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GAULE

Limitée par le Rhin, la Méditerranée, les Alpes, les Pyrénées et l'Atlantique, la Gaule est devenue le territoire celtique le plus étendu et le plus cohérent de l'Antiquité. À vrai dire, les Celtes n'y étaient autochtones que dans le tiers nord-est du territoire (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Bourgogne, est du Bassin parisien), le reste du pays étant occupé, dans sa majeure partie, par des populations anonymes installées depuis l'époque néolithique : Basques et Ibères dans le Sud-Ouest ; Ligures dans le Sud-Est. Même après l'achèvement de la conquête de la Gaule, les Celtes n'y ont jamais constitué la majorité de la population ; ils semblent avoir été groupés en colonies guerrières, tendant, au cours du second âge du fer, à se fondre progressivement dans le reste de la population, en lui imposant leur langue et leur civilisation.

Les Gaulois et plus généralement les Celtes n'ont jamais été fermés sur eux-mêmes : dès le viie siècle avant J.-C., ils entretenaient des rapports commerciaux avec les peuples les plus civilisés du bassin méditerranéen. De tous les barbares, ils étaient sans doute les moins barbares. L'entrée de la Gaule dans le monde méditerranéen et hellénique a précédé de loin la conquête romaine et a préparé la voie à celle-ci. Il est en particulier abondamment établi que l'expansion commerciale et l'influence technique et culturelle de la colonie phocéenne de Marseille débordaient largement le cadre de ce qui allait devenir la province romaine de Narbonnaise. C'est du reste à l'appel des Marseillais, victimes de la piraterie ligure et des incursions de leurs voisins, que les Romains intervinrent en Gaule méridionale. Cette région servit ensuite de base de départ à Jules César pour conquérir l'ensemble du territoire ; il ne faisait en cela que lutter de vitesse avec les Germains : si la Gaule n'était devenue romaine, elle fût à coup sûr devenue germanique.

La langue latine supplanta peu à peu les parlers celtiques ; sur tout le territoire s'élevèrent des villes, avec leurs réseaux d'aqueducs et de voies. Cependant, les Gaulois, en devenant gallo-romains, ne renièrent pas leurs traditions propres. Cette fidélité se manifeste aussi bien dans le domaine religieux que dans le domaine artistique.

La religion gauloise est surtout connue par les monuments, sculptures ou inscriptions d'époque romaine. Mais les fouilles mettent au jour un nombre de plus en plus grand de monuments et de documents plus anciens et permettent donc une reconstitution plus précise. Ces découvertes suggèrent que, dès l'époque hallstattienne, s'élaborent, dans le domaine celtique et sur les confins celto-illyriens, un panthéon, une mythologie et un rituel. C'est là qu'il faut chercher l'origine de la religion gauloise, qui, fortement influencée dès le début par les idées et les thèmes méditerranéens, se développera au cours du second âge du fer, dans le domaine celtique, particulièrement en Gaule, et se perpétuera bien au-delà de la conquête romaine.

On a cru longtemps, à la suite de Salomon Reinach, que l' art gaulois s'était cantonné exclusivement dans la décoration et dans la représentation des symboles géométriques, qu'il aurait été, en somme, dominé par une sorte de tabou de la figure humaine. Des découvertes plus récentes, permettant de dater beaucoup d'œuvres déjà connues mais mal comprises et mal situées, ont fait justice de cette théorie. On connaît actuellement une série importante de sculptures gauloises qui s'échelonnent de la fin du vie siècle au début de la période romaine. La plupart sont des figurations humaines. Une autre théorie, due à F.  Benoit, consiste à isoler, parmi les sculptures gauloises, celles qui ont été trouvées dans le midi de la Gaule, à les considérer comme émanant[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne et à l'Institut universitaire de France
  • : archéologue, professeur à la faculté des lettres de Strasbourg

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul DEMOULE et Jean-Jacques HATT. GAULE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Gaule romaine, organisation administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Gaule romaine, organisation administrative

