CORNEILLE PIERRE
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Corneille et le genre tragique
Corneille était certainement convaincu de l'excellence de la tragédie régulière ; son théâtre a marqué un moment dans le triomphe progressif des règles. On n'en trouve pas moins chez lui, de façon latente, une résistance à la régularisation du poème tragique. Il hésitait, à ses débuts, entre le goût moderne et la discipline des doctes. Le Cid est une tragi-comédie médiocrement régulière ; mais, même dans ses tragédies les plus achevées, Cinna, Polyeucte, les critiques ont constaté une imparfaite conformité aux préceptes des théoriciens. Un des plus en vue parmi ces théoriciens, l'abbé d'Aubignac, avait déjà publié, en 1657, sa Pratique du théâtre, quand Corneille fit paraître, en 1660, ses trois discours : De l'utilité et des parties du poème dramatique ; De la tragédie et des moyens de la traiter selon le vraisemblable et le nécessaire ; Des trois unités. Sans contredire dans leur ensemble les vues d'Aristote, telles que les interprétaient ses commentateurs modernes, il les discute plus d'une fois, en homme qui a peine à concilier son génie propre avec les doctrines officielles. Ainsi, il soutient que la fin première du poème dramatique est le plaisir, se donnant par là le droit d'inventer et de créer hors de l'emprise des règles. Cette affirmation, qui revient plus d'une fois dans ses écrits, est bien naturelle chez un auteur ; Racine, plus régulier que lui, et, dans un autre domaine, Molière diront la même chose. En art, l'effet importe évidemment plus que le précepte ; les écrivains, en acceptant la loi des doctes, ont toujours réservé leur privilège de créateurs. Mais, plus précisément, Corneille est grand expérimentateur de formes dramatiques. Outre l'originalité, constamment renouvelée, de ses créations dans la comédie, la tragi-comédie et la tragédie pure, il a écrit des « comédies héroïques », qui annoncent le drame moderne, comme Don Sanche et Pulchérie, des pièces à machines, qui annoncent l'opéra, comme An [...]
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Écrit par :
- Paul BÉNICHOU : ancien élève de l'École normale supérieure, professeur honoraire de littérature française à l'université Harvard
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« CORNEILLE PIERRE (1606-1684) » est également traité dans :
CORNEILLE PIERRE - (repères chronologiques)
6 juin 1606 Naissance de Pierre Corneille à Rouen.1615-1622 Corneille fait ses études au collège des jésuites de Rouen, où il s'initie au théâtre.1629 Mélite, première œuvre dramatique de Corneille. C'est une « pièce comique ».1634 […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/corneille-reperes-chronologiques/
LE CID, Pierre Corneille - Fiche de lecture
D'abord joué en janvier 1637 sous la bannière de la tragi-comédie, Le Cid de Pierre Corneille (1606-1684) connaît immédiatement un grand succès au théâtre du Marais. La « Querelle du Cid » s'ouvre quelques semaines après la première représentation, en avril 1637, avec les Observations sur « Le C […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/le-cid-pierre-corneille/#i_9919
CINNA, Pierre Corneille - Fiche de lecture
Après la querelle du Cid (1637) et un silence de trois années, Corneille (1606-1684) composa coup sur coup Horace et Cinna (dont les premières représentations eurent lieu en 1640 ou 1641), deux pièces romaines à fin heureuse. Il ne fit éditer Cinna qu'en 1642, pour éviter qu'elle ne tombe trop vite dans le domaine publ […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/cinna/#i_9919
HORACE, Pierre Corneille - Fiche de lecture
On a coutume de lire Horace (joué en 1640 au théâtre du Marais, publié en 1641) et Cinna (probablement jouée en 1641 au théâtre du Marais, et publiée en 1643) comme des tragédies idéalisantes où se met en place un équilibre dramaturgique. L'ambition y est guidée par la volonté dans une voie vertueuse, vers une soif de gloire aristocratique jugulée par un gou […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/horace-pierre-corneille/#i_9919
