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PARMÉNIDE (VIe-Ve s. av. J.-C.)

Le discours de l'Être

Seule reste ouverte la route sur le mode : (Il) est, ou Être est. La langue grecque ne rend pas nécessaire de nommer le sujet positif de la proposition. En revanche, il est bien nécessaire de nommer pour le nier le sujet de la proposition négative : Non-Être n'est pas. Il est important de le remarquer, car Parménide passe pour avoir le premier nommé significativement l'Être dans un discours philosophique. À vrai dire, le Non-être s'y trouve nommé avant l'Être, lequel surgit comme le nom à mettre à la place du sujet sous-entendu de (Il) est. L'accent de force est à mettre sur le verbe plutôt que sur le nom. On est d'ailleurs encore loin d'avoir thématisé clairement le double sens impliqué par le verbe être, lequel dit la chose au sens que, tout simplement, elle existe, et au sens qu'elle demeure identique à soi-même : ce qu'on appellera plus tard son existence et son essence ; plus un emploi simplement copulatif. On est également loin d'avoir thématisé clairement une philosophie du temps qui distinguerait nommément l'éternel présent de la durée à perpétuité. C'est le charme de ce poème abstrait que d'être gros de difficultés entr'aperçues et non encore résolues.

(Il) est appelle une suite nombrable de marques ou de signes qui « marchent avec », et qu'on appellera plus tard ses attributs : non-né, indestructible, tout d'une seule masse, inébranlable, non-à-terminer, tout entier tout à la fois présent, un et d'un seul tenant. Le développement aligne les marques en les commentant les unes à la suite des autres ; et en les enchaînant, de telle façon qu'on sente la contrainte qui les lie ; ou par un raisonnement dont la structure élémentaire pourrait avoir été imitée de modèles mathématiques pythagoriciens ; ou en scandant le poème par l'appel répété à la trinité des déesses aux liens, Dikè, Anankè, Moira. Le tout se referme sur soi-même dans l'image de la sphère parfaite, et de partout également balancée.

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Écrit par

  • : professeur honoraire à l'université de Paris, ancien professeur à l'université de Paris-X-Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Clémence RAMNOUX. PARMÉNIDE (VIe-Ve s. av. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Parménide - Élée (Italie) - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Parménide - Élée (Italie)

Autres références

  • POÈME, Parménide - Fiche de lecture

    • Écrit par Francis WYBRANDS
    • 788 mots

    Les difficultés liées à l'interprétation des 155 hexamètres qui nous sont parvenus du Poème de Parménide d'Élée (— 500 env.-— 440), intitulé aussi De la nature, conjuguent à la fois les problèmes liés à la philologie et les questions propres à la philosophie. «...

  • ÂGE DE LA TERRE

    • Écrit par Pascal RICHET
    • 5 143 mots
    • 5 médias
    ...création temporelle, ses formations et destructions périodiques, toutes les écoles grecques postulaient que la matière était éternelle. Très précocement, Parménide d’Élée (~vie-ve s. av. J.-C.) avait ainsi affirmé que « l’être est en effet, mais le néantnest pas », en accord avec Démocrite...
  • ANTIQUITÉ - Naissance de la philosophie

    • Écrit par Pierre AUBENQUE
    • 11 137 mots
    • 8 médias
    ...également en Italie méridionale, à Élée, que devait vivre et enseigner un philosophe dont Platon dira qu'il est le véritable « père » de la philosophie : Parménide (env. 500-440). S'élevant d'emblée au-dessus de l'expérience, il pose le principe hors duquel, selon lui, il n'est point de salut pour la pensée...
  • ASTRONOMIE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 11 339 mots
    • 20 médias
    ...brillera pendant plus de deux siècles. Pour Pythagore et ses disciples, le nombre règle tout : art, musique et science. Ce besoin d'harmonie mystique conduit Parménide (515 env.-après 440 av. J.-C.) à supposer la Terre sphérique, car la sphère « est le volume le plus parfait ». Ce n'est cependant que plus tard...
  • CASSIN BARBARA (1947- )

    • Écrit par Jean-Baptiste GOURINAT
    • 995 mots
    • 1 média
    ...présence de Heidegger. L’empreinte de la pensée de celui-ci sur sa propre pensée se retrouve dans son intérêt pour l’ontologie, la « langue de l’être » de Parménide, qu’elle traduira (Sur la nature ou sur l’étant, 1998), et pour Aristote, dont elle a commenté le livre gammade la Métaphysique avec...
  • Afficher les 22 références

Voir aussi