400 à 500. Royaumes barbares - crédits : Encyclopædia Universalis France

400 à 500. Royaumes barbares

Gaule romaine, économie et commerce - crédits : Encyclopædia Universalis France

Gaule romaine, économie et commerce

Autres références

  • AFFRONTEMENTS ENTRE ROMAINS ET GAULOIS - (repères chronologiques)

    • Écrit par Xavier LAPRAY
    • 330 mots

    vie-ve siècle avant notre ère Dernier Âge du fer celtique : la civilisation de La Tène supplante celle de Hallstatt.

    ve-ive siècle avant notre ère Infiltrations gauloises (Insubres, Cénomans, Lingons, Boïens, Sénons) dans la plaine du Pô.

    — 406-— 396 Dates traditionnelles du...

  • CONQUÊTE ROMAINE DES GAULES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Xavier LAPRAY
    • 168 mots

    — 475 environ Deuxième Âge du fer : culture de La Tène.

    Début du ive siècle avant notre ère Les troupes du Gaulois Brennus prennent la ville de Rome.

    Fin du iiie siècle-début du iie siècle avant notre ère Conquête de la Gaule cisalpine (Italie du Nord) par les Romains.

  • "EMPIRE GAULOIS" ET "EMPIRE PALMYRÉNIEN" - (repères chronologiques)

    • Écrit par Antony HOSTEIN
    • 259 mots

    260 En Occident, Postume est proclamé empereur par les soldats qui ont assassiné Salonin, le fils de Gallien. En Orient, Odenath, prince de Palmyre, stoppe les Perses vainqueurs de Valérien et élimine plusieurs usurpateurs.

    264 Victoire de Postume sur les Germains ; il profite de ce succès pour...

  • PRISE DE ROME PAR LES GAULOIS

    • Écrit par Xavier LAPRAY
    • 268 mots

    La tradition rapporte que Rome dut faire face en — 390 à une invasion gauloise dirigée par Brennus : après la défaite de l'Allia, un affluent du Tibre, la ville et ses vieillards furent livrés aux Gaulois, qui la détruisirent tandis que la jeunesse résistait sur le Capitole et que les objets sacrés...

  • ALÉSIA

    • Écrit par Michel REDDÉ
    • 1 046 mots
    • 2 médias

    Premier site de l'histoire de la nation française, Alésia a été rendu célèbre par le fameux passage de la Guerre des Gaules (VII, 68-89) dans lequel César met en scène la défaite de Vercingétorix en 52 avant J.-C. Devenu « lieu de mémoire » et symbole national de la résistance à...

  • ALSACE

    • Écrit par Universalis, Françoise LÉVY-COBLENTZ, Raymond WOESSNER
    • 6 482 mots
    • 2 médias
    L'une d'elles, conduite par les Suèves, fut à l'origine de l'intervention de Rome et se solda par la victoire de César sur Arioviste en 58 avant J.-C. Dès lors, aux pistes gauloises se substitueront les voies romaines reliant Augusta Rauracorum(près de Bâle) à Mayence, et la...
  • AMAND saint (584 env.-679)

    • Écrit par Jacques DUBOIS
    • 185 mots

    Né au pays d'Herbauge, en Poitou, Amand fut, très jeune, moine dans l'île d'Yeu, puis clerc à Tours et ermite à Bourges. Il connut des moines irlandais et adopta en grande partie leur mode de vie. En 629, il fut ordonné évêque sans siège fixe, pour évangéliser le nord de la ...

  • AMBIORIX (Ier s. av. J.-C.) roi des Éburons

    • Écrit par Paul QUENTEL
    • 238 mots

    « Roi [de la région] à l'entour », c'est-à-dire des deux tribus des Éburons, Ambiorix est un des principaux chefs gaulois dont la révolte a, en quelque sorte, préparé celle de Vercingétorix.

    Les rébellions se succédaient en Gaule depuis ~ 58. Cette année-là, César dut affronter...

  • Afficher les 89 références

Voir aussi