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SOLS Microbiologie

Symbioses plantes - micro-organismes

Certains micro-organismes fixateurs d'azote peuvent s'associer symbiotiquement aux plantes vertes ; on en connaît trois groupes : les Rhizobium, bactéries associées aux légumineuses (et aussi au genre tropical Parasponia) ; les Frankia, actinomycètes associés aux plantes actinorhiziennes (par exemple Alnus, Casuarina) ; les cyanobactéries (Nostoc, Anabaena) associées à des plantes supérieures (cycadales) ou à de petites fougères aquatiques (Azolla).

Quel que soit le système considéré, la fixation d'azote est catalysée par un complexe enzymatique connu sous le nom de nitrogénase qui réduit l'azote atmosphérique (azote moléculaire) en ammoniac, cette forme d'azote combiné étant ensuite assimilée par la plante hôte suivant des voies métaboliques bien connues.

L'intérêt majeur des symbioses fixatrices d'azote réside dans le fait qu'elles permettent aux légumineuses et plantes actinorhiziennes de croître normalement dans des sols carencés en azote, sans qu'il soit nécessaire d'apporter des engrais azotés coûteux et souvent source de pollution. Lorsque la fixation d'azote est assez intense et que les exportations d'azote par les récoltes sont réduites, les plantes fixatrices d'azote peuvent enrichir suffisamment les sols en azote pour restaurer leur fertilité.

La première phase de l'établissement de la symbiose entre la légumineuse et la bactérie fixatrice d'azote (Rhizobium) consiste dans l'infection de la racine. Cette infection repose sur un dialogue moléculaire entre la plante hôte et la bactérie : la plante hôte exsude des molécules de flavonoïdes et isoflavonoïdes qui provoquent, chez les gènes de nodulation (gènes nod) de la bactérie, la synthèse et l'excrétion de produits qui stimulent l'infection de la plante et provoquent la formation des structures spécialisées appelées nodules (ou nodosités). La pénétration des Rhizobium se fait par des voies qui diffèrent en fonction des espèces végétales : par les poils absorbants ou par insertion entre les cellules corticales. Les Rhizobium se multiplient dans le nodule en cours de développement et, chez la plupart des espèces, sont relâchés dans le cytoplasme des cellules du nodule. C'est une fois qu'ils sont dans le nodule que les Rhizobium fixent l'azote. Les nodules se forment en général sur les racines, mais ils peuvent aussi apparaître sur les tiges de certaines légumineuses : on les appelle nodules caulinaires ou nodules aériens. Les nodules des légumineuses ligneuses peuvent être pérennes et atteindre 10 centimètres de diamètre.

Dans la famille des légumineuses qui comprend trois sous-familles, les papilionacées, les mimosacées et les césalpiniacées, l'aptitude à former des nodules, et donc à fixer l'azote, n'est pas générale. Elle est très fréquente chez les papilionacées et les mimosacées, mais beaucoup plus rare chez les césalpiniacées. En outre, au sein des espèces fixatrices d'azote, il existe une variabilité inter- et intraspécifique parfois considérable de l'aptitude à fixer l'azote.

Au milieu des années 1990, on connaît plus de deux cents espèces actinorhiziennes réparties dans huit familles. Ce sont presque toujours des espèces ligneuses. Les modalités de nodulation et de fixation d'azote sont comparables, sans être identiques, à ce que l'on connaît chez les légumineuses. Les nodules sont généralement pérennes et peuvent atteindre de grandes dimensions (jusqu'à 50 cm de diamètre chez une casuarinacée, Allocasuarina verticillata). Le potentiel fixateur d'azote peut être aussi élevé que chez les légumineuses (jusqu'à 40 g d'azote fixé par arbre et par an dans les premières années, soit 120 kg par hectare et par an pour une plantation[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au C.N.R.S. ingénieur agronome, ingénieur des Eaux et Forêts

Classification

Pour citer cet article

Yvon DOMMERGUES. SOLS - Microbiologie [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Interaction entre la microflore et les autres composantes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Interaction entre la microflore et les autres composantes

Sols : cycle du carbone - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sols : cycle du carbone

Cycle de l'azote - crédits : Planeta Actimedia S.A.© Encyclopædia Universalis France pour la version française.

Cycle de l'azote

Autres références

  • ABSORPTION VÉGÉTALE

    • Écrit par René HELLER, Jean-Pierre RONA
    • 4 440 mots
    • 6 médias
    Dans la phase liquide, le végétal absorbe les éléments du sol sous forme d'ions : par exemple, pour le potassium (K), ce n'est pas l'élément K qui est utilisé par la plante, mais le cation K+, provenant d'un sel de potassium dissocié dans l'eau (KCl, KNO3—, K2SO42—...
  • ACTINOMYCÈTES

    • Écrit par Hubert A. LECHEVALIER
    • 3 450 mots
    • 4 médias
    La fonction écologique des Actinomycètes au sein des écosystèmes est la décomposition des substances organiques.Les Actinomycètes, fort nombreux dans les sols, se joignent aux autres Bactéries et aux Champignons comme nettoyeurs de la nature et formateurs d' humus. Ils prolifèrent surtout...
  • AFFAISSEMENTS DU SOL

    • Écrit par Pierre DUFFAUT
    • 2 171 mots
    • 1 média

    Pour l'homme, le sol donne l'image même de la stabilité. Ni les modifications locales par érosion ou sédimentation ni les séismes ne mettent en cause cette référence. Alors, quand le sol se dérobe, l'homme est désemparé. Certes, la géologie enseigne que partout le sol monte ou descend – par exemple,...

  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Les grands typesde sol sont étroitement dépendants des composants des roches mères et du climat. Le Maghreb comprend la gamme variée des sols méditerranéens, incluant encroûtements calcaires et sols salins. Dans le désert et les régions arides, les sols sont squelettiques, mais il suffit d'une pluie...
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Voir aussi