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MARQUETERIE

Bien que le terme de marqueterie nécessite une explication et une définition précise, il évoque presque immédiatement et principalement le décor de bois qui enchanta les demeures privées et les églises durant tout le xve et une partie du xvie siècle en Italie. La fragilité du matériau, soumis plus que tout autre à l'épreuve du temps et aux dangers de l'incendie, ne laissait pas prévoir à l'origine un tel succès. En fait, la marqueterie de bois représenta, à la Renaissance, l'une des manifestations essentielles de l'évolution du goût, comme l'a montré André Chastel : « L'expansion de l'intarsio n'est pas seulement un épisode de l'histoire du décor intérieur ; la nouvelle technique se situe au carrefour de tous les arts. Le travail du bois exigeant des cadres et des montages, elle intéresse tourneurs, menuisiers et sculpteurs ; son répertoire abstrait bouleverse les formules de l'ornement ; dans les motifs figuratifs, nature morte, figure en buste..., la marqueterie semble bien avoir précédé la peinture ; elle est enfin, par l'administration systématique des formes géométriques et des mises en perspective, étroitement liée au thème de la « vue d'architecture ». Il est permis d'y reconnaître un phénomène central de la période. »

Définition. Techniques voisines

On entend généralement par marqueterie une technique qui consiste à appliquer sur de la menuiserie toute une série d'éléments découpés dans différentes matières, telles que le bois, le métal, etc., dans l'intention d'obtenir des effets ornementaux ou figuratifs. Cette technique a trouvé son application dans la décoration du petit et du grand mobilier de l'Antiquité.

D'autres techniques présentent des affinités avec celle de la marqueterie. En particulier, l'incrustation qui consiste à enchâsser dans une matière quelconque, sans grande valeur, une autre plus précieuse. Elle est utilisée, elle aussi, dès l'Antiquité dans la décoration du mobilier comme on peut le voir notamment dans les cuivres incrustés d'argent syro-égyptiens. On la rencontre également dans l'art oriental et musulman, en Espagne, en France aussi dès le Moyen Âge, mais surtout au xvie siècle, dans la décoration des armes, et aux xixe et xxe siècles. C'est l'Extrême-Orient qui produira, dès les époques les plus reculées, les exemples les plus nombreux de bois incrustés de nacre. L'effet obtenu grâce à ce procédé est très voisin de celui de la marqueterie, mais la technique est essentiellement différente : tout d'abord, dans l'incrustation, l'artiste doit creuser le fond (bois, métal, etc.), tandis que, dans la marqueterie, il ne lui fait subir aucun traitement. De plus, dans la marqueterie, le fond est toujours de bois, alors que, dans l'incrustation, il peut varier.

Le damasquinage est une variante de l'incrustation. Ce procédé consiste à creuser dans une plaque de cuivre, de fer ou d'acier, un dessin à bords vifs et à marteler dans la cavité ainsi obtenue un fil d'argent, d'or ou de cuivre de telle manière que les bords du dessin enchâssent le fil. Une lime douce et un polissage à l'émeri terminent ensuite le travail. Le damasquinage est utilisé dès la plus haute antiquité en Égypte, en Grèce, à Rome. Au xvie siècle, il connaît une grande vogue à Venise, où l'on produit des imitations de pièces syro-égyptiennes, et en France.

Les Italiens emploient pour toutes ces techniques : marqueterie, incrustation, damasquinage, le terme intarsio, de l'arabe tarsī, et, pendant toute l'époque médiévale et moderne, désignent par un autre terme, tarsia, dérivé du précédent, soit une œuvre de marqueterie en bois, soit une œuvre de mosaïque en pierre ou en marbre, introduisant ainsi une nouvelle parenté[...]

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Pour citer cet article

Catherine ROSEAU-LÉVESQUE. MARQUETERIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Salle de lecture de la bibliothèque Laurentienne, Florence - crédits :  Bridgeman Images

Salle de lecture de la bibliothèque Laurentienne, Florence

Palais ducal, Urbino : studiolo - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Palais ducal, Urbino : studiolo

Autres références

  • BOULLE ANDRÉ-CHARLES (1642-1732)

    • Écrit par Francis John Bagott WATSON
    • 2 103 mots
    • 3 médias

    Créateur et dessinateur français d'ameublement, André-Charles Boulle donna son nom à une technique de placage des meubles par marqueterie d'écaille et de métal : celle-ci connut une grande célébrité dans toute l'Europe à la fin du xviie siècle et au xviiie, mais il ne l'avait...

  • BVRB (Bernard Van Risenburgh)

    • Écrit par Colombe SAMOYAULT-VERLET
    • 274 mots
    • 1 média

    Dynastie d'ébénistes parisiens, d'origine hollandaise. L'activité des Van Risenburgh s'étend du début du xviiie siècle (arrivée de Bernard Ier à Paris) à 1775 environ (date où son petit-fils Bernard III abandonne le métier pour se consacrer à la sculpture).

    On...

  • DUBOIS JACQUES (1693 env.-1763)

    • Écrit par Colombe SAMOYAULT-VERLET
    • 162 mots
    • 1 média

    Artisan ébéniste parisien, Jacques Dubois produit comme B.V.R.B. (Bernard van Risen Burgh) des œuvres de luxe, en laque ou en marqueterie, très élaborées, ornées de bronzes mouvementés, assez dissymétriques, telles que les voulaient les marchands merciers. Il vendait ses œuvres qui étaient très...

  • ÉBÉNISTERIE

    • Écrit par Colombe SAMOYAULT-VERLET
    • 533 mots

    Dans son acception la plus large, le terme « ébénisterie » est employé pour désigner la fabrication de meubles en bois massif ou plaqué. En fait, seuls les meubles en bois plaqué sont à proprement parler « d'ébénisterie ». Les meubles en bois massif sont l'œuvre de menuisiers qui débitent le bois,...

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Voir aussi