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EDELMANN OTTO (1917-2003)

Représentant majeur du chant autrichien, reconnu comme l'un des grands barytons-basses wagnériens de son temps, Otto Edelmann est indissociable de son rôle le plus célèbre, celui du Baron Ochs dans Le Chevalier à la rose de Richard Strauss, qu'il incarnera 256 fois sur scène. Sa voix sombre alliée à un exceptionnel talent d'acteur en ont fait une figure incontournable des grands rôles de composition. Sa présence scénique s'imposait à tous par sa noblesse de style et un sens du phrasé caractéristique du grand chant viennois.

Otto Karl Edelmann, né à Brunn am Gebirge, près de Vienne, le 5 février 1917, étudie le chant à l'Académie de musique de la capitale autrichienne avec le baryton Theodor Lierhammer et le ténor Gunnar Graarud. En 1937, il effectue ses débuts sur scène dans le théâtre de la petite ville de Gera (Thuringe), dans le rôle-titre des Noces de Figaro de Mozart. Il passe deux ans dans la troupe de l'Opéra de Nuremberg (1938-1940) avant d'être incorporé dans la Wehrmacht. Envoyé sur le front est, il est fait prisonnier par les Soviétiques. Il reprend sa carrière de chanteur après la Seconde Guerre mondiale et débute dans l'ensemble de la Staatsoper de Vienne le 30 novembre 1947, dans l'Ermite du Freischütz de Weber, donné à la Volksoper. C'est le commencement d'une collaboration exceptionnelle de trente ans avec cet ensemble : jusqu'en 1976, il se produira 430 fois sur la principale scène lyrique autrichienne, dans trente-six rôles différents. Il recevra en 1960 le titre honorifique de Kammersänger.

Edelmann est invité par les plus grands théâtres et festivals : au festival de Salzbourg de 1948 à 1964, où il chante notamment le Baron Ochs pour l'inauguration du nouveau Grosses Festspielhaus en 1960 ; à Bayreuth dès la réouverture du festival, en 1951, où il participe, le 29 juillet, aux côtés d'Elisabeth Schwarzkopf, d'Elisabeth Höngen et de Hans Hopf, à la célèbre exécution inaugurale de la Neuvième Symphonie de Beethoven sous la baguette de Wilhelm Furtwängler ; cette année-là, il y incarne Hans Sachs (Les Maîtres chanteurs de Nuremberg) sous la direction de Herbert von Karajan ; en 1952, ce sera sous celle de Hans Knappertsbusch. Ce rôle, qui devient l'un de ses préférés, marque ses débuts au festival d'Édimbourg, avec la troupe de l'Opéra de Hambourg (1952), et au Metropolitan Opera de New York (1954) ; il se produira régulièrement sur cette dernière scène jusqu'en 1970, participant à 110 représentations dans neuf rôles différents. Des chefs comme Furtwängler et Karajan se l'arrachent, aussi bien pour Don Pizzaro ou Rocco (Fidelio de Beethoven), Leporello (Don Giovanni de Mozart), que pour des grands rôles wagnériens : Amfortas et Gurnemanz (Parsifal), le Roi Henri (Lohengrin), le Roi Marke (Tristan et Isolde) et Wotan (La Walkyrie). De 1951 à 1954, il se produit régulièrement à la Scala de Milan (Amfortas, Hans Sachs, Ochs et Rocco), à partir de 1955 à l'Opéra de Munich. En 1965, il débute au festival de Glyndebourne, à nouveau dans son rôle fétiche, le Baron Ochs. La France ne l'accueillera que très rarement dans ce rôle, à Nice en 1964 et à Rouen en 1965. Le 15 décembre 1976, à la Staatsoper de Vienne, Edelmann met fin à une carrière scénique d'une exceptionnelle longévité, dans le rôle du Comte Waldner (Arabella de Richard Strauss). Professeur de chant à l'Académie de musique de Vienne, il meurt à Vienne le 14 mai 2003.

Dans sa discographie en studio, on retiendra : Fidelio, enregistré en 1953 par l'Orchestre philharmonique de Vienne et les chœurs de la Staatsoper de Vienne sous la direction de Furtwängler, où il incarne Don Pizarro aux côtés de Martha Mödl (Leonore), Wolfgang Windgassen (Florestan), Gottlob Frick (Rocco) et Sena Jurinac (Marzelline) ; la version[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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Pour citer cet article

Alain PÂRIS. EDELMANN OTTO (1917-2003) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )