Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

JOHNS JASPER (1930- )

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par et

Une œuvre introspective

Dès cette première période s'affirme l'unité poétique de deux tendances principales de l'œuvre de l'artiste : un formalisme et un intellectualisme à la Duchamp, mais aussi une introspection qui va s'intensifier au cours des années 1960-1970. Alliance rare dans un monde artistique où l'engagement théorique impliquait souvent un désengagement du moi. Disappearance II (1961, Museum of Modern Art, Toyoma, Japon), toile qui, les quatre coins repliés, se referme comme une enveloppe, illustre ces réflexions formelles sur le plan, la surface et l'image absente, mais aussi une méditation sur les replis du moi. La série des Souvenir (1964) souligne aussi cette préoccupation double en mettant l'accent sur la mémoire. Petit à petit, l'aspect introspectif, passé inaperçu dans ses premières œuvres, s'affirme également avec la place grandissante accordée au corps, déjà présent dans Target with Four Faces, (1955, Museum of Modern Art, New York), sous la forme de moulages de son propre corps fixés à ses toiles : pieds, nez, bouches, sexes..., y compris dans des œuvres formalistes et duchampiennes comme According to What (1964, coll. privée, New York).

Pendant les années 1970, la réserve angoissée semble l'emporter, avec l'exploration formelle et systématique de deux motifs abstraits, dallages et hachures, qui sont arrangés en polyptyques complexes selon des agencements savants qui délimitent une forme d'espace abstrait – cylindrique ou sphérique – né du plan. Mais, de ce plan creusé par la structure, franchissant avec difficulté la grille des hachures, le corps et le moi resurgissent, par exemple dans la série TantricDetail (1980-1981), sous la forme d'un crâne et d'un sexe tronqués évoquant des préoccupations existentielles chez l'artiste.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
  • : agrégé, docteur de troisième cycle, maître de conférences à l'université de Pau, directeur du Centre intercritique des arts du domaine anglophone

Classification

Pour citer cet article

Encyclopædia Universalis et Bertrand ROUGÉ. JOHNS JASPER (1930- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 26/02/2015

Média

Jasper Johns et Leo Castelli - crédits : Sam Falk/ New York Times Co./ Archive Photos/ Getty Images

Jasper Johns et Leo Castelli

Autres références

  • ÉTATS-UNIS D'AMÉRIQUE (Arts et culture) - Les arts plastiques

    • Écrit par , , et
    • 13 464 mots
    • 22 médias
    ...baie de San Francisco (Bay Area Figurative Art). Les plus critiques enfin, ceux qui connaîtront la postérité la plus grande à travers le pop art, Jasper Johns et Robert Rauschenberg, manifestent dans des tableaux peints à l'aide de matériaux trouvés et assemblés, recouverts souvent d'une peinture...
  • IMPERSONNALITÉ EN ART

    • Écrit par
    • 1 118 mots

    L'idée d'impersonnalité renvoie d'abord à celle d'anonymat : il arrive qu'on ne sache quel nom mettre sous une toile ; on s'efforce alors de rattacher l'œuvre à un atelier, à une école, à une époque. C'est affaire d'attribution : les experts veillent, ne serait-ce que pour dépister les faussaires....

  • NEW YORK ÉCOLE DE

    • Écrit par
    • 1 578 mots
    • 1 média
    Une nouvelle génération, dont Robert Rauschenberg et Jasper Johns, pleinement consciente de l'autosatisfaction et du maniérisme dans lesquels sombraient les suiveurs de la première génération de l'école de New York, va remettre en question le mode d'expression lié à la révolte purement physique de...
  • POP ART

    • Écrit par
    • 3 816 mots
    • 3 médias
    Jasper Johns réintroduit le figuratif dans la peinture (Flag, 1954-1955). Drapeaux, cibles, cartes, plats comme la toile, sont déjà des signes : ils cernent les ambiguïtés de la peinture et contestent le lien entre abstraction et planéité picturale, considéré par le critique Clement Greenberg...