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PROCRÉATION

La procréation médicalisée

L'expression « Assistance médicale à la procréation » (A.M.P.) recouvre les pratiques qui visent à concevoir un enfant sans rapport sexuel. Ce contournement des fonctions naturelles permet de pallier des empêchements de la fonction procréatrice chez l'homme ou chez la femme.

Puisque, comme pour tous les mammifères, la fécondation et la grossesse se déroulent dans l'organisme féminin, l'A.M.P. s'est développée dans les deux directions suivantes : l'une est d'apporter la semence de l'homme dans les voies génitales de la femme ( insémination artificielle : I.A.), l'autre est de permettre la rencontre des gamètes (spermatozoïdes et ovule) dans une éprouvette (fécondation in vitro : F.I.V.) dans le but de transplanter l'embryon dans la matrice, c'est-à-dire l'utérus de la future mère (F.I.V. et transfert d'embryon : fivète). Ces méthodes comportent des techniques diverses, et s'adressent à des patients présentant des troubles variés de la fertilité, le plus souvent identifiés. Pourtant, certains actes d'A.M.P., comme l'insémination à l'entrée du col utérin (I.A. cervicale), ne nécessitent pas un savoir-faire médical spécifique et sont parfois réalisés par les patients eux-mêmes. Aussi, et par convention, l'A.M.P. désigne seulement les interventions biomédicales pour obtenir la fécondation sans rapport sexuel, ainsi que les actes spécifiques qui précédent (recueil et préparation des gamètes) ou qui suivent ces interventions (culture, évaluation, congélation, conservation et transfert de l'embryon).

Premier bébé-éprouvette - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Premier bébé-éprouvette

L'A.M.P. est née il y a plus de deux siècles avec les premières I.A. pratiquées vers 1780 en Angleterre et peu après en France. En fait, les médecins venaient de s'emparer d'une technologie utilisée depuis le xive siècle par les Arabes pour sélectionner leurs chevaux. Au xixe siècle, certains praticiens de l'I.A. annonçaient déjà des résultats mirifiques, quoique invraisemblables puisqu'ils ignoraient le moment favorable pour obtenir la fécondation et inséminaient souvent pendant les menstruations. Plutôt que l'incompétence médicale d'alors, c'est l'opposition résolue de l'Église catholique qui empêchera la diffusion, et l'éventuel progrès, de la technique d'I.A. C'est peut-être aussi l'insuffisance de véritables indications médicales pour l'I.A. vaginale qui freinera ce développement, tant il est rare qu'un homme ne réussisse pas à déposer sa semence dans le vagin conjugal sans l'aide d'un médecin... Avec la possibilité de conserver le sperme à l'état congelé apparurent, après la Seconde Guerre mondiale, des perspectives nouvelles pour l'I.A. Des banques de sperme se créèrent dans les années 1960 aux États-Unis et au Japon, puis à partir de 1973 en France. C'est à cette époque qu'en Grande-Bretagne le biologiste Robert Edwards obtint pour la première fois la fécondation de l'ovule humain en laboratoire (F.I.V.), avant de faire naître en 1978 Louise Brown, le premier bébé conçu par fivète.

L'insémination artificielle (I.A.)

L'insémination artificielle consiste à déposer des spermatozoïdes à l'entrée du canal cervical ou dans la cavité utérine, ou encore dans la trompe ou même la cavité péritonéale. Ces spermatozoïdes peuvent provenir du conjoint de la patiente inséminée (I.A. avec sperme du conjoint : I.A.C.) ou d'un donneur volontaire (I.A. avec sperme de donneur : I.A.D.).

L'I.A.C. est surtout proposée à des couples inféconds quand les spermatozoïdes sont en quantité insuffisante ou de mobilité réduite, ou majoritairement de formes anormales. Outre l'examen direct du sperme (spermogramme, spermocytogramme), c'est l'absence de spermatozoïdes dans la sécrétion[...]

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Pour citer cet article

Bernard JAMAIN, Paul-François LEROLLE, Yves MALINAS et Jacques TESTART. PROCRÉATION [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Principales méthodes de contraception - crédits : Encyclopædia Universalis France

Principales méthodes de contraception

Œuf humain de 7 jours - crédits : Encyclopædia Universalis France

Œuf humain de 7 jours

Embryon humain : quatorzième jour - crédits : Encyclopædia Universalis France

Embryon humain : quatorzième jour

Autres références

  • ASSISTANCE MÉDICALE À LA PROCRÉATION (AMP) ou PROCRÉATION MÉDICALEMENT ASSISTÉE (PMA)

    • Écrit par René FRYDMAN
    • 7 692 mots
    • 5 médias

    Les causes de faible fertilité sont nombreuses. Les façons de les traiter le sont également. L’assistance médicale à la procréation (A.M.P.), expression préférable à celle plus courante de procréation médicalement assistée (P.M.A.), est relativement récente. La première naissance après fécondation...

  • ÉDITION DU GÉNOME HUMAIN

    • Écrit par Jean-Hugues DÉCHAUX
    • 6 491 mots
    • 2 médias
    Ce raisonnement repose sur ce qu’on peut appeler un utilitarisme procréatif : la sélection anténatale au moyen de l’édition du génome germinal serait une bonne chose parce qu’elle permet de gagner des vies humaines et de rendre l’existence plus heureuse. Épargner à l’enfant une grave maladie transmise...
  • GODELIER MAURICE (1934- )

    • Écrit par Laurent BERGER
    • 2 424 mots
    ...l’origine de la vie des êtres humains et de leurs substances corporelles, telles que le lait maternel. En dépréciant ainsi la contribution des femmes à la procréation par le transfert ritualisé du pouvoir imaginaire de l’engendrement aux hommes initiés, sous la supervision des clans conquérants dépositaires...
  • MASCULIN / FÉMININ (F. Héritier)

    • Écrit par Mona CHOLLET
    • 1 007 mots

    « Pour quelles raisons l'humanité en son entier a-t-elle développé des systèmes de pensée valorisant le masculin et dévalorisant le féminin, et traduit ces systèmes de pensée en actions et en situations de fait ? » Ou, autrement dit, comment, du constat irréfutable d'une différence, déduit-on une...

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Voir aussi