Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JOHNS JASPER (1930- )

Peintre, sculpteur, dessinateur et graveur américain omniprésent dans les histoires de l'art contemporain et dans les plus grands musées, Jasper Johns est un des principaux précurseurs de l'explosion artistique des années 1960-1970 aux États-Unis. Dès 1958, lors de sa première exposition personnelle à la galerie Leo Castelli de New York, ses œuvres s'imposent par leur présence énigmatique ainsi que par leur questionnement ironique sur l'art et les signes. À la suite de cette exposition, le MoMA acquiert immédiatement trois de ses œuvres. En 1973, il devient l'artiste américain vivant le plus cher et, en 1980, le Whitney Museum de New York achète Three Flags (1959) pour 1 million de dollars. Après de multiples expositions personnelles dans le monde entier, Jasper Johns reçoit en 1988 le grand prix de la biennale de Venise au cours d'une rétrospective de ses œuvres, qui occupe la totalité du pavillon américain. Ce succès n'a en rien entamé le caractère réservé, voire secret, de Johns. Peu enclin aux déclarations et se livrant de façon quasi monacale à sa recherche, il a toujours produit des œuvres mûries, réfléchies et profondément personnelles. Considéré un temps comme l'un des pères du pop art et de l'art minimal, qualifié aussi de « néo-dadaïste », Jasper Johns résiste en fait à toute forme de classement. Son art, d'un abord difficile, évolue constamment aux marges des écoles et des mouvements, tout en ayant une importance et une influence qui paraissent aujourd'hui incontestables.

La rupture avec l'expressionnisme abstrait

Jasper Johns et Leo Castelli - crédits : Sam Falk/ New York Times Co./ Archive Photos/ Getty Images

Jasper Johns et Leo Castelli

Né le 15 mai 1930 à Augusta, Jasper Johns passe son enfance dans une petite ville de la Caroline du Sud (États-Unis). Ses brèves études à l'université de Caroline du Sud, puis à New York sont interrompues par deux ans de service militaire, dont six mois passés au Japon. En 1955, il commence à peindre des motifs de drapeaux et de cibles (les séries Flag et Target) qui le rendent immédiatement célèbre. Perpétuant, avant même d'en avoir pris connaissance, les débats initiés par Duchamp – d'où l'étiquette néo-dadaïste qu'il partage avec Rauschenberg rencontré en 1954 –, il y pose avec subtilité et ironie la question du rapport ambigu entre l'œuvre, le signe et l'objet, le signifiant et le signifié, ses motifs étant déjà des signes-objets plats, comme la toile. En 1958, sa première exposition personnelle à la galerie Leo Castelli de New York connaît un succès de scandale. En plein courant expressionniste abstrait, Johns réintroduit la figuration. Avec les cercles concentriques de ses cibles, les symboles bien dessinés du drapeau américain, sa technique est jugée froide et inexpressive. Cette absence d'exubérance est très vite prise pour de l'antiexpressionnisme. À cause de son intérêt pour les objets quotidiens et pour l'agencement de motifs géométriques, il est considéré comme le double initiateur du pop art et de l'art minimal. Toutefois, sa technique originale annonce déjà le caractère très personnel de sa démarche. La technique de la peinture à l'encaustique, appliquée sur une toile encollée de journaux et de photos visibles par transparence, sèche presque instantanément, figeant dans la cire les gestes du peintre. Elle donne à ses toiles une force et une présence plastiques surprenantes qui font de lui un maître incomparable de la matière picturale.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : agrégé, docteur de troisième cycle, maître de conférences à l'université de Pau, directeur du Centre intercritique des arts du domaine anglophone
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Bertrand ROUGÉ. JOHNS JASPER (1930- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Jasper Johns et Leo Castelli - crédits : Sam Falk/ New York Times Co./ Archive Photos/ Getty Images

Jasper Johns et Leo Castelli

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par François BRUNET, Éric de CHASSEY, Universalis, Erik VERHAGEN
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...baie de San Francisco (Bay Area Figurative Art). Les plus critiques enfin, ceux qui connaîtront la postérité la plus grande à travers le pop art, Jasper Johns et Robert Rauschenberg, manifestent dans des tableaux peints à l'aide de matériaux trouvés et assemblés, recouverts souvent d'une peinture...
  • IMPERSONNALITÉ EN ART

    • Écrit par Daniel CHARLES
    • 1 118 mots

    L'idée d'impersonnalité renvoie d'abord à celle d'anonymat : il arrive qu'on ne sache quel nom mettre sous une toile ; on s'efforce alors de rattacher l'œuvre à un atelier, à une école, à une époque. C'est affaire d'attribution : les experts veillent, ne serait-ce que pour dépister les faussaires....

  • NEW YORK ÉCOLE DE

    • Écrit par Maïten BOUISSET
    • 1 578 mots
    • 1 média
    Une nouvelle génération, dont Robert Rauschenberg et Jasper Johns, pleinement consciente de l'autosatisfaction et du maniérisme dans lesquels sombraient les suiveurs de la première génération de l'école de New York, va remettre en question le mode d'expression lié à la révolte purement physique de...
  • POP ART

    • Écrit par Bertrand ROUGÉ
    • 3 816 mots
    • 3 médias
    Jasper Johns réintroduit le figuratif dans la peinture (Flag, 1954-1955). Drapeaux, cibles, cartes, plats comme la toile, sont déjà des signes : ils cernent les ambiguïtés de la peinture et contestent le lien entre abstraction et planéité picturale, considéré par le critique Clement Greenberg...

Voir aussi