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DE KOONING WILLEM (1904-1997)

La série des « Women »

Willem De Kooning - crédits : Ben Van Meerondonk/ Hulton Archive/ Getty Images

Willem De Kooning

En 1948, sa première exposition personnelle à la galerie Charles Egan de New York, qui présente des tableaux abstraits majoritairement en noir et blanc, où la véhémence de son geste est affirmée, établit sa réputation d'artiste marquant. Il enseigne au Black Mountain College (Caroline du Nord), collège expérimental qui réunit notamment, autour de Josef Albers, des artistes tels que John Cage, Merce Cunningham ou Robert Rauschenberg. De 1950 à 1951, il donne également des cours à l'école d'art de l'université de Yale.

Il revient au figuratif, notamment avec sa grande toile biomorphique, Excavation (Institut d'art, Chicago), qui semble une allusion aux travaux de terrassement du Manhattan de 1950. La série des Women (1950-1953), ainsi que de nombreuses œuvres traitant du corps féminin au début des années 1950, exposées à la galerie Sidney Janis en 1953, fournissent à ces considérations des connotations sexuelles qui empêchent souvent de reconnaître la complexité plastique et iconographique d'œuvres, dont De Kooning déclarait que « le contenu [y] est un coup d'œil »[content is a glimpse]. Au moment où ses figurations agressives deviennent le symbole même du nouvel art américain, il est déjà passé à des paysages abstraits, des impressions de scènes urbaines et de routes, constitués de l'accumulation des traces vigoureuses du pinceau, où les formes se défont malgré les traits noirs qui semblent les structurer (Gotham News, 1955, Albright-Knox Art Gallery, Buffalo). Entre 1957 et 1963, les touches prennent des dimensions monumentales, tandis que la palette s'éclaircit et que les éléments graphiques disparaissent (Door to the River, 1960, Whitney Museum of American Art, New York).

À partir de 1989, De Kooning modèle ses premières sculptures en argile de petit format, puis agrandies en bronze (The Clamdigger, 1972, Whitney Museum of American Art, New York), où il restaure le volume plein et la densité de la matière manipulée. Puis les corps féminins – dont l'artiste fait le principal motif de sa pratique de la sculpture – sont réintroduits dans des compositions de plus en plus lyriques, où les coulures d'abord saccadées évoluent en des arabesques colorées au geste ample, que l'abstraction des vingt dernières années (à partir de 1975 la figure disparaît de l'œuvre peint) maintiendra comme seuls éléments de composition.

En 1978, le musée Salomon R. Guggenheim (New York) présente dans une exposition personnelle ses travaux récents. L'année suivante, De Kooning reçoit, avec Eduardo Chillida, le prix Andrew W. Mellon, accompagné d'une exposition au musée d'art de l'Institut Carnegie de Pittsburgh.

Jusqu'à sa mort, le 19 mars 1997 à East Hampton (États-Unis), il continue à peindre des œuvres entre abstraction et figuration, portées par ce que Harold Rosenberg appelle « l'expérience intérieure du réel » et qui font l'objet d'expositions, alors même que la maladie d'Alzheimer a conduit à son incapacité juridique en 1989. L'année de son décès, le musée d'art moderne de New York organise une rétrospective de son œuvre.

— Éric de CHASSEY

— Universalis

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Écrit par

  • : professeur d'histoire de l'art, École normale supérieure de Lyon, directeur de l'Institut national d'histoire de l'art, Paris
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Éric de CHASSEY et Universalis. DE KOONING WILLEM (1904-1997) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Willem De Kooning - crédits : Ben Van Meerondonk/ Hulton Archive/ Getty Images

Willem De Kooning

Autres références

  • ÉCRITS ET PROPOS, Willem de Kooning - Fiche de lecture

    • Écrit par Hervé VANEL
    • 1 063 mots
    • 1 média

    Avec Jackson Pollock, Barnett Newman, Mark Rothko ou Franz Kline, Willem De Kooning (1904-1997) est l'une des figures centrales de la génération d'artistes américains au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Pour ceux qui furent appelés les expressionnistes abstraits cette dénomination n'allait...

  • ABSTRAIT ART

    • Écrit par Denys RIOUT
    • 6 716 mots
    • 2 médias
    ..., dans les années 1930, de nombreux artistes ont imposé l'idée d'une totale liberté face au clivage entre art abstrait et art figuratif. Willem de Kooning refuse de se laisser enfermer dans quelque carcan que ce soit : « Le style est une supercherie. J'ai toujours pensé que les Grecs...
  • DE KOONING ELAINE (1918-1989)

    • Écrit par Camille VIÉVILLE
    • 886 mots

    Son activité de critique d’art et surtout son attachement indéfectible à la figuration font d’Elaine de Kooning une figure singulière de l’expressionnisme abstrait.

    Née le 12 mars 1918 à Brooklyn, Elaine Fried dessine dès l’enfance, encouragée par sa mère qui l’emmène dans les musées et...

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...) de 1946-1949, la composition se réduit à des taches de couleur en transparence qui s'organisent peu à peu en une superposition de rectangles ; chez De Kooning, la fragmentation qui atteint la figure humaine, jusque-là simplement déformée, aboutit en 1947-1949 à une série de tableaux abstraits en noir...
  • NEW YORK ÉCOLE DE

    • Écrit par Maïten BOUISSET
    • 1 578 mots
    • 1 média
    ...moyen de construction du tableau sans hiérarchie entre figure et fond, ce qui donne à la surface une « planéité nouvelle aux frontières vibrantes ». Si De Kooning fait de la figure humaine le sujet de l'ensemble de son œuvre, dans les années 1950 celle-ci se dilue dans l'éclatement des formes et la saturation...

Voir aussi