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SEEFRIED IRMGARD (1919-1988)

Irmgard Seefried et Josef Krips - crédits : Gerti Deutsch/ Picture Post/ Hulton Archive / Getty Images

Irmgard Seefried et Josef Krips

Née à Köngetried, en Bavière, le 9 octobre 1919, Irmgard Seefried a un père fou de musique, qui pratique avec passion le piano, le violon et la direction de chœurs amateurs. C'est sous la baguette paternelle qu'elle fait, tout enfant, ses débuts dans des œuvres d'Humperdinck et de Mendelssohn. Tout en apprenant le secrétariat, Irmgard Seefried étudie aux conservatoires d'Augsbourg et de Munich. En 1938, Herbert von Karajan — qui est alors le plus jeune directeur musical de toute l'Allemagne — l'engage pour chanter à Aix-la-Chapelle la prêtresse d'Aïda. Son entrée à l'Opéra de Vienne date du 5 mai 1943, dans Eva des Maîtres chanteurs que dirige Karl Böhm. De 1944 à 1945, elle appartient à cette troupe, où elle fera l'essentiel de sa carrière. C'est le temps de tous les dangers, de toutes les privations. Mais que pèsent ces difficultés quand Richard Strauss lui-même reconnaît en elle la parfaite incarnation du Compositeur d'Ariane à Naxos, rôle qu'elle interprète devant lui pour son quatre-vingtième anniversaire, le 11 juin 1944, sous la direction de Karl Böhm ? En mai 1945, elle fait la réouverture du Volksoper de Vienne dans Marcelline du Fidelio de Beethoven. Mais, à Vienne comme à Salzbourg dans cet immédiat après-guerre, c'est au répertoire mozartien qu'elle s'identifie totalement avec Suzanne, Zerline et, surtout, Pamina dont elle donnera — avec Karajan ou Furtwängler — une vision lumineuse difficilement égalable. Elle épouse en 1948 le grand violoniste Wolfgang Schneiderhan, peu après avoir fait ses débuts à Paris dans Don Giovanni et Così fan tutte sous la direction de Josef Krips (1947). On l'applaudit aussi à Covent Garden dans Les Maîtres chanteurs et Les Noces de Figaro. C'est avec Bruno Walter qu'elle donne, en 1951, son premier concert américain dans la Quatrième Symphonie de Gustav Mahler, avant de se produire au Metropolitan Opera de New York dans Les Noces de Figaro (1953). À l'apogée de sa carrière, Irmgard Seefried ne craint pas de reconstruire toute sa technique vocale avec le grand professeur Paula Novikova. Elle élargit alors considérablement son répertoire, qui couvre désormais Haendel (Jules César), Purcell (Didon et Enée), Poulenc (Dialogues des carmélites, dont elle assure la création à Vienne) et même Alban Berg (Wozzeck) et Arnold Schönberg (Le Pierrot lunaire). Pour elle et son mari, Henze écrit Ariosi (1964) et Franck Martin Maria Triptychon (1968). En 1963, elle se produit à Aix-en-Provence dans Ariane à Naxos. Mais, si la technique et la musicalité sont encore celles d'une grande dame, la voix s'altère, annonçant une fin de carrière désormais toute proche. Jusqu'au début des années 1970, elle ne se produit donc plus guère que dans des soirées de lieder — souvent en compagnie d'Erich Werba — et consacre toute son énergie à l'enseignement, notamment avec les stages de l'abbaye de Royaumont. Irmgard Seefried meurt dans la nuit du 23 au 24 novembre 1988.

Pour Irmgard Seefried, le chant ne peut être que profond engagement personnel. Intuitive, spontanée, elle règne sur la scène avec une invention et une vivacité qui n'appartiennent qu'à elle. Un instinct ennemi de toute sophistication lui permet de trouver l'évidence du naturel, la pureté de la ligne, la finesse de l'émotion. Sous la splendeur du timbre et de la couleur vocale vibre une grande musicienne miraculeusement accordée à Richard Strauss et à Mozart. N'est-elle pas pour l'éternité ce Compositeur qui chante dans Ariane à Naxos : « Musik ist eine heilige Kunst » : La musique est un art sacré ?

— Pierre BRETON

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Pierre BRETON. SEEFRIED IRMGARD (1919-1988) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Irmgard Seefried et Josef Krips - crédits : Gerti Deutsch/ Picture Post/ Hulton Archive / Getty Images

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