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MAURYA

Les colonnes dites d'Aśoka

Ces colonnes, dont seize subsistent, sont en grès, provenant probablement de Chunar, près de Bénarès. Le fût, toujours lisse et poli à l'émeri, est monolithe ; il peut peser jusqu'à 40 tonnes, et l'on imagine l'exploit qu'a représenté le transport de ces blocs sur des centaines de kilomètres. La colonne est fichée directement dans le sol ; elle est couronnée par un chapiteau (fixé par un tenon) en forme de cloche décorée de pétales de lotus ( ?) ; l'abaque, carré ou circulaire, est souvent décoré de rosettes ou d'animaux passant ; il est surmonté d'un animal, assis ou debout. À Sārnāth les lions adossés étaient surmontés d'une grande roue, symbole de l'empire du monde et de la foi bouddhique, qui culminait à 12,80 m au-dessus du sol.

Colonnes d'Asoka - crédits : Encyclopædia Universalis France

Colonnes d'Asoka

Nous empruntons à M. J. Irwin qui a renouvelé le sujet, le tableau.

Grâce à J. Irwin, on sait désormais que les colonnes 1, 6, 11, 14 et 16 sont peut-être pré-aśokéennes ; que les colonnes 5 et 15 ont été érigées sous Aśoka ; et que les colonnes 3, 4, 7, 8 et 10 ont été érigées vingt-six ans après le sacre d'Aśoka. Le symbolisme de ces colonnes isolées, dressées au centre des villes (6), près de lieux saints bouddhiques (2, 12, 13, 15) ou hindous, (1) est sûrement indien. Ce sont des représentations de l'axe du monde qui sépare le ciel de la terre. Mais le passage du bois à la pierre, le monolithisme et le polissage des fûts dénotent une technique étrangère (perse), encore que les colonnes achéménides soient faites de tambours cannelés. L'absence de base s'explique par ce symbolisme : l'axe du monde jaillit du sol. Les chapiteaux rappellent les bases des colonnes de Persépolis, qui ont servi de modèle pour transcrire en pierre l'enroulement de cordes par lequel un emblème de métal était fixé au sommet des colonnes de bois primitives. Les rosettes sont assyro-achéménides, mais les palmettes et le traitement des animaux les plus beaux paraissent grecs. Les animaux, s'ils perpétuent de plus anciens emblèmes de métal, sont néanmoins sculptés à l'imitation des chapiteaux de Persépolis, et on soupçonne parfois la main d'un artiste perse ou hellénisé. L'art officiel maurya est ainsi profondément indien dans ses symboles, mais il transcrit et magnifie ces symboles par des techniques importées de l'Iran perse ou hellénisé. Avec les Maurya, l'Inde s'ouvre au monde extérieur sans rien perdre de son identité.

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Pour citer cet article

Gérard FUSSMAN. MAURYA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Chapiteau provenant de Sarnath, Inde - crédits : Dinodia Picture Agency, Bombay,  Bridgeman Images

Chapiteau provenant de Sarnath, Inde

Colonnes d'Asoka - crédits : Encyclopædia Universalis France

Colonnes d'Asoka

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...devenait le fief de Séleucos Nicator (355-280) qui dut toutefois céder l'Afghanistan situé au sud de l'Hindou-Kouch à Chandragupta, fondateur de l'empire Maurya des Indes. Le premier document écrit, découvert en Afghanistan, est dû à l'empereur Açoka, petit-fils de Chandragupta, qui fut célèbre aussi bien...
  • ARTHAŚĀSTRA (attribué à Kautilya) - Fiche de lecture

    • Écrit par François CHENET
    • 1 506 mots
    ...remarquable au regard de nos critères, ce royaume idéal de consonance étrangement moderne correspond-il pour autant à la réalité historique des États indiens ? L'Empire Maurya, dans le bassin moyen du Gange, s'était certes doté d'une administration bureaucratique très organisée, qui contrôlait toute la vie...
  • INDE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Universalis, Christophe JAFFRELOT, Jacques POUCHEPADASS
    • 22 936 mots
    • 25 médias
    ...l'espace gangétique, des approches du Pañjāb aux confins du Bengale. En 321, le trône est usurpé par un aventurier d'ascendance aborigène, Çandragupta Maurya, qui étend la domination du Magadha vers le sud jusqu'à la Narmadā, et reprend en 303 sur Séleukos Nikator les provinces indiennes d'Alexandre....
  • INDE (Arts et culture) - L'art

    • Écrit par Raïssa BRÉGEAT, Marie-Thérèse de MALLMANN, Rita RÉGNIER
    • 49 040 mots
    • 67 médias
    Candragupta, père de la dynastie Maurya, fonda un empire qui allait s'étendre sur la majeure partie du subcontinent (l'extrême Sud excepté) et jusqu'à l'Hindukush. Ce premier effort d'unification indienne fut en quelque sorte l'aboutissement d'un sursaut national qui avait chassé du Sindh et du Pañjāb...
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Voir aussi