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CASSIN BARBARA (1947- )

Barbara Cassin - crédits : Hannah Assouline/ Opale/ Leemage

Barbara Cassin

Philosophe qui travaille sur le pouvoir du langage, Barbara Cassin est une spécialiste de la philosophie antique, et notamment des présocratiques, de la sophistique et d’Aristote. Elle s’est fait connaître d’un public plus large par ses travaux sur la traduction. Ce parcours, tout entier consacré à l’étude de ce que peut la langue, l’a amenée à être élue à l’Académie française le 3 mai 2018. Le 27 septembre de la même année, elle a également reçu la médaille d’or du CNRS.

L’aventure de la traduction

Née le 24 octobre 1947 à Boulogne-Billancourt, elle est d’abord l’élève des philosophes Michel Deguy et Jean Beaufret, qui ont grandement contribué à l’introduction de la pensée de Martin Heidegger en France. Grâce à Jean Beaufret, elle participe au mythique séminaire du Thor, près de L’Isle-sur-la-Sorgue, qui se tint chez René Char en 1969, en présence de Heidegger. L’empreinte de la pensée de celui-ci sur sa propre pensée se retrouve dans son intérêt pour l’ontologie, la « langue de l’être » de Parménide, qu’elle traduira (Sur la nature ou sur l’étant, 1998), et pour Aristote, dont elle a commenté le livre gammade la Métaphysique avec Michel Narcy. En même temps, elle n’aura de cesse de se déprendre de l’ontologie, comprise comme pure langue de l’être, pour réhabiliter ce qu’elle appelle une « logologie ». Celle-ci conduit à voir dans l’être un effet du dire, au contraire de l’ontologie, dans laquelle le langage ne fait que penser ce qui est.

À l’université Lille-III, Barbara Cassin est formée à la philosophie grecque et à la philologie par Jean Bollack, sous la direction de qui elle rédige une thèse qui sera publiée sous le titre Si Parménide. (1980)

D’abord pédagogue pour enfants psychotiques puis professeure de lycée, elle est recrutée en 1984 au CNRS, au Centre Léon-Robin, spécialisé dans les recherches sur la pensée antique, qui est alors dirigé par Pierre Aubenque et qu’elle dirigera à son tour de 2006 à 2009. Elle travaille parallèlement au Collège international de philosophie, dont elle est la présidente en 2011.

C’est sans doute par ses travaux sur la traduction, notamment le Vocabulaire européen des philosophies. Dictionnaire des intraduisibles (2004) et l’exposition intitulée Après Babel, traduire, dont elle a été la commissaire au MuCEM, à Marseille en 2016-2017, que Barbara Cassin s’est fait connaître d’un large public, dépassant le cercle érudit des spécialistes de philosophie antique. Ces deux entreprises ont marqué l’aboutissement logique de ses recherches.

Philosophiquement, ses travaux se situent au croisement – fécond et inattendu – de la philosophie heideggérienne et de la notion de performatif, adaptée de la philosophie analytique du philosophe américain J. L. Austin, qu’elle intégrera dans la réflexion de sa maturité, notamment dans le volume, coédité avec Carlos Lévy, Genèses de l’acte de parole dans le monde grec, romain et médiéval (2011).

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Pour citer cet article

Jean-Baptiste GOURINAT. CASSIN BARBARA (1947- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Barbara Cassin - crédits : Hannah Assouline/ Opale/ Leemage

Barbara Cassin

Autres références

  • VOCABULAIRE EUROPÉEN DES PHILOSOPHIES (dir. B. Cassin)

    • Écrit par François TRÉMOLIÈRES
    • 991 mots

    Il n'est pas facile de présenter brièvement ce monumental Vocabulaire européen des philosophies dirigé par Barbara Cassin, et coédité par le Seuil et Le Robert (2004) : plus de 1 500 pages ; 400 entrées rassemblant dix fois plus de termes, puisque le principe est de faire droit à la diversité...

Voir aussi