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MAURYA

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Le iiie siècle avant notre ère fut une période exceptionnelle pour l' Inde. Profitant des ébranlements provoqués par l'invasion d'Alexandre, la dynastie indigène des Maurya réalisa à son profit l'unification politique de presque tout le sous-continent. Jamais auparavant, et jamais par la suite (empire britannique excepté), autant de territoires indiens ne furent réunis sous le même pouvoir, national qui plus est. Certaines sources, contemporaines des événements, nous permettent de connaître ce moment très important de l'histoire de l'Inde et même, fait extraordinaire en Inde, d'en pouvoir donner une chronologie précise à quelques années près. La légende indienne fait remonter à cette époque la fixation de la science politique, le développement du bouddhisme et celui du jaïnisme. C'est le temps où la circulation monétaire devient importante, où apparaissent les premières inscriptions, les premiers témoignages linguistiques datés et localisés avec certitude. C'est à cette époque enfin que l'on peut attribuer les débuts de la sculpture en pierre et de la grande architecture en Inde. Les vestiges en sont peu nombreux ; leurs dates sont parfois discutées, et leur importance pour le développement ultérieur de l'art indien est peut-être moins grande qu'on ne l'a écrit. Il est difficile parfois d'y faire la part des éléments proprement indiens et des influences étrangères (perses et grecques). Mais ils marquent l'introduction de la pierre dans l'art indien, et ont fourni à l'Inde – outre ses symboles nationaux – quelques-uns de ses incontestables chefs-d'œuvre.

La fondation de l'empire

En 326, Alexandre le Grand, marchant vers ce qui serait plus tard Delhi, est arrêté sur la Beas par une révolte de son armée qui aspire au retour et qu'effraient les bruits qui courent sur la puissance militaire de son prochain adversaire, Agrammès/Xandramès, roi des Prasioi (« Orientaux ») et des Gangarides : son armée compterait 20 000 cavaliers, 200 000 fantassins, 2 000 chars de guerre et 3 ou 4 000 éléphants. Les rapprochements que l'on peut faire avec les sources indiennes montrent qu'il s'agit là d'un souverain de la dynastie des Nanda, roi du Magadha (Bihar méridional), le plus important royaume de la vallée du Gange à l'époque. Il semble que le fondateur de cette puissante et riche dynastie n'appartenait pas à la classe des kṣatriya (nobles-guerriers), qui, dans le système traditionnel indien, ont seuls le droit de devenir rois, et qu'il ait dû briser l'opposition de ceux-ci. Son renversement par Candragupta (« protégé par la Lune »), kṣatriya du clan Maurya, aidé par le brahmane Kauṭilya, rétablit une situation plus conforme à la théorie.

Le passage d'Alexandre dans le Panjāb et dans le Sind (actuel Pakistan) s'accompagna de massacres. Les événements qui suivirent son décès accrurent encore la désorganisation de ces provinces. Candragupta, qui avait eu des difficultés avec les Nanda et s'était réfugié dans le nord-ouest, en profita pour y réunir une armée, reconquérir les provinces indiennes incorporées à l'ex-empire d'Alexandre, puis fondre sur le Magadha, renverser les Nanda et s'établir dans leur capitale Pāṭaliputra (Patna).

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Pour citer cet article

Gérard FUSSMAN. MAURYA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

-600 à -200. Philosophes et conquérants - crédits : Encyclopædia Universalis France

-600 à -200. Philosophes et conquérants

Chapiteau provenant de Sarnath, Inde - crédits : Dinodia Picture Agency, Bombay,  Bridgeman Images

Chapiteau provenant de Sarnath, Inde

Colonnes d'Asoka - crédits : Encyclopædia Universalis France

Colonnes d'Asoka

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, Universalis, Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
    • 37 316 mots
    • 19 médias
    ...devenait le fief de Séleucos Nicator (355-280) qui dut toutefois céder l'Afghanistan situé au sud de l'Hindou-Kouch à Chandragupta, fondateur de l'empire Maurya des Indes. Le premier document écrit, découvert en Afghanistan, est dû à l'empereur Açoka, petit-fils de Chandragupta, qui fut célèbre aussi bien...
  • ARTHAŚĀSTRA (attribué à Kautilya) - Fiche de lecture

    • Écrit par François CHENET
    • 1 506 mots
    ...remarquable au regard de nos critères, ce royaume idéal de consonance étrangement moderne correspond-il pour autant à la réalité historique des États indiens ? L'Empire Maurya, dans le bassin moyen du Gange, s'était certes doté d'une administration bureaucratique très organisée, qui contrôlait toute la vie...
  • INDE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Universalis, Christophe JAFFRELOT, Jacques POUCHEPADASS
    • 22 936 mots
    • 25 médias
    ...l'espace gangétique, des approches du Pañjāb aux confins du Bengale. En 321, le trône est usurpé par un aventurier d'ascendance aborigène, Çandragupta Maurya, qui étend la domination du Magadha vers le sud jusqu'à la Narmadā, et reprend en 303 sur Séleukos Nikator les provinces indiennes d'Alexandre....
  • INDE (Arts et culture) - L'art

    • Écrit par Raïssa BRÉGEAT, Marie-Thérèse de MALLMANN, Rita RÉGNIER
    • 49 040 mots
    • 67 médias
    Candragupta, père de la dynastie Maurya, fonda un empire qui allait s'étendre sur la majeure partie du subcontinent (l'extrême Sud excepté) et jusqu'à l'Hindukush. Ce premier effort d'unification indienne fut en quelque sorte l'aboutissement d'un sursaut national qui avait chassé du Sindh et du Pañjāb...
  • Afficher les 7 références

Voir aussi