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INTOXICATIONS

Formes d'intoxications

On doit séparer les intoxications aiguës provoquées par la pénétration unique et massive d'un poison dans l'organisme et les intoxications chroniques dans lesquelles les apports se font par petites quantités non toxiques prises isolément, mais dont la répétition pendant de longues périodes peut occasionner des phénomènes toxiques, voire la mort.

Intoxications aiguës

Peu de signes cliniques permettent de faire un diagnostic certain d'intoxication. L'intoxiqué est éveillé ou au contraire plongé dans un coma plus ou moins profond. Tous les systèmes en fonction peuvent être atteints avec toutefois une certaine prédominance pour le système nerveux, pour l'appareil digestif si le poison a été ingéré, l'appareil respiratoire s'il a été inhalé, et les téguments s'il y a eu projection sur la peau. Mais il ne s'agit pas là d'une règle, car le rein, le cœur, le muscle sont parfois touchés.

De nombreux toxiques dépriment la respiration (morphine, barbituriques) et auront des répercussions pulmonaires quelle que soit la voie d'introduction. Le plus souvent l'intoxiqué est dans le coma, compliqué ou non de collapsus cardio-vasculaire, de détresse respiratoire, de crises convulsives ou de troubles métaboliques graves. De toute façon, il doit être transporté d'urgence dans un centre spécialisé (centre antipoison), par un personnel qualifié, doté du matériel nécessaire.

Intoxications chroniques

Le diagnostic d'une intoxication chronique est quelquefois extrêmement difficile si un fait particulier n'attire pas l'attention. Les signes cliniques sont rarement caractéristiques, et l'intoxication se traduit par des éruptions cutanées, des pigmentations caractéristiques, des modifications hématologiques, de l'insuffisance rénale, des troubles cardio-vasculaires et digestifs qu'il n'est pas toujours possible de rapporter à un toxique. La plupart du temps, s'il n'y a pas de preuves apportées par une enquête auprès du malade et de son entourage – ou celui du mort – familial ou professionnel, la certitude de l'intoxication résulte d'analyses toxicologiques.

Pendant longtemps, l'intoxication chronique a été d'origine avant tout criminelle, l'arsenic sous diverses formes étant l'arme de choix des empoisonneurs. Les débuts puis l'essor de l'industrialisation ont entraîné de nombreuses intoxications chroniques professionnelles (industrie du mercure, du plomb, du béryllium ; solvants organiques). L'efficacité des mesures de protection a fait baisser d'une manière spectaculaire le nombre de ces intoxications. La prohibition du plomb dans les revêtements muraux (peintures, papier-peint) et son élimination dans les tuyauteries d'adduction d'eau pour usage domestique ont fait reculer sinon disparaître le dangereux saturnisme. Le tri sélectif des piles électriques est entré dans les mœurs, mais le « vert-de-gris » résultant de l'oxydation du cuivre ne peut être facilement éliminé de nombreuse « niches » domestiques. À la suite des progrès de la chimie de synthèse, la consommation des médicaments a augmenté considérablement, et sont apparues des « maladies thérapeutiques » provoquées bien souvent par les sujets eux-mêmes qui absorbent sans contrôle des médicaments dont ils ignorent les effets nocifs. Les conséquences, parfois dramatiques, de telles négligences ont motivé la prise de mesures de protection des utilisateurs (dates de péremption des médicaments, notices dénonçant leurs effets pervers, mise en place de centres de pharmacovigilance).

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Pour citer cet article

Jacques-Robert BOISSIER et Claude PIVA. INTOXICATIONS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Risque chimique - crédits : Penny Tweedie/ Corbis Documentary/ Getty Images

Risque chimique

Toxiques industriels - crédits : Encyclopædia Universalis France

Toxiques industriels

Autres références

  • ALCOOLISME FŒTAL

    • Écrit par Chantal GUÉNIOT
    • 899 mots

    Depuis 2007, toutes les bouteilles d'alcool en France comportent un pictogramme pour mettre en garde les femmes enceintes sur les risques de la consommation d'alcool pour le fœtus. Bien qu'à peine visible, ce dessin a constitué une petite révolution dans notre pays viticole, en symbolisant le...

  • ALIMENTATION (Aliments) - Risques alimentaires

    • Écrit par Jean-Pierre RUASSE
    • 4 757 mots
    • 1 média
    Uncas particulier, remis en lumière par des intoxications graves, est celui de la contamination mercurielle liée à des déversements en mer de déchets industriels. Il est spécialement important parce qu'il met l'accent sur des phénomènes écologiques ignorés ou méprisés jusqu'alors. L'illustration...
  • ARSENIC, toxicologie

    • Écrit par Universalis
    • 255 mots

    L'arsenic entrait autrefois dans la composition de nombreux produits insecticides, raticides, pesticides comme de certaines peintures, papiers peints et céramiques.

    L'empoisonnement arsenical chez l'homme résulte souvent de l'ingestion ou de l'inhalation d'un insecticide contenant oxyde arsénieux,...

  • BARBITURIQUES

    • Écrit par A. M. HAZEBROUCQ
    • 1 036 mots

    Composés organiques dérivant de la malonylurée improprement appelée acide barbiturique en raison de la forme de ses cristaux « semblables à une lyre » (barbitos), les barbituriques constituent un groupe homogène tant sur le plan chimique que sur le plan pharmacologique. Leur action...

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