LIBAN
Nom officiel | République libanaise (LB) |
Chef de l'État | Najib Mikati (par intérim depuis le 31 octobre 2022) |
Chef du gouvernement | Najib Mikati (depuis le 10 septembre 2021) |
Capitale | Beyrouth |
Langue officielle | Arabe 2
|
Unité monétaire | Livre libanaise (LBP) |
Population (estim.) |
7 447 000 (2024) |
Superficie |
10 452 km²
|
La guerre
La « guerre des deux ans » (1975-1976)
La guerre débute, le 13 avril 1975, par un accrochage meurtrier entre Kataëb et militants palestiniens radicaux dans la banlieue de Beyrouth. Au mois de février, l'armée avait réprimé à Saïda une manifestation populaire contre la vie chère, à laquelle s'étaient joints des fidayīn en armes ; déjà se dessinait, entre le Mouvement national, les élites musulmanes frustrées par le partage communautaire et les Palestiniens, la coalition qui allait affronter durant deux ans les forces conservatrices dominées par les maronites et appuyées par quelques brigades de l'armée. L'étincelle palestinienne éclate dans la poudrière libanaise alors que le Proche-Orient tout entier vit à l'heure des remises en cause : à la suite de la guerre d'octobre 1973, les dirigeants arabes ont troqué leurs aspirations révolutionnaires contre un pragmatisme, des intérêts étroitement étatiques et des négociations avec Israël sous égide américaine. Cette nouvelle stratégie implique le verrouillage de la revendication palestinienne dans leurs pays respectifs, parfois même son écrasement militaire. En revanche, sur le territoire libanais, la lutte armée et le radicalisme se jouent d'un État qui a longtemps proclamé que « sa force était dans sa faiblesse » ; ils se conjuguent pour menacer les équilibres traditionnels.
Échappant au contrôle d'une armée paralysée par ses loyautés contradictoires, les affrontements entre « conservateurs chrétiens » et « islamo-palestino-progressistes » – c'est ainsi que la presse étiquette deux coalitions complexes et changeantes – se propagent à l'ensemble du pays, dressant village contre village, vallée contre vallée et quartiers contre quartiers. Embuscades, guérilla urbaine à la kalachnikov, tirs de francs-tireurs non identifiés sont bientôt suivis par l'entrée en lice de canons et de lance-roquettes que les milices se sont procurés, grâce aux subventions des émigrés ou de protecteurs arabes. Les civils sont les cibles privilégiées de bombardements et de tirs aveugles, d'attentats, d'enlèvements et d'assassinats, tandis que les pillages et les destructions alimentent les cycles de représailles. Durant l'automne de 1975, le centre de Beyrouth brûle, les grands hôtels sont le siège d'âpres batailles entre Kataëb et forces progressistes, en particulier les Mourābitoun – combattants sunnites menés par le jeune Ibrahim Qoleilat –, les grandes banques qui faisaient la réputation et la richesse du pays sont pillées. Lorsque la Syrie impose un cessez-le-feu le 22 janvier 1976 et propose un rééquilibrage du partage des pouvoirs entre communautés, la capitale est déjà traversée par une ligne de front qui sépare désormais l'« Est » chrétien de l'« Ouest » à majorité musulmane.
En quelques mois, la guerre dessine à travers le pays les frontières entre les deux principaux protagonistes. Les habitants chiites et palestiniens des camps et des banlieues de l'entrée nord de Beyrouth sont expulsés par la force en janvier 1976 ; en riposte, les chrétiens de Damour, petite ville côtière au sud de la capitale, doivent fuir par mer ; des deux côtés, plusieurs centaines de personnes sont massacrées. Les forces militaires progressistes et les organisations palestiniennes qui les ont rejointes les unes après les autres profitent de l'éclatement de l'armée, en mars 1976, pour resserrer leur étau autour des régions centrales du Metn et du Kesrouan où le président Frangié se réfugie parmi ses alliés du Front libanais dirigé par Camille Chamoun et Pierre Gemayel.
La Syrie, déjà présente dans la guerre à travers la Sā'iqa, prodigue avertissements et soutien aux deux adversaires. Le président Assad ordonne l'entrée de troupes et de blindés au Liban, discrètement[...]
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Écrit par
- Philippe DROZ-VINCENT : professeur des Universités en science politique
- Elizabeth PICARD : chercheur à la Fondation nationale des sciences politiques, docteur en science politique
- Éric VERDEIL : chargé de recherches au C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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