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PROTÉASOME

La concentration de chaque protéine dans une cellule est essentiellement constante. Cependant, on sait depuis les années 1950 que ces molécules sont renouvelées en permanence. Au cours du métabolisme cellulaire, elles sont donc synthétisées puis dégradées par des enzymes appelées protéases, qui coupent les liaisons peptidiques des protéines, libérant ainsi des peptides ou des acides aminés (protéolyse). Il existe un grand nombre de tels enzymes, mais il tombe sous le sens que leur action doit être étroitement contrôlée pour éviter le désastre de la nécrose ou de l’autophagie. Jusque vers la fin des années 1960, on pensait que les lysosomes, des vésicules intracellulaires acides, riches en protéases, étaient seuls à assurer cette fonction. Depuis la fin des années 1970, il est établi que la destruction des protéines intracellulaires en excès, modifiées par le vieillissement, ou encore dénaturées ou mal formées (toutes formes susceptibles d’induire une pathologie cellulaire) est assurée par des édifices complexes, les protéasomes, dont l’activité est étroitement contrôlée. Ces édifices sont au centre de la dégradation des protéines par la voie dite de l’ubiquitine, voie majeure de dégradation des protéines dans la cellule. Cette voie implique deux étapes successives distinctes : l'attachement de plusieurs molécules d'ubiquitine à la protéine cible qui la signale au système de destruction, puis la dégradation de cette protéine par un protéasome. L’élucidation de la structure et du fonctionnement des protéasomes a valu le prix Nobel de chimie 2004 aux chercheurs israéliens Aaron Ciechanover et Avram Hershko, et à l’Américain Irwin Rose.

Un cœur catalytique commun : le protéasome 20S

Structure d’un protéasome - crédits : Encyclopædia Universalis France

Structure d’un protéasome

Les protéasomes sont des particules intracellulaires. Ils ont été isolés par centrifugation différentielle. C’est ce qui explique leur spécification, un chiffre, suivi de « S », pour Svedberg, coefficient de sédimentation traduisant la vitesse de déplacement d’une molécule (ou d’une particule) soumise à une accélération. Les protéasomes représentent près de 1 p. 100 des protéines cellulaires et se trouvent chez toutes les cellules eucaryotes. Ils sont localisés dans le cytoplasme, dans le noyau, ou associés au réticulum endoplasmique.

Le protéasome « de base » est le protéasome 20S. Chez certains procaryotes telles les archées, il existe un protéasome 20S simplifié. Le protéasome 20S typique des cellules eucaryotes se présente sous la forme d'un cylindre composé de quatre anneaux empilés. Ces anneaux sont constitués des sous-unités protéiques de masse moléculaire située entre 20 et 35 kilodaltons (kDa). Il est constitué de 14 sous-unités différentes : les deux anneaux externes (α) sont composés de 7 sous-unités α toutes différentes et les deux anneaux internes (β) de 7 sous-unités β toutes différentes. Chacune de ces sous-unités, présente en deux copies par protéasome, occupe une place bien définie pour créer une architecture symétrique de type α17, β17, β17, α17.

L'intérieur du cylindre contient une cavité consistant en trois chambres contiguës et communicantes. La chambre centrale, entourée de deux anneaux β possédant la fonction catalytique, est en contact avec deux antichambres délimitées par un anneau α et un anneau β. Chez les eucaryotes, trois des sept sous-unités β présentent un site actif fonctionnel, respectivement de type chymotrypsine, trypsine et caspase. Ces trois sites actifs coupent les liaisons peptidiques échangées entre acides aminés des protéines. Cette structure de base des protéasomes est fortement conservée au cours de l’évolution et est ubiquitaire chez les eucaryotes.

Le protéasome génère des peptides dont la taille varie de 3 à 22 acides aminés. Une protéine capturée par le protéasome sera entièrement hydrolysée[...]

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Écrit par

  • : professeur des Universités
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Yves BRIAND et Universalis. PROTÉASOME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Structure d’un protéasome - crédits : Encyclopædia Universalis France

Structure d’un protéasome

Différentes formes de protéasomes - crédits : Encyclopædia Universalis France

Différentes formes de protéasomes

Autres références

  • GNF6702, INHIBITEUR DE PROTÉASOMES

    • Écrit par Gabriel GACHELIN
    • 1 995 mots
    • 4 médias

    De nombreux parasites comme certaines amibes, certains trypanosomes et des vers, sont responsables de maladies parasitaires graves chez l’humain et d’autres vertébrés. La plus connue de ces maladies parasitaires est assurément le paludisme. Des efforts considérables en matière de financement,...

  • MALADIES NEURODÉGÉNÉRATIVES

    • Écrit par Nathalie CARTIER-LACAVE, Caroline SEVIN
    • 4 618 mots
    • 2 médias
    ...assurer un contrôle de qualité des protéines synthétisées : des protéines « chaperonnes » sont chargées d'assurer un repliement correct de chaque protéine, le « système UPS » (Ubiquitine-Proteasome System) reconnaît et dégrade les protéines anormales, et le système phagosome-lysosome, par sa fonction d'évacuation...
  • ROSE IRWIN (1926-2015)

    • Écrit par Universalis
    • 418 mots

    Le biochimiste américain Irwin Rose partagea le prix Nobel de chimie en 2004 avec les Israéliens Aaron Ciechanover et Avram Hershko pour leur découverte conjointe du procédé par lequel les cellules de la plupart des organismes vivants éliminent les protéines défectueuses ou trop vieilles. À la...

Voir aussi