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GERMANO-POLONAISE PLAINE

Géographie

Morphologie

Si l'on néglige la glaciation antérieure de l'Elster, on peut distinguer très grossièrement deux grandes périodes de glaciation, marquées par des avancées notables de la calotte : celle de la Saale, correspondant à la troisième glaciation alpine ou Riss, et celle de la Vistule (en allemand, Weichsel), contemporaine du Würm alpin. La première s'avance plus loin vers le sud, mais ses marques ont été en grande partie altérées ou effacées. La seconde, plus récente, s'avance moins loin vers le sud, mais elle a laissé des traces beaucoup plus nettes, plus fraîches et donc beaucoup moins remaniées, et elle est marquée par d'importants stades d'arrêt ou de légère progression, successivement du sud au nord : de Brandebourg, de Francfort-sur-Oder ou Poznan, de Poméranie.

On distingue aussi plusieurs types de morphologie glaciaire. La zone limite méridionale des blocs erratiques anciens, du Rhin aux Beskides, touche au pied des massifs hercyniens où les formes glaciaires sont très réduites ; les arcs morainiques, externes (les plus anciens) et internes (les plus récents), y offrent deux paysages : celui de la moraine de fond, avec sa topographie caractéristique de drumlins et d'œsars ; celui des moraines terminales dissymétriques et des collines morainiques formant les « croupes baltiques ». Une seconde catégorie de formes relève des complexes fluvio-glaciaires : plaines de sandr, terrasses climatiques, formes de dissection des moraines dues au ruissellement... Une troisième famille comprend les formes péri- et postglaciaires de remaniement, résultant soit des processus liés au maintien du pergélisol (façonnement par solifluxion du modelé des versants et engorgement des fonds de vallées), soit des mécanismes d'accumulation et de déflation d'origine éolienne (dépôts sableux, dunes, lœss).

Hydrographie

L'histoire de la formation du réseau hydrographique se lit encore clairement dans les traits majeurs du réseau actuel, formé de deux types de tronçons. Les troncs longitudinaux, larges chenaux parallèles aux différents fronts de l'inlandsis, recueillaient et évacuaient les eaux de fusion en direction du nord-ouest, entre la Hollande et le Jutland : les Allemands les appellent Urstromtäler, les Polonais pradoliny (vallées primitives). Ils forment les cours transversaux des fleuves se jetant dans la mer du Nord et la Baltique (sillons Wroclaw-Magdebourg-Brême et Varsovie-Berlin-Hambourg) : les uns sont empruntés par un cours d'eau, les autres ont été occupés par des lacs formant des chapelets ou convertis en marais. Les troncs transversaux, grossièrement perpendiculaires aux premiers, ont remembré le réseau initial, en dirigeant l'ensemble des eaux, à travers les arcs morainiques, vers l'inlandsis en recul ; les vallées inférieures, ennoyées par les récentes transgressions et en voie de comblement, constituent de profonds estuaires (l'Elbe) ou des golfes, appelés Föhrde, précédés de cordons dunaires dans la mer du Nord ou débouchant sur le littoral baltique, sur des baies (Haffen) barrées de flèches (Nehrungen). La disposition de ce réseau explique non seulement le site des grands ports maritimes, mais aussi le creusement de canaux empruntant les vallées primitives et reliant ainsi les branches transversales : le Mittellandkanal en Allemagne ; le canal du Notec à la Vistule en Pologne.

Occupation du sol

Après chaque retrait de la calotte se développent des associations végétales et des chaînes de sols en rapport avec les variations climatiques (toundra, steppe, forêt, marais, etc.). L'étude fine de la pédologie et des mutations végétales depuis des millénaires a permis de reconstituer la genèse des milieux naturels offrant des conditions variées à l'occupation et à l'utilisation du sol, donc au défrichement. On oppose les terres noires, sur les lœss de la[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Nanterre, journaliste scientifique
  • : professeur émérite à l'université de Paris-Sud

Classification

Pour citer cet article

André BLANC et François ELLENBERGER. GERMANO-POLONAISE PLAINE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALLEMAGNE (Géographie) - Aspects naturels et héritages

    • Écrit par François REITEL
    • 8 281 mots
    • 6 médias
    La plaine, dans son ensemble, est marquée par les glaciations quaternaires : le sous-sol est riche en sel, potasse, gaz et pétrole. L'inlandsis scandinave a recouvert pratiquement toute la plaine. On distingue trois phases glaciaires : l'Elster (Mindel), la Saale (Riss), la Vistule (Würm)....
  • BELGIQUE - Géographie

    • Écrit par Christian VANDERMOTTEN
    • 6 705 mots
    • 6 médias
    Les altitudes sont le plus souvent au-dessous de 50 mètres dans le nord du pays.C'est l'extrémité de la plaine germano-polonaise et du bassin de la mer du Nord. Les sédiments cénozoïques recouvrent un socle paléozoïque qui s'enfonce rapidement vers le nord (il est à –1 000 mètres à la...
  • BÖRDE

    • Écrit par Pierre RIQUET
    • 201 mots

    Mot dérivé du vieil allemand bören (porter, rapporter) appliqué primitivement au territoire fiscal d'une église ou d'une ville, plus particulièrement au riche pays agricole de Magdebourg. La fertilité de la région tient à l'épandage de lœss d'origine éolienne à l'ère quaternaire, quand...

  • ELBE

    • Écrit par Pierre RIQUET
    • 619 mots

    Mis à part le Rhin, qui a une origine alpestre, l'Elbe (en tchèque le Labe) est le plus important des fleuves d'Europe centrale coulant des massifs hercyniens en direction de la mer du Nord, ou de la Baltique, à travers la grande plaine germano-polonaise (Ems, Weser, Elbe, Oder...

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Voir aussi