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LAPLACE PIERRE SIMON DE (1749-1827)

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La physique mathématique

Ce maître, cependant, avait en définitive plus de goût pour la spéculation abstraite que pour la besogne expérimentale, et, dans la dernière décennie de sa brillante carrière, il s'est consacré à développer les ressources de l'analyse mathématique, non plus à la critique des données sur lesquelles le physicien doit travailler, mais à la recherche de grandes formulations théoriques suggérées par les équations de la mécanique analytique de Lagrange. Que ce soit en effet au point de vue des lois d'extremum de variation lorsque l'on assigne un même état initial et un même état final, ou au point de vue des lois de transmission entre états et positions voisines, il est certain que la mécanique offrait déjà des types d'expression analytique susceptibles de s'étendre à d'autres phénomènes. Le génie de Laplace a été de s'avancer hardiment dans cette extension en postulant que le formalisme mathématique de la mécanique est apte à fonder la topologie de base des grandeurs physiques, même lorsque les fonctions imaginées pour représenter ces grandeurs demeurent mal définies.

C'est ainsi que les derniers livres de la Mécanique céleste, publiés jusqu'en 1825, sont, en réalité, les chapitres d'une nouvelle physique théorique grâce auxquels la science française a été présente dans les orientations qui apparaissaient principalement en Allemagne. Mais leur influence n'a pas eu que d'heureux effets. En attachant son autorité à la constance du rapport des chaleurs spécifiques des gaz (à pression et à volume constants) intervenant dans l'expression analytique de la vitesse du son, Laplace a contribué à l'incompréhension de l'œuvre de Sadi Carnot et retardé la genèse des principes de la thermodynamique. L'exemple, quelle que soit son importance historique, n'enlève rien, cependant, à l'excellence d'un projet qui consistait à mettre l'analyse fonctionnelle au service de la physique, et que les développements ultérieurs ont favorablement sanctionné. Ce projet devançait simplement de manière trop sensible la situation des connaissances expérimentales pour avoir quelque chance de donner immédiatement des résultats satisfaisants.

— Pierre COSTABEL

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Pierre COSTABEL. LAPLACE PIERRE SIMON DE (1749-1827) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Le complexe des anneaux de Saturne vu par Voyager-1  - crédits : Courtesy NASA / Jet Propulsion Laboratory

Le complexe des anneaux de Saturne vu par Voyager-1 

Autres références

  • THÉORIE ANALYTIQUE DES PROBABILITÉS (P. S. de Laplace)

    • Écrit par et
    • 359 mots

    La Théorie analytique des probabilités, commencé en 1795, publié en 1812 et réédité deux fois du vivant de l'auteur, Pierre Simon de Laplace (1749-1827), représente la pierre angulaire de l'œuvre de celui-ci.

    Ce traité répond parfaitement à son titre. Il définit de manière précise...

  • ASYMPTOTIQUES CALCULS

    • Écrit par et
    • 6 250 mots
    • 1 média
    ...un nombre arbitrairement grand de termes, cela n'entraîne nullement que la série correspondante converge, comme le montre l'exemple suivant, étudié par Laplace. Considérons la fonction :
    (à une constante près, c'est la fonction « exponentielle-intégrale ») ; par intégration successive par parties, on...
  • DELAMBRE JEAN-BAPTISTE (1749-1822)

    • Écrit par
    • 1 054 mots
    • 1 média
    À partir de 1791, il utilise le travail théorique de Pierre Simon de Laplace (1749-1827) pour publier les éphémérides du Soleil (jusqu’en 1862), de Jupiter et de Saturne (jusqu’en 1832) dans la Connaissance des temps, édition officielle des éphémérides françaises établie par le Bureau des...
  • DESCRIPTION ET EXPLICATION

    • Écrit par
    • 9 388 mots
    • 1 média
    ...problème de l'origine de l'ordre ne se pose pas. Les penseurs qui veulent éviter de recourir à un architecte divin ne peuvent éviter de poser le problème. Laplace, qui estime que l'univers globalement est semblable à la petite partie que nous en apercevons, se borne à considérer la formation du système...
  • DÉTERMINISME

    • Écrit par et
    • 9 713 mots
    Cette propriété avait déjà trouvé chez Laplace une formulation célèbre, bien que Laplace, strictement newtonien dans sa philosophie naturelle, n'emploie pas, et pour cause à cette date, le terme de déterminisme : « Nous devons envisager l'état présent de l'univers comme l'effet de son état antérieur...
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