VIOLENCE (notions de base)
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- Écrit par Philippe GRANAROLO
La violence et le sacré
Parce que nos prédécesseurs ont toujours été lucides sur la violence inscrite dans la nature de l’homme, ils auraient à la fois commémoré dans des rituels religieux le souvenir des violences fondatrices de leur société, et élaboré des cérémonies destinées à en interdire le renouvellement. Sigmund Freud est parmi les premiers à s’engager dans ce type de réflexion.
Souvent critiqué, son ouvrage Totem et tabou (1913) n’a nullement la prétention de peindre un épisode historique, mais seulement de construire une hypothèse pouvant éclairer nos structures psychiques. Dans les sociétés les plus anciennes, un Père tout puissant possédait toutes les femmes de la tribu et régnait en maître absolu sur le groupe. La frustration grandissante des fils les conduisit un jour à tuer le Père et à se répartir ses épouses. Mais il fallait tout mettre en œuvre pour éviter que l’histoire ne se répète et qu’un nouveau Maître prenne la place du Père éliminé. Les fils ont donc laissé la culpabilitédevenir créatrice : lors de rituels réunissant toute la horde, un sacrifice rappelait le meurtre du Père afin qu’il ne disparaisse pas de la mémoire collective ; en sacralisant la figure du Père, la cérémonie permettait de le « projeter » dans une dimension mythique qui le rendait inimitable et brisait ainsi toute tentative éventuelle de l’un des fils qui aurait rêvé de prendre sa place.
Tout au long de son œuvre, et particulièrement dans La Violence et le sacré (1972), René Girard (1923-2015) s'est attaché à prolonger les interrogations du Freud de Totem et tabou. Mais, à la différence de celui-ci, il s’est d’abord intéressé à la victime sacrificielle, en analysant les caractéristiques qu’elle devait présenter pour jouer le rôle que Freud avait voulu lui accorder. Girard considère que le christianisme marqua une rupture décisive dans cette longue histoire de la violence sacrificielle. En choisissant de prendre lui-même la place du vivant sacrifié, le Christ aurait permis, selon le philosophe, qu’un tournant s’accomplisse dans l’histoire de l’humanité. Avec l’événement d’un Dieu crucifié, les hommes disposent dorénavant d’une symbolique les autorisant à imaginer une société qui éradiquerait totalement la violence.
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Écrit par
- Philippe GRANAROLO : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires
Classification
Pour citer cet article
Philippe GRANAROLO. VIOLENCE (notions de base) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )
Article mis en ligne le et modifié le 03/05/2021
Autres références
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VIOLENCE, notion de
- Écrit par Philippe BRAUD
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Bien qu'il s'agisse d'une notion à bien des égards trop familière, il est difficile de définir la violence. À cela, de multiples raisons. Et d'abord, le fait qu'elle recouvre des comportements très disparates. On parle de violences domestiques et de violences politiques, de violences physiques et de...
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