l'estampe originale à la fin du xixe siècle, et un produit de consommation qui participe, avec les moyens photomécaniques, à la civilisation de l'image.

D'un point de vue technique, on peut ainsi définir la gravure : après avoir entaillé une plaque de métal ou de bois on obtient un dessin gravé qui, encré et passé sous la presse, peut être reproduit, à l'envers, sur un support. Or, il est impossible actuellement de limiter la gravure à cette définition. La possibilité de reproduction est, à l'origine, le fait essentiel de la gravure, de là ses grandeurs et ses misères.

Depuis près de deux siècles, les procédés dits « en à-plat » ont été assimilés à la gravure, quoiqu'il n'y ait plus de surface gravée à proprement parler, parce qu'ils permettent, eux aussi, la reproduction. Une définition historique et sociologique pourrait donc paraître plus objective. Elle serait cependant loin de la vision des artistes, elle, plus subjective, pour qui la reproduction n'est pas toujours le principal attrait de la gravure. Ceux-ci trouvent en elle un langage plus puissant que celui du simple dessin et ses qualités plastiques déterminent souvent seules leurs essais dans cet art.

Mais, dans le domaine technique, l'existence de possibilités innombrables interdit encore toute définition satisfaisante. Les sérigraphies (procédé en à-plat) ou des estampages sans encre se sont répandus. On tentera donc ici une approche de la gravure au double point de vue esthétique et sociologique.

Évolution technique de l'estampe en Occident : du criblé à la sérigraphie

Tout a son importance dans la réalisation d'une estampe, jusqu'à la presse, l'encre ou le papier utilisés. Pourtant on définit généralement une estampe par le seul élément d'impression – gravure sur bois, sur métal (cuivre, zinc,[...]

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Écrit par

  • : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
  • : directeur de la bibliothèque publique d'information, Centre Georges-Pompidou

Classification

Pour citer cet article

Barthélémy JOBERT et Michel MELOT. GRAVURE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<it>Jules César</it>, opéra de Haendel - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Jules César, opéra de Haendel

Aztèques capturés par les Espagnols - crédits :  Bridgeman Images

Aztèques capturés par les Espagnols

<it>La Grande Fortune</it> - crédits :  Bridgeman Images

La Grande Fortune

Autres références

  • ADHÉMAR JEAN (1908-1987)

    • Écrit par Jean-Pierre MOUILLESEAUX
    • 1 312 mots

    La Bibliothèque nationale de Paris conserve depuis Colbert (1667) des milliers d'images rassemblées dans le cabinet des Estampes. Gravures, affiches, dessins ou collections iconographiques, photographies enfin sont venus régulièrement s'accumuler au gré des acquisitions et des dons, mais surtout avec...

  • ALBRECHT ALTDORFER. MAÎTRE DE LA RENAISSANCE ALLEMANDE (exposition)

    • Écrit par Christian HECK
    • 1 177 mots
    • 1 média
    La circulation des œuvres d’Altdorfer se fait à travers des thèmes traditionnels. Ainsi l’étonnante suite de quarante gravures sur bois composant un cycle de la Chute et Rédemption de l’humanité, vers 1513, qui offre une double originalité. D’une part, il constitue un tour de force artistique...
  • ALDEGREVER HEINRICH (1502-apr. 1555)

    • Écrit par Pierre VAISSE
    • 177 mots

    Peintre et graveur allemand, de son vrai nom Heinrich Trippenmecker. Son activité de peintre est très mal connue. Il doit sa célébrité à ses gravures sur cuivre, environ trois cents, exécutées de 1527 à 1541 et de 1549 à 1555 et signées du monogramme AG, imité de celui de Dürer, dont il fut le disciple....

  • ALMANACH, estampe

    • Écrit par Maxime PRÉAUD
    • 805 mots

    Le mot almanach, d'origine incertaine, apparaît dans l'arabe occidental au xiiie siècle ; il désigne d'abord une éphéméride où figurent les positions du soleil et de la lune. Avec l'invention de l'imprimerie et de l'estampe, ce type de calendrier va se développer...

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Voir aussi