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WALLONIE

Si le mot « wallon » (substantif et adjectif) est d'usage fort ancien, le mot « Wallonie » n'apparaît qu'en 1844 et désigne la partie méridionale de la Belgique, située au sud de la frontière linguistique séparant le domaine germanique et le domaine roman. La Constitution belge reconnaît depuis 1970 l'existence de la région wallonne, qui possède depuis 1980 des organes politiques propres.

La Wallonie a une population de 3 435 880 habitants (en 2007) et une superficie de 16 845,5 kilomètres carrés, soit 32,5 p. 100 de la population totale du pays, sur 56 p. 100 de son étendue.

Elle comprend les provinces de Brabant wallon, de Hainaut, de Liège, de Luxembourg et de Namur.

L'aire des patois wallons s'étend à la quasi-totalité de la région, mais les patois picards pénètrent dans le Hainaut occidental et des patois lorrains dans le Sud-Luxembourg. La région de langue allemande (72 000 personnes ; 853 km2) est située dans la partie orientale de la province de Liège.

La Wallonie est traversée, d'ouest en est, de bassins industriels très anciens qui souffrent à la fois du déclin et de la crise.

Le mouvement wallon

Le mot « Wallonie », employé pour la première fois en 1844 par Charles Grandgagnage, est repris en 1886 par Albert Mockel, qui le donne pour titre à la revue qu'il fonde alors en réaction contre La Jeune Belgique. Le même Albert Mockel fait encore figure de pionnier du mouvement wallon lorsqu'il lance, en avril 1897, dans un article publié dans Le Mercure de France, la formule : « La Wallonie aux Wallons, la Flandre aux Flamands et Bruxelles aux Belges. »

Le mouvement flamand naît pratiquement en même temps que l'État belge (1830). Le mouvement wallon, lui, naît quelque soixante ans plus tard (le premier congrès wallon se tient en 1890), en réaction contre ce qui est alors perçu par certains comme une mainmise – ou un risque de mainmise – flamande sur l'État belge.

À sa naissance, le mouvement wallon est bien loin d'être représentatif de toute l'opinion wallonne ; il est loin aussi d'être uni sur des objectifs précis. Le Catéchisme du Wallon (1902), du comte Albert du Bois, défend la thèse de l'identité française de la Wallonie (« Quoi de plus français que ce pays wallon ? », interrogeait déjà Michelet au chapitre ier du livre XV de l'Histoire de France). Émile Dupont, sénateur de Liège, vice-président du Sénat, s'écrie, lors de la séance du 10 mars 1910 de cette assemblée : « Vive la séparation administrative. » Jules Destrée, député socialiste (qui sera ministre des Arts et des Sciences en 1919-1921) – après avoir déclaré, dans sa Lettre au roi (1912) : « Vous régnez sur deux peuples. Il y a, en Belgique, des Wallons et des Flamands ; il n'y a pas de Belges » –, préconise « une Belgique faite de l'union de deux peuples indépendants et libres, accordés précisément à cause de cette indépendance réciproque ».

Entre les deux guerres mondiales, le mouvement wallon présente plusieurs nuances, qui s'expriment à l'Assemblée wallonne ou à la Concentration wallonne. La revue régionaliste Terre wallonne, dirigée par Elie Baussart, tient, elle, compte de la situation minoritaire qui est celle du monde catholique en Wallonie. Le mouvement wallon a alors aussi des porte-parole politiques, comme le ministre libéral François Bovesse ou le député socialiste Georges Truffaut, auteur d'un projet de fédéralisme.

La Seconde Guerre mondiale vit se constituer successivement dans la clandestinité plusieurs mouvements : « Wallonie libre », créée le 18 juin 1940, et associant des militants libéraux et socialistes ; « Wallonie catholique », qui allait donner naissance, après la Libération, à « Rénovation wallonne » ; « Wallonie indépendante », enfin, composée de militants communistes.[...]

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Écrit par

  • : président-directeur général du Centre de recherche et d'information sociopolitiques, Bruxelles

Classification

Pour citer cet article

Xavier MABILLE. WALLONIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Leopold III - crédits : Hulton Archive/,Getty Images

Leopold III

Autres références

  • BAUDOUIN Ier (1930-1993) roi des Belges (1951-1993)

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    ...La Région flamande (13 522 km2), au nord, et Bruxelles (161 km2) rassemblent 68 % de la population sur 45 % du territoire (575 hab./km2), alors que la Région wallonne (16 844 km2), au sud, ne compte que 218 hab./km2. Le pays est au contact, d'une part, des fortes densités et des armatures urbaines...
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    Au cours des mêmes années se dessine une nouvelle géographie économique. Les équilibres interrégionaux, longtemps favorables à la Wallonie, s'inversent progressivement en faveur de la Flandre. Tandis que devient patent le vieillissement des structures industrielles de la première, la seconde,...
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