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TAPIS

Le terme de tapis pouvant désigner tout genre de revêtement textile il en résulte que toutes les techniques et présentations sont concevables en théorie. Le mode de vie et l'habitat, ainsi que les conditions climatiques, engendrent des attitudes variées à l'égard du phénomène du tapis. Le tapis de sol, sous la forme du travail à points noués, a connu son plus grand essor et le summum de perfection artistique dans les régions qui s'étendent de l'Asie Mineure vers l'est entre le trentième et le quarante-cinquième degré de latitude nord ; il y répond à des fins pratiques, esthétiques et cultuelles tout à la fois. En revanche, dans les contrées aux conditions climatiques extrêmes, les peaux, les nattes ou les tissus lisses sont utilisés pour couvrir le sol ; en Europe, où le sentiment du cadre de vie est dicté beaucoup plus par les murs que par le sol, la tenture murale, en particulier la tapisserie, joua un rôle artistique prépondérant. Ces différences affectèrent non seulement la production, mais également l'attitude des Occidentaux envers le tapis d'Orient, qui était connu et très prisé, tout au moins depuis le xiiie siècle, et n'était pourtant que rarement étendu sur le sol mais plutôt utilisé comme tapis de table ou de coffre, ou comme tenture murale. Elles s'estompèrent au xixe siècle seulement, à la suite de la reproduction à grande échelle et des importations massives de tapis d'Orient, et la coutume se répandit en Europe également de couvrir de tapis d'Orient le sol de pièces entières.

Technique et matériaux

L 'essentiel de la technique du point noué consiste à confectionner un fond ou contexture, revêtu sur une face d'un velours constitué de courts brins de fil individuels. Il s'agit d'un travail purement manuel effectué sur un simple métier à tisser portant les fils de chaîne tendus parallèlement. Avec une alternance régulière se pratiquent le passage de plusieurs trames solidement attachées et l'exécution des différents rangs de nœuds, ces derniers étant faits autour des fils de chaîne et maintenus en place par les trames suivantes. Selon la manière dont le fil est enroulé autour de la chaîne lors du nouage, on distingue trois formes fondamentales des nœuds : dans le nœud Ghiordès ou turc, les brins qui forment le velours s'entortillent autour d'une paire de fils de chaîne, de sorte que les deux fils sont embrassés par le dessus et que la touffe de brins surgit entre les deux. Dans le nœud Senneh ou persan, le premier fil est entouré, le second enlacé, de sorte qu'après chaque fil de chaîne surgit une touffe de fibres qui forme le velours à l'endroit. Dans le nœud espagnol, le brin n'est noué que sur un fil de chaîne, mais alternativement sur les fils de chaîne pairs et sur les fils impairs. Cette technique spéciale est presque exclusivement le fait des ateliers espagnols, le nœud turc se trouve surtout dans les tapis d'Asie Mineure, le nœud persan dans les tapis égyptiens, persans et indiens. La concentration des nœuds varie entre 500 nœuds au décimètre carré dans les tapis de laine et plus de 10 000 dans les tapis de soie de la plus fine qualité.

Le matériau de prédilection fut toujours la laine de mouton, surtout pour le travail à points noués. Le coton est rarement utilisé pour le nouage, mais en revanche il entre souvent dans la chaîne ou toute la contexture. La matière la plus précieuse fut toujours la soie. Grâce à son brillant, lorsqu'elle sert à former le velours, la surface du tapis prend un aspect très spécial ; elle est également utilisée dans le fond, même si les nœuds sont en laine, lorsque le dessin exige une épaisseur de nœuds particulière. Outre ces trois matières, d'autres jouent un rôle mineur, tels les fils d'or et d'argent pour des parties brochées à plat, le lin et le chanvre dans la contexture[...]

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Écrit par

  • : directrice de la collection des textiles, Musées autrichiens d'art appliqué, Vienne

Classification

Pour citer cet article

Dora HEINZ. TAPIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Tapis dit de Lotto - crédits :  Bridgeman Images

Tapis dit de Lotto

Tapis de Kashan (Perse centrale) - crédits :  Bridgeman Images

Tapis de Kashan (Perse centrale)

Autres références

  • LE CIEL DANS UN TAPIS (exposition)

    • Écrit par Philippe-Alain MICHAUD
    • 976 mots

    Après l'exposition Tapis, présent de l'Orient à l'Occident, à l'Institut du monde arabe (I.M.A.) à Paris en 1989, Le Ciel dans un tapis regroupait à l'I.M.A., du 7 décembre 2004 au 31 mars 2005, cinquante-sept pièces exceptionnelles, provenant notamment de la fondation Calouste...

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...de potentialités, à l'exception de la mine de lapis-lazuli de Sar-e Sang, sur le versant sud de l'Hindou-Kouch oriental (Badakhshan), connue depuis l'Antiquité mais qui échappe aujourd'hui au pouvoir central. L'artisanat du tapis reste une activité importante qui alimente une exportation notable.
  • AUBUSSON MANUFACTURES D'

    • Écrit par Nicole de REYNIES
    • 542 mots

    L'existence d'ateliers de lissiers dans la ville d'Aubusson n'est attestée qu'à partir de 1531, date nettement postérieure à celle de l'établissement d'ateliers à Felletin, mais antérieure à celle de Bellegarde ; la production de ces villes voisines a les mêmes caractéristiques. Au milieu du ...

  • BATAILLE NICOLAS (actif depuis 1373-1400)

    • Écrit par Alain ERLANDE-BRANDENBURG
    • 386 mots

    Le rôle de Nicolas Bataille dans l'histoire de la tapisserie du dernier tiers du xive siècle n'a pas été entièrement élucidé. Il apparaît de 1387 à 1400 comme fournisseur de la maison de France, à laquelle il a livré durant cette époque environ deux cent cinquante tapisseries ou ...

  • ISLAM (La civilisation islamique) - L'art et l'architecture

    • Écrit par Marianne BARRUCAND
    • 16 014 mots
    • 18 médias
    ...mobiliers dominent les objets en jade (souvent avec des incrustations d'or et de pierres précieuses), en ivoire, et des textiles, tout particulièrement des tapis. Ils sont souvent assez proches des productions persanes ; toutefois, certains motifs floraux un peu plus réalistes, certaines arabesques un peu...
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Voir aussi