ROME ET EMPIRE ROMAINRome et la pensée grecque
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Le rôle joué dans l'histoire de la pensée par la langue latine et, à travers elle, par la civilisation romaine est considérable. De Boèce à Kant, soit pendant près de treize siècles, le latin sera par excellence la langue philosophique de l'Occident chrétien. Mais ce latin, tour à tour classique, patristique et scolastique, et dont la terminologie philosophique actuelle reste encore tributaire, ne véhiculera en apparence que des concepts forgés par la spéculation grecque. Car il n'y a pas de philosophie proprement romaine. Les trois grands penseurs dont on peut créditer la Rome antique – Lucrèce, Cicéron et Sénèque – se rattachent à des écoles philosophiques grecques : Lucrèce est épicurien, Cicéron se réclame de la Nouvelle Académie, Sénèque est stoïcien. Pourtant Lucrèce et Sénèque ont plus fait pour la gloire et l'influence durable de l'épicurisme et du stoïcisme que les écrits – pour la plupart perdus dès la fin de l'Antiquité – de leurs inspirateurs grecs. Et, sans les œuvres philosophiques de Cicéron, on ne saurait presque rien ni de la Nouvelle Académie ni du moyen stoïcisme ni de tant d'autres doctrines hellénistiques, dont son éclectisme a su nous conserver les grandes lignes.
De sept à douze ans environ, l'enfant apprenait à lire, écrire et compter ; jusqu'à seize ans, le grammairien le plongeait dans la lecture des classiques grecs et latins ; enfin, le rhéteur lui inculquait les techniques de l'art oratoire. Témoignage du rayonnement de l'éducation...
Crédits : Erich Lessing/ AKG
Les circonstances de la transmission
Dans l'ordre philosophique, les Romains auront été des traducteurs, avec tout ce que ce mot implique à la fois de dépendance à l'égard de l'original et de recours obligé à des choix, voire à des infléchissements parfois décisifs. C'est la dépendance qui paraît bien dominer jusqu'à l'époque cicéronienne, et ce d'autant plus que, si l'aristocratie romaine s'intéresse dès le iie siècle avant J.-C. à la philosophie grecque, cet intérêt ne se conçoit pas sans la pratique du grec et la fréquentation parfois personnelle des [...]
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Écrit par :
- Pierre AUBENQUE : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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Pour citer l’article
Pierre AUBENQUE, « ROME ET EMPIRE ROMAIN - Rome et la pensée grecque », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 15 janvier 2021. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/rome-et-empire-romain-rome-et-la-pensee-grecque/