L'ILLUSION COMIQUE, Pierre Corneille - Fiche de lecture
Comment défendre le théâtre et les comédiens au moyen du théâtre ? Comment, lorsqu'on est Pierre Corneille (1606-1684), poète dramatique de bientôt trente ans, déjà assez connu à Paris, auteur d'une tragi-comédie (Clitandre, 1631), de quatre comédies (Mélite, 1629-1630 ; La Veuve, 1632 ; La Galerie du p […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/l-illusion-comique/#i_9919
POLYEUCTE MARTYR, Pierre Corneille - Fiche de lecture
Créé au théâtre du Marais en 1643, Polyeucte martyr est la première tragédie chrétienne de Pierre Corneille (1606-1684). Suivra Théodore, vierge et martyre, la seconde et dernière, en 1646. Le genre de la tragédie de saints et de martyrs, dans les années 1640, donne lie […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/polyeucte-martyr/#i_9919
SURÉNA, Pierre Corneille - Fiche de lecture
Dernière tragédie de Corneille (1606-1684), Suréna (1674) ne connut pas le succès à son époque : on ne voulut pas l'entendre et l'on croyait l'auteur trop vieux et dépassé. Pourtant, cette tragédie, longtemps oubliée, passe depuis peu pour un chef-d'œuvre. […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/surena-pierre-corneille/#i_9919
TROIS DISCOURS SUR LE POÈME DRAMATIQUE, Pierre Corneille - Fiche de lecture
Pierre Corneille (1606-1684) est peut-être le premier, en France, à se distinguer clairement de l'auteur employé-au-texte comme de l'auteur chef de troupe : il devient en effet l'« auteur dramatique » et, pour ce faire, établit sa légitimité sur plusieurs fronts. Pour s'affranchir du pouvoir des comédiens, il p […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/trois-discours-sur-le-poeme-dramatique/#i_9919
AUBIGNAC FRANÇOIS HÉDELIN abbé d' (1604-1676)
L'un de ces abbés qui tiennent tant de place dans l'histoire de la littérature — et des théories littéraires — au xvii e siècle. Il a été prédicateur, romancier, dramaturge, poète, mais il a surtout voulu être, quant à lui, le législateur du théâtre. En 1640, une querelle l'oppose à Ménage à propos de la durée de l' Heautontimoroumenos de Térence, querelle de prestige en quelque sorte, qui doit […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/francois-aubignac/#i_9919
GENRES DRAMATIQUES
Dans le chapitre « Une distinction première » : […] Cet horizon d'attente est particulièrement prégnant dans les genres dramatiques, en raison de la distinction fondatrice entre la comédie et la tragédie. Dans sa Poétique (env. 340 av. J.-C.), Aristote pose en effet une bipartition entre deux genres, selon le type d'action et de personnages qu'ils imitent. La tragédie représente en effet une action noble, où les personnages sont généralement de ha […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/genres-dramatiques/#i_9919
CID LE
Dans le chapitre « Le Cid du théâtre et de la légende » : […] Dès le début du xvii e siècle, l'Espagne recueille sa foi, ses croyances et sa culture dans le creuset de la comedia, un nouveau genre littéraire. Le romancero du Cid fournit maints sujets aux dramaturges, sûrs à l'avance de gagner ainsi la ferveur du peuple et ses applaudissements. Lope de Vega, créateur de la nouvelle formule littéraire, dédie en 1619 Les Créneaux de la cité de Toro , où appara […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/cid-le/#i_9919
CLÉMENCE, littérature
Décidant en dernier recours du sort d'un condamné, le prince a toujours la partie belle ; s'il laisse faire son office au bourreau, on s'incline devant sa justice et on célèbre son obéissance, peut-être douloureuse, au devoir et à la raison d'État ; s'il fait grâce, on soupçonne parfois avec admiration une arrière-pensée de profond politique et on célèbre sa magnanimité ou son humanité. L'apparent […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/clemence-litterature/#i_9919
