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VIOLENCE (notions de base)

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La non-violence, fantasme ou réalité ?

Il a fallu les hécatombes du xxe siècle pour que certains théoriciens prennent leurs distances par rapport à ces justifications de la violence. Ainsi sont nées les doctrines de la non-violence, dont Gandhi (1869-1948) et son disciple Lanza del Vasto (1901-1981) ont été les figures de proue. Souvent caricaturée, la non-violence prônée par Gandhi ne signifie pas le renoncement pur et simple à l’usage de la force, mais le fait de neutraliser cette possibilité jamais effacée, de préférer à l’emploi de la force la puissance née de l’éradication du désir de vengeance. Gandhi le précise de façon particulièrement nette dans ses Lettres à l’Ashram (1925) quand il écrit : « Je cherche à émousser complètement l’épée du tyran, non pas en la heurtant avec un acier mieux effilé, mais en trompant son attente de me voir lui offrir une résistance physique [...] La non-violence a pour condition préalable le pouvoir de frapper. C’est un réfrènement conscient et délibéré du désir de vengeance que l’on ressent. » Il reste que, à l’exception de l’efficacité que la non-violence a su manifester en Inde sous la conduite de Gandhi, ou aux États-Unis sous la conduite de Martin Luther King, trop rares ont été les entreprises politiques efficientes inspirées par la non-violence.

L’avenir de la non-violence dépend de la réponse (qui ne viendra peut-être jamais) à cette question majeure : existe-t-il ou non au fond de l’être humain une violence irrépressible, un « instinct » d’agression ou de destruction dont on oublie l’existence durant les parenthèses paisibles de l’histoire, mais qui finit toujours par reprendre le dessus ?

— Philippe GRANAROLO

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Écrit par

  • : professeur agrégé de l'Université, docteur d'État ès lettres, professeur en classes préparatoires

Classification

Pour citer cet article

Philippe GRANAROLO. VIOLENCE (notions de base) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 03/05/2021

Autres références

  • VIOLENCE, notion de

    • Écrit par
    • 1 462 mots

    Bien qu'il s'agisse d'une notion à bien des égards trop familière, il est difficile de définir la violence. À cela, de multiples raisons. Et d'abord, le fait qu'elle recouvre des comportements très disparates. On parle de violences domestiques et de violences politiques, de violences physiques et de...

  • ADOLESCENCE

    • Écrit par et
    • 2 667 mots
    • 1 média
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  • AFRIQUE DU SUD RÉPUBLIQUE D' ou AFRIQUE DU SUD

    • Écrit par , , , , , , et
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    Laconstance d'un niveau élevé de violence sociale et de criminalité, la montée de la xénophobie contre les migrants venant du reste du continent déclenchant des émeutes violentes régulières (2008, 2014, 2019) ou encore l'émergence d'un islam fondamentaliste – même s’il est très limité – fragilisent...
  • ALGÉRIE

    • Écrit par , , , et
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    Bien que peu nombreuses, les troupes françaises et les milices des colons réprimèrent avec violence les troubles qui demeurèrent limités à un ensemble de douars peuplés d'environ 40 000 habitants. Pour soulager les insurgés, le PPA avait conseillé l'extension du mouvement, puis il donna l'ordre d'insurrection...
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    ...religieuses, la république fédérale d'Allemagne a vu s'affirmer, dès la fin des années soixante, la contestation des étudiants, dont une minorité choisit la violence comme forme d'expression politique pour condamner la dépendance allemande vis-à-vis des États-Unis d'Amérique engagés au Vietnam...
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