ROBSON MARK (1913-1978)
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Mark Robson est né à Montréal (Canada). Diplômé de l'université de Californie, c'est à la 20th Century Fox qu'il débute dans le monde du cinéma, en tant qu'accessoiriste. De la Fox, Robson passe ensuite à la R.K.O. où il va travailler pendant plus de douze ans.
D'abord associé à Robert Wise, Mark Robson, comme lui à l'époque, y est monteur et, à ce titre, il collabore à plusieurs films prestigieux dont Citizen Kane (1941) et La Splendeur des Amberson (1942) d'Orson Welles, Voyage au pays de la peur (1943) de Norman Foster et Orson Welles.
Le producteur Val Lewton, qui dirigeait à la R.K.O. une unité de production spécialisée dans les films d'atmosphère, le remarque et Robson monte pour lui La Féline (1942), I Walked with a Zombie (1943) et Leopard Man (1943), aujourd'hui trois classiques du genre.
Grâce à Val Lewton, Robson peut enfin devenir réalisateur en 1943 avec La Septième Victime, qui met en scène une secte d'adorateurs de Satan. The Ghost Ship (1943) ; L'Île de la mort (1945) avec Boris Karloff et Bedlam (1946), inspiré des peintures de Hogarth et consacré au fameux et horrifique asile londonien du xviiie siècle, trois films à nouveau tournés pour Val Lewton, suffisent à prouver l'efficacité de Robson et la manière dont il sait créer une atmosphère.
1949 est l'année du Champion avec Kirk Douglas et Arthur Kennedy. Le film, qui raconte l'ascension et la mort d'un boxeur ambitieux, attire l'attention de la critique sur son auteur. Sous l'impulsion du producteur Stanley Kramer, la R.K.O. s'attache à plusieurs des problèmes de l'Amérique contemporaine. Toujours en 1949, Home of the Brave (Je suis un Nègre), mis en scène par Robson avec James Edwards, pose avec virulence le thème du racisme, avec pour cadre la guerre du Pacifique.
La Nouvelle Aurore (1951), qui décrit la difficile réinsertion dans la vie civile d'un soldat (Arthur Kennedy) que la guerre a rendu aveugle, peut laisser croire que Mark Robson va devenir l'un des cinéastes « à thèse » du Hollywood des années 1950. Retour au paradis (1953) avec Gary Cooper, L'Enfer au-dessous de zéro (1954) avec Alan Ladd, et Phffft (1954), une comédie avec Judy Holliday, Jack Lemmon et Kim Novak, infirment brutalement cette hypothèse. Les Ponts de Toko Ri (1954), avec William Holden, Grace Kelly et Fredric March, prend pour cadre la guerre de Corée Le film permet à Robson de mettre en doute, assez courageusement pour l'époque, les raisons de l'intervention militaire américaine.
L'année suivante, Robson tourne pour la Metro Goldwyn MayerMon fils est innocent (Trial), l'un de ses meilleurs films. À partir d'un fait divers (un jeune Mexicain est accusé d'avoir violé et d'avoir provoqué la mort d'une adolescente blanche), Robson dénonce la corruption politique et l'affairisme syndical. Glenn Ford, Arthur Kennedy et Dorothy Mac Guire sont les héros de cet étonnant réquisitoire contre l'intolérance.
Plus dure sera la chute (1956) est tout à la fois le dernier film d'Humphrey Bogart et l'adaptation du roman Knock-out de Budd Schulberg. Le livre s'inspirait, paraît-il, de la vie de Primo Carnera et c'est avec une réelle puissance que Robson s'attaque ici au racket de la boxe, symbolisé par Rod Steiger. Robson décrit avec brio un univers de combats truqués, de boxeurs minables et de promoteurs véreux.
Après avoir tourné La Petite Hutte (1957) avec Ava Gardner et David Niven, d'après la pièce d'André Roussin, Robson met en scène à la Fox pour le producteur Jerry Wald Les Plaisirs de l'enfer, adapté de Peyton Place de Grace Metalious, dans lequel il peint l'hypocrisie et les turpitudes d'une petite ville de province américaine. Le film remporte un succès public considérable.
Conforté par cette réussite commerciale, Robson poursuit alors une carrière totalement disparate : L'Auberge du sixième bonheur (1958), avec Ingrid Bergman ; Du haut de la terrasse (1960), d'après John O'Hara, avec le couple Paul Newman-Joan Woodward ; À neuf heures de Rama (1963), consacré aux dernières heures de Naturam Godse, le meurtrier du Mahatma Gandhi ; Pas de lauriers pour les tueurs (The Prize, 1963), avec à nouveau Paul Newman, une espèce de pastiche de La Mort aux trousses d'Alfred Hitchcock. Avec Frank Sinatra pour vedette, L'Express du colonel von Ryan (1965) n'est guère plus intéressant, alors qu'en revanche Les Centurions (1966), d'après Jean Lartéguy, décrit avec objectivité la guerre d'Algérie et les excès qui y furent commis de part et d'autre. La Vallée des poupées (1967), tiré du best-seller de Jacqueline Susann, vaut à Robson un nouveau succès commercial : le public américain se passionne pour cette histoire où l'on parle de drogue, d'ambition et de cinéma pornographique ! Robson délaisse pour un moment les films à gros budget et tourne trois « petits » films : La Boîte à chat (1969), un film d'angoisse, Happy Birthday Wanda June (1971), d'après la pièce de Kurt Vonnegut et – le plus intéressant des trois – Limbo (1972), qui s'attache au drame des femmes américaines confrontées à la guerre du Vietnam.
Tremblement de terre (1974), avec Charlton Heston et Geneviève Bujold, imagine la destruction de Los Angeles par un tremblement de terre. Ce fut, avec La Tour infernale et Les Dents de la mer, l'un des plus célèbres films-catastrophe. Robson peu avant la fin du tournage d'Avalanche Express (1979) succombe à une crise cardiaque.
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Écrit par
- Patrick BRION : historien du cinéma, responsable du département cinéma de France 3
Classification
Média
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