COMÉDIE
Dans le chapitre « L'entrée en littérature » : […] Mais, aux alentours de 1630, voici que l'évolution se précipite soudain. L'aristocratie commence à se policer et à s'intéresser aux débats littéraires et philosophiques ; les femmes prennent une place de plus en plus importante dans la société ; des salles de théâtre se créent, encore mal équipées, mais animées par des troupes de premier ordre qui s'y fixent en permanence. Les nouveaux théoriciens […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/comedie/#i_9919
CORNEILLE THOMAS (1625-1709)
À la fois bénéficiaire et victime de la gloire de son « grand » frère, Thomas Corneille s'applique, semble-t-il, à le suivre en tout point, de loin, avec vénération et, plus encore, avec une indéfectible et chaude affection, d'ailleurs réciproque. Né à Rouen, dix-neuf ans après lui, il étudie le droit comme lui, pour se tourner aussitôt vers le théâtre en commençant par composer des comédies imité […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/thomas-corneille/#i_9919
IMBROGLIO
Mot d'origine italienne qui n'est guère attesté en France qu'à la fin du xvii e siècle. Il signifie « embrouille » et il semble surtout employé pour désigner certaines pièces de théâtre dont l'intrigue est d'une particulière complexité. Le plaisir du public consiste à résoudre l'énigme, au terme de nombreux épisodes plaisants. On trouve des exemples de ces pièces « embrouillées » chez les auteurs […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/imbroglio/#i_9919
FRANÇAISE LITTÉRATURE, XVIIe s.
Dans le chapitre « La tragédie » : […] Le symbole de cette mise aux normes, c’est la célèbre querelle que l’Académie française, fondée par Richelieu en 1635 pour composer un dictionnaire et formuler une poétique, déclenche l’année suivante contre Le Cid , au nom des principes esthétiques nouveaux. Ceux-ci avaient été définis peu auparavant par un de ses membres, Chapelain , auteur d’une Lett re sur la règle des vingt-quatre heure s […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/litterature-francaise-xviie-s/#i_9919
PRÉCIOSITÉ
Dans le chapitre « Le vrai visage de la préciosité » : […] En réalité, la préciosité a revêtu des aspects beaucoup plus complexes. Elle n'est pas cet esprit superficiel et léger qu'on lui attribue d'ordinaire. Frivole parfois, attirée par des riens galants tels qu'on en trouve dans les Poésies de Voiture, les Recueils manuscrits de Valentin Conrart, ceux de Charles de Sercy, elle ne se cristallise pas seulement dans quelques jeux gratuits des ruelles, co […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/preciosite/#i_9919
TRAGÉDIE
Dans le chapitre « Genèse et évolution » : […] Quand l'essentiel du théâtre sérieux était représenté en France par les mystères et les moralités, le terme même de tragédie n'évoquait pas autre chose que le récit, sous quelque forme littéraire que ce fût, d' histoires tragiques , consacrées au meurtre, au viol, aux horreurs de la guerre. La tragédie française est née vers 1550 de la conjonction de plusieurs influences : théâtre scolaire néo-la […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/tragedie/#i_9919
RUIZ DE ALARCÓN JUAN (1580 env.-1639)
Dans le chapitre « L'œuvre » : […] L'œuvre est brève : vingt comedias , publiées en deux tomes (huit en 1628, douze en 1634). Las Paredes oyen ( Les murs ont des oreilles ), où l'auteur se met lui-même en scène, dénonce le défaut de la médisance ; La Prueba de las promesas ( L'Épreuve des promesses ), inspirée d'un conte du Conde Lucanor de l'infant don Juan Manuel et dont la construction dramatique très originale juxtapose le tem […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/juan-ruiz-de-alarcon/#i_9919
SCUDÉRY GEORGES DE (1601-1667)
