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OCÉAN ET MERS (Vie marine) Vie benthique

Les fonds marins, depuis la ligne de rivage jusqu'aux plus grandes profondeurs de l'Océan, constituent le domaine benthique, par opposition au domaine pélagique, représenté par l'ensemble des eaux qui surmontent les fonds. Les organismes, végétaux ou animaux, qui vivent sur le substrat ou dans le substrat, ainsi que ceux qui nagent dans son voisinage immédiat, forment le benthos (en grec : « profondeur »).

Bien entendu, les végétaux chlorophylliens, capables d'édifier les matières organiques à partir de matières minérales, ne peuvent exister que dans les fonds auxquels parvient un éclairement suffisant pour permettre la photosynthèse. Ces fonds constituent le système littoral, appelé aussi, puisqu'il est caractérisé par la présence de végétaux, le système phytal. Par opposition à celui-ci, on appelle système profond, ou aphytal (dépourvu de végétaux chlorophylliens), l'ensemble des fonds depuis la limite inférieure de la végétation, comprise entre 80 et 150 mètres environ, jusqu'aux plus grandes profondeurs de l'Océan (11 000 m environ au fond de la fosse des Marianes, pour le Challenger Deep, le point le plus profond de l'océan).

Rapports des organismes avec le substrat

Les rapports des êtres benthiques avec le substrat dépendent largement de la nature de celui-ci. Le fond peut être dur (roches en place, éboulis, quais, coques de bateaux) ou meuble (gravelles, sable, sable vaseux, vase). Les galets et les graviers peuvent être rangés dans l'une ou l'autre catégorie suivant les mouvements dont ils sont agités : un fond de galets dans un endroit calme sera l'équivalent d'un substrat dur, à ceci près que les interstices entre les galets ménageront des espaces susceptibles d'être peuplés, alors que des galets semblables remués par les vagues auront la valeur d'un substrat meuble défavorable à l'installation d'organismes fixés.

Bien que les végétaux ne puissent en principe vivre que sur le fond, puisqu'ils ont besoin de lumière, certaines algues unicellulaires s'y enfoncent quelque peu. Ainsi des cyanobactéries peuvent forer la pellicule superficielle des roches calcaires et des diatomées peuvent vivre dans les premiers millimètres de l'épaisseur des fonds sableux, si du moins les grains de ces derniers sont suffisamment grossiers pour laisser pénétrer dans leurs interstices un éclairement suffisant. Sur les estrans vaseux de zone calme comme les estuaires, les algues unicellulaires (diatomées) sont capables de migrer à la surface des sédiments pendant les périodes d'émersion. Alors que presque toutes les Phanérogames marines vivent enracinées dans les fonds meubles, la plupart des Algues pluricellulaires se fixent sur des substrats rocheux, ou encore les unes sur les autres (épiphytisme).

Faune épigée

Une part importante de la faune marine benthique vit à la surface du substrat ; les espèces qui mènent ainsi une vie « épigée » constituent ce qu'on appelle l'épifaune. Ces animaux, dits épibiontes, se répartissent en formes à mobilité élevée, ou vagiles, en formes sédentaires, de mobilité plus réduite (de quelques mètres à quelques dizaines de mètres), et en formes fixes. De nombreuses formes vagiles creusent ou aménagent des terriers dans lesquels elles se réfugient durant la journée.

Formes fixes

Gorgones - crédits : Xavier Desmier / Gamma-Rapho/ Getty Images

Gorgones

Nombreuses surtout sur les substrats durs, à la surface desquels elles sont attachées, les formes fixes sont dites sessiles : ce sont la quasi-totalité des éponges, des hydroïdes, des anthozoaires, des bryozoaires, diverses annélides polychètes (serpulides, par exemple), divers mollusquesbivalves (huîtres, moules, Chama, spondyles) et gastéropodes (vermets), crustacéscirripèdes, crinoïdes, ascidies. Des formes sessiles abondent aussi sur les végétaux (phanérogames et grandes algues) et sur les parties mortes[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université de la Méditerranée, Marseille
  • : membre de l'Institut de France, commandeur de la Légion d'honneur, professeur émérite de l'université de la méditerranée Aix-Marseille-II

Classification

Pour citer cet article

Lucien LAUBIER et Jean-Marie PÉRÈS. OCÉAN ET MERS (Vie marine) - Vie benthique [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Gorgones - crédits : Xavier Desmier / Gamma-Rapho/ Getty Images

Gorgones

Plume de mer - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Plume de mer

<it>Actinoptychus sp.</it> - crédits : Gregory S. Paulson/ Image Source/ Getty Images

Actinoptychus sp.

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations marines

    • Écrit par Jean-Pierre PINOT
    • 7 916 mots
    • 26 médias

    Les accumulations marines résultent soit de la sédimentation, soit de la construction biologique (cf. récifs).

    La sédimentation est l'abandon de matériaux meubles en cours de transport. L'agent de transport, s'il s’exerce de manière temporaire, donne lieu à des accumulations...

  • ACIDIFICATION DES OCÉANS

    • Écrit par Paul TRÉGUER
    • 2 201 mots
    • 5 médias

    Par sa capacité à dissoudre les gaz atmosphériques responsables de l'effet de serre, l'océan joue un rôle essentiel dans la régulation du climat. Toutefois, l'absorption de l'excès de dioxyde de carbone (CO2) rejeté par les activités humaines (anthropiques) depuis 1850...

  • ADRIATIQUE MER

    • Écrit par Universalis
    • 692 mots

    La mer Adriatique est un bras de la mer Méditerranée situé entre les péninsules italienne et balkanique. À son extrémité sud-est, le canal d'Otrante la relie à la mer Ionienne. Elle mesure environ 800 kilomètres de longueur, avec une largeur moyenne de 160 kilomètres, une profondeur maximale de...

  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, René BLANCHET, Jacques BOURGOIS, Jean-Louis MANSY, Bernard MERCIER DE LÉPINAY, Jean-François STEPHAN, Marc TARDY, Jean-Claude VICENTE
    • 24 158 mots
    • 23 médias
    Les plaines côtières de l'Atlantique et du golfe du Mexique se suivent du New Jersey au Yucatán. Leur genèse est étroitement liée à l'évolution de l'Atlantique et aux transgressions et régressions marines qui se sont succédé depuis le Jurassique.
  • Afficher les 130 références

Voir aussi