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BEKAA ou BEQAA

Plaine étroite (de 8 à 15 km) et allongée sur 120 kilomètres entre le Liban et l'Anti-Liban, la Bekaa (de l'arabe al-Baq’, la plaine ; ancienne Koilé Syria, ou Syrie Creuse) est à la fois un synclinal et un fossé-faille prolongeant le fossé du Jourdain. Sa partie centrale est parfaitement plate et assez marécageuse : située à quelque 800 ou 900 mètres d'altitude, elle se relève jusqu'au seuil de Baalbek (1 100 m), d'où elle redescend vers la frontière syrienne (550 m). Au sud, la Bekaa perd son caractère de plaine : elle s'accidente de chaînons montagneux (djebel ‘Arabi) et, en se rétrécissant, se résout en une zone de relief confus, dominant la dépression du Jourdain. La Bekaa est drainée au nord par l'Oronte et au sud par le Litani. Son climat est sec et continental : hivers rudes, étés chauds et secs ; les précipitations diminuent du sud (environ 700 mm) au nord, où les zones proches de la frontière syrienne reçoivent moins de 200 millimètres par an.

Dans l'Antiquité, la Bekaa fut un véritable grenier à blé, une région fort prospère, comme en témoignent de nombreux sites archéologiques, notamment ‘Ayn al-Djarr (Chalcis) et surtout Baalbek ; puis la région déclina, à tel point que le Nord devint une zone-refuge pour les populations shī‘ites. Jusque vers 1850, sa mise en valeur restait très limitée : agriculture céréalière traditionnelle. On trouve dans le sud de la plaine une polyculture à base céréalière ; dans le nord, la culture du blé devient très extensive et le nomadisme reste encore important ; des sources donnent naissance à un certain nombre d'oasis (Baalbek) ; l'Oronte, qui coule encaissé dans une gorge, n'est pas utilisé.

Le centre de la Bekaa est en pleine transformation lorsque la guerre éclate en 1975 : la plaine, drainée, est intensément mise en valeur (blé, betterave à sucre, pomme de terre, légumes, pommiers ; élevage bovin et avicole moderne) ; sur les coteaux de l'ouest, autour de Zahlé, la ville principale (117 000 hab. en 2000), s'étend un important vignoble.

Malgré la guerre, la Bekaa est restée la région agricole la plus riche du pays. Si on a pu dire qu'elle était le grenier à blé du Liban, elle sert aussi, depuis le début des années 1980, de « grenier à pavot », la matière première pour l'élaboration de l'héroïne. Cette lucrative activité a pris au fil du temps une importance de plus en plus grande dans l'économie de la Bekaa.

De peuplement mixte, chrétien, musulman et druze, la plaine de la Bekaa a été occupée par l'armée syrienne pendant de longues années. Il a fallu attendre le 26 avril 2005 pour que celle-ci repasse officiellement la frontière.

Le sud de la plaine est une région pauvre qui a depuis longtemps été soumise au diktat des belligérants. Dès les années 1960, les raids de l'armée israélienne ont plongé le Sud dans la torpeur, forçant la population à la résignation ou à l'exode. Puis, les invasions de 1978 et 1982 se sont soldées par l'occupation d'une « zone de sécurité » par les Israéliens et l'A.L.S. (Armée du Liban Sud), une milice libanaise supplétive de l'armée israélienne. Celle-ci s'est retirée du Liban en mai 2000. Elle a de nouveau franchi la frontière en 2006 dans le cadre de son combat contre le Hezbollah chiite. Cette intervention a entraîné la destruction de nombreuses infrastructures de la partie méridionale de la Bekaa. Les efforts de développement sont entravés par la multiplicité des conflits.

— Jean-Marc PROST-TOURNIER

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut de géographie du Proche et Moyen-Orient, Beyrouth

Classification

Autres références

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