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LEMMON JACK (1925-2001)

Né à Boston, Jack Lemmon est engagé dans la marine à la fin de la Seconde Guerre mondiale, tout en poursuivant ses études à Harvard, où il découvre l'art dramatique. Pendant une dizaine d'années, il fait son apprentissage dans les tournées théâtrales, le music-hall, puis la télévision. Dès son premier film, Une femme qui s'affiche (1954), de George Cukor, il tient la vedette face à Judy Holliday. Le film est un succès immédiat, mais le limite au rôle de „voisin idéal“, dont l'ingénuité affective se double d'un bon sens pratique. Ce qui frappe cependant d'emblée, c'est son aptitude à la fantaisie la plus débridée, dans les scènes où son personnage – souvent sous l'emprise de la boisson – se désinhibe. Science du rythme, élasticité faciale, maîtrise quasi chorégraphique de la saccade gestuelle : ce n'est pas un hasard si Lemmon est, à ses heures perdues, un excellent pianiste de jazz.

Jack Lemmon est à nouveau partenaire de Judy Holliday dans PHFFHT de Mark Robson (1954), tandis que le délicieux Ma sœur est du tonnerre de Richard Quine (1955) lui donne l'occasion – trop rare – de chanter à l'écran. Si sa popularité s'accroît à la fin des années 1950, il est encore volontiers cantonné dans des seconds rôles, comme dans Mister Roberts (1955) de John Ford et Mervyn LeRoy, ou Cowboy de Delmer Daves (1958), son seul western.

Certains l'aiment chaud, B. Wilder - crédits : Everett Collection/ Bridgeman Images

Certains l'aiment chaud, B. Wilder

En 1959 a lieu la rencontre cruciale avec le réalisateur Billy Wilder. Elle produira sept films, explorant toutes les facettes de l'acteur, de la plus burlesque à la plus tragique, dont quatre œuvres majeures : Certains l'aiment chaud (1959), avec Lemmon en musicien de jazz, contraint de se déguiser en femme pour échapper à la pègre, aux côtés de Tony Curtis et Marilyn Monroe ; La Garçonnière (1960), en jeune cadre prêtant les clés de son appartement à ses supérieurs pour avoir de l'avancement, et tombant amoureux de la liftière Shirley MacLaine ; La Grande Combine (1966), en caméraman de télévision blessé dans un match de football, et poussé par son avocat de beau-frère (Walter Matthau) à escroquer les assurances ; Avanti ! (1972), comédie douce-amère sur un dirigeant d'entreprise allant enterrer son père et découvrant, en Italie, la douceur de vivre auprès de Juliet Mills. L'année suivante, le comédien reçoit l'oscar du meilleur acteur, pour un autre rôle de P.-D.G. en rupture de ban, dans le grinçant Sauvez le tigre de John G. Avildsen.

Entre-temps, Jack Lemmon est devenu une superstar. En 1962, il a accepté son premier rôle entièrement dramatique, quoique interprété avec des touches d'humour désespéré : Le Jour du vin et des roses de Blake Edwards, avec Lee Remick, admirable portrait de deux alcooliques, contenant des scènes d'une impressionnante sauvagerie. Mais évidemment, le public préfère voir en lui le brave garçon débrouillard, souvent tiraillé entre un souci de respectabilité et des pulsions d'adolescent attardé, comme dans Irma la douce de Billy Wilder (1963, avec Shirley MacLaine), ou encore Prête-moi ton mari de David Swift (1964, avec Romy Schneider).

La Grande Combine, malgré un succès commercial mitigé, a inauguré un fameux partenariat avec Walter Matthau : les deux acteurs seront réunis dans six autres films en trente ans, dont l'adaptation à l'écran d'un triomphe scénique de Neil Simon, Drôle de couple (The Odd Couple, 1968) réalisé par Gene Saks, et plus tard dans Buddy Buddy de Billy Wilder (1981), remake stéréotypé mais hilarant de L'Emmerdeur d'Édouard Molinaro. Logiquement, c'est le fidèle Walter Matthau que Jack Lemmon choisit pour protagoniste lorsqu'il passe derrière la caméra, pour une chronique douce-amère de l'American way of life : Kotch (1971).

À partir de la fin des années 1970, Jack Lemmon alterne avec[...]

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Écrit par

  • : membre du comité de rédaction de la revue Positif, critique et producteur de films

Classification

Pour citer cet article

N.T. BINH. LEMMON JACK (1925-2001) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Certains l'aiment chaud, B. Wilder - crédits : Everett Collection/ Bridgeman Images

Certains l'aiment chaud, B. Wilder

Autres références

  • CERTAINS L'AIMENT CHAUD, film de Billy Wilder

    • Écrit par Michel MARIE
    • 1 047 mots
    • 1 média

    Certains l'aiment chaud (Some Like it Hot) est un sommet de la comédie américaine parodique, construite sur le thème du travestissement. C'est la seconde collaboration entre Billy Wilder et Marilyn Monroe, devenue le sex-symbol du cinéma hollywoodien des années 1950, dans les dernières...

  • WILDER BILLY (1906-2002)

    • Écrit par Marc CERISUELO
    • 2 395 mots
    • 1 média
    ...traditionnel de l'inversion sexuelle dans un hommage de cinéphile au film de gangster. Wilder commence à cette occasion une autre durable collaboration avec Jack Lemmon, comédien qu'il retrouvera dans La Garçonnière (1960), Irma la Douce (1963), La Grande Combine (1966), Avanti ! (1972), Spéciale...

Voir aussi