STYLE 1200
La fin du style 1200
On doit faire ainsi une place importante à la sculpture monumentale dans l'économie générale de l'« art 1200 ». Au moment de la création des grands programmes iconographiques du xiiie siècle et de l'enrichissement considérable des portails, le style « antiquisant » et « naturaliste » a certainement permis de faire oublier les systèmes plus anciens. Mais ce système formel original n'a pas résisté à l'inéluctable évolution vers le gothique. Autour de 1215-1220, au portail du Couronnement de la Vierge à Notre-Dame de Paris, un art très énergique, tout porté vers l'accentuation du volume et la rigueur de la présentation, introduit une première stylisation que l'on peut qualifier de gothique. Les étapes suivantes de l'évolution – à la cathédrale d'Amiens entre 1225 et 1240, à Paris même et en Champagne – conduisent la sculpture monumentale à une sorte de « cubisme » et à la recherche de l'expression par contraste de gestes, d'attitudes, etc. Ce style de la sculpture monumentale s'impose bientôt à la petite sculpture (ivoires) et à l'orfèvrerie. Le changement de ces années 1220-1230 peut être aussi constaté dans la peinture. À Chartres, peu après 1220, l'énergie formelle exceptionnelle des fenêtres hautes du bras sud du transept (« Maître de Saint-Chéron ») tourne le dos aux élégances et aux draperies souples du style antérieur, tel celui du « Maître de Saint-Eustache » dans la nef. De semblables phénomènes peuvent être observés à Paris dans les vitraux provenant de Saint-Germain-des-Prés, puis dans ceux de la Sainte-Chapelle (1242-1248). La miniature fut plus lente à évoluer, même à Paris. Il faut attendre les années 1235-1240 pour voir le rapide abandon du Muldenfaltenstil. Dans ce domaine, un manuscrit exceptionnel et peu connu a une place de choix : la Bible tout en images, dite Bible Maciejowski (New York, Pierpont Morgan Library, ms. M 638) où la réaction contre le « style 1200 » est consommée, au profit de formes énergiques, tracées avec netteté, distribuées avec une lisibilité très grande. C'est à ce même moment, en peinture comme en sculpture, que les premiers signes d'une exagération maniériste apparaissent à Paris, en Champagne, en Angleterre.
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Écrit par
- Louis GRODECKI : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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