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NAZISME

Adhésion des élites et résistances sporadiques

Pas de révolution sociale, donc : les anciennes élites (industrielles et financières, militaires et religieuses) n’ont généralement qu’à se féliciter d’une collaboration avec le régime qui renforce leur pouvoir. L’accord se fait également sur les fondamentaux idéologiques : nationalisme, anticommunisme et antisémitisme font du N.S.D.A.P. et du IIIe Reich un pivot de la famille. En cela, les élites allemandes ne se distinguent guère de celles des autres pays, qui lorgnent avec envie sur l’expérience nazie : « plutôt Hitler que Blum », soupire la bourgeoisie française dénoncée par Marc Bloch, dans L’Étrange Défaite ; les élites britanniques observent avec un intérêt à peine dissimulé ce régime qui a su conjuguer paix sociale, élimination de la gauche et haute productivité industrielle et financière. Quant au Vatican, après avoir signé les accords du Latran avec Mussolini, il scelle un concordat avec Berlin et, à partir du règne de Pie XII, ancien nonce en Bavière, ne trouve guère à redire sur la politique nazie : pour les hautes instances catholiques, comme pour la majorité des clercs protestants allemands, l’ennemi reste Staline. Cependant, une minorité parmi ces élites traditionnelles reste ou redevient hostile au nazisme : l’opération T4 suscite la réprobation de certains évêques catholiques et protestants ; le groupe étudiant de résistance La Rose blanche formé en 1942 est éliminé l’année suivante ; une poignée d’officiers allemands fomentent finalement l’attentat manqué du 20 juillet 1944. Le décrochage des élites industrielles, quant à lui, intervient à partir de 1944, quand il apparaît clair que la défaite est inévitable et qu’il est indispensable de planifier l’après-guerre, ce que se refuse à envisager le régime.

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Écrit par

  • : professeur des Universités, université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Johann CHAPOUTOT. NAZISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Boycott anti-juifs, Allemagne, 1933 - crédits : Hulton-Deutsch/ Hulton-Deutsch Collection/ Corbis Historical/ Getty Images

Boycott anti-juifs, Allemagne, 1933

Défilé nazi, 1938 - crédits : Berliner Verlag/ Archiv/ picture alliance/ Getty Images

Défilé nazi, 1938

Autres références

  • ACCESSION D'HITLER AU POUVOIR

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 209 mots
    • 1 média

    Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler est nommé chancelier, dans la légalité républicaine définie par la Constitution de Weimar. À ce moment-là, son parti, le Parti ouvrier allemand national-socialiste (N.S.D.A.P.) ou Parti « nazi » qui veut tenter, après Mussolini, une synthèse du nationalisme...

  • ALLEMAGNE (Histoire) - Allemagne moderne et contemporaine

    • Écrit par Michel EUDE, Alfred GROSSER
    • 26 883 mots
    • 39 médias
    ...libérales rassurés par une monnaie stable. Mais, en 1930, le marasme économique va avoir sur la majeure partie de la bourgeoisie une influence décisive. Le trouble et l'incertitude où se débat l'Allemagne la poussent vers le national-socialisme, seul capable à ses yeux de faire sortir l'Allemagne d'une...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République démocratique allemande

    • Écrit par Georges CASTELLAN, Rita THALMANN
    • 19 516 mots
    • 6 médias
    ...la musique rock allait, dans certains cas, jusqu'à des manifestations publiques, voire l'émergence de skinheads scandant des slogans néo- nazis et antisémites. À cette situation inimaginable auparavant répondit une réflexion critique d'intellectuels, comme l'écrivain Stefan Hermlin qui avait...
  • ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - République fédérale d'Allemagne jusqu'à la réunification

    • Écrit par Alfred GROSSER, Henri MÉNUDIER
    • 16 391 mots
    • 10 médias
    ...quelques soldats de la Waffen-S.S. Toute une polémique éclate au milieu des années 1980 entre les historiens allemands sur la singularité des crimes nazis et sur l'opportunité de les comparer à ceux commis en d'autres lieux et en d'autres temps (notamment les crimes de Staline). Le président du Bundestag,...
  • Afficher les 142 références

Voir aussi