Il n'est pas seulement le frère (et le collaborateur) de Madeleine, ou le matamore des lettres qu'on s'est plu à ridiculiser : c'est aussi un poète et un dramaturge apprécié de ses contemporains. Il quitte en 1630 une carrière militaire illustrée par cette retraite au pas de Suse qu'il vantera toute sa vie comme un exploit (sans être d'ailleurs, semble-t-il, démenti à l'époque), pour se fixer à Pa […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/georges-de-scudery/#i_9919
THÉÂTRE OCCIDENTAL - Histoire
Dans le chapitre « Le classicisme français » : […] Le classicisme apparaît, à sa date, comme un réveil tardif de la poussée vitale qui avait produit la comedia , la commedia dell'arte et le drame élisabéthain. Seulement, au baroque triomphant dans ces trois écoles il oppose un parti pris de stricte économie des moyens. Si cette volonté n'a pas été stérilisante, c'est principalement grâce à l'étonnante conjonction, en un demi-siècle, de trois des […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/theatre-occidental-histoire/#i_9919
THÉÂTRE OCCIDENTAL - La dramaturgie
Dans le chapitre « Espace de sociabilité et illusion discontinue » : […] Si l'on souhaite comprendre la dramaturgie d'un genre, ou du théâtre à une époque donnée, on ne peut s'en tenir au texte publié, ni à sa lecture, si complexe soit-elle. Il faut aussi considérer la scène et, plus largement, la séance durant laquelle les spectateurs et les comédiens se rencontrent. C'est en effet à la manifestation d'un ensemble particulier que participent le parterre mouvant, les […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/theatre-occidental-la-dramaturgie/#i_9919
THÉÂTRE OCCIDENTAL - L'interprétation des classiques
Dans le chapitre « Corneille, enjeu majeur » : […] C'est autour de la figure de Corneille que se sont concentrés les enjeux majeurs en matière de répertoire classique, avant même d'entraîner les auteurs baroques, puis Racine, dans son sillage. Depuis les premiers festivals d'Avignon, et grâce à Vilar, les comédies de Corneille sont régulièrement revisitées alors que, parallèlement, la critique littéraire des années 1960-1970 insiste sur la premièr […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/theatre-occidental-l-interpretation-des-classiques/#i_9919
UNITÉS RÈGLE DES TROIS, histoire littéraire
Observées dans certaines tragédies du xvi e siècle, les unités d'action, de temps et de lieu sont posées comme règle par Jean de La Taille (1572), sous l'influence de la Poétique de Castelvetro (1570), qui emprunte les deux premières à Aristote. Mais le théâtre baroque fait triompher l'irrégularité dans la tragi-comédie, la pastorale et même la tragédie. En 1629-1630, Jean Mairet, imitant les pa […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/regle-des-trois-unites-histoire-litteraire/#i_9919
VERTU
Dans le chapitre « Agonistique de la vertu » : […] Dans l'éthique évangélique, il semble au contraire que la véritable vertu soit à décrypter sous une apparence grossière. D'une façon déconcertante, rien de la précellence et de la majesté temporelle ne doit se refléter dans les figures féminines par lesquelles un Giotto a représenté les vertus. Massives et vulgaires, elles sont plus proches de puissantes ménagères que de ces gracieuses silhouettes […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/vertu/#i_9919
VRAISEMBLABLE, esthétique
La règle de la vraisemblance — l'une des plus importantes et des plus générales de la doctrine classique — trouve sa source dans la Poétique d'Aristote : « Il est évident que l'œuvre du poète n'est pas de dire ce qui est arrivé, mais ce qui aurait pu arriver, ce qui était possible selon la nécessité ou la vraisemblance. » Le vrai est l'objet de l'historien, le possible, celui du poète (c'est-à-di […] Lire la suite☛ http://www.universalis.fr/encyclopedie/vraisemblable-esthetique/#i_9919
Voir aussi
Pour citer l’article
Paul BÉNICHOU, « CORNEILLE PIERRE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 06 décembre 2019. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/pierre-corneille/