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INTELLIGENCE

Les courants qui ont marqué l'étude du problème

Depuis le moment où l'intelligence a commencé de faire l'objet d'une étude scientifique, c'est-à-dire en gros depuis la fin du xixe siècle, un certain nombre d'approches ont eu une influence déterminante sur la façon de poser le problème de l'intelligence.

Le débat sur l'origine des idées

Le débat qui a opposé, à propos de l'origine des idées, l'empirisme et l'idéalisme et qui s'est cristallisé dès l'Antiquité dans l'affrontement de l'aristotélisme et du platonisme se retrouve sous diverses formes dans l'histoire de la philosophie, en particulier dans le conflit entre les doctrines associationnistes qui ont eu l'audience la plus importante dans le monde anglo-saxon, et les doctrines aprioristes (Descartes, Kant) qui ont été dominantes en Europe occidentale. On a cru pouvoir trouver une réponse au niveau expérimental lorsque s'est imposée progressivement, vers la fin du xixe siècle, l'idée que l'étude des faits de conscience relevait de la méthode scientifique. Le postulat de base était que les démarches de l'intelligence ne pouvaient pas ne pas être transparentes à la conscience – la pensée étant, selon Descartes, ce qui se connaît le plus aisément – et qu'il suffisait d'une introspection contrôlée pour déterminer ce qui est véritablement présent à la conscience dans les opérations de l'intelligence. On a donc imaginé un ensemble de tâches simples : donner le contraire d'un mot, trouver un mot qui ait par rapport à un mot présenté la même relation que deux mots donnés, etc. On demandait au sujet d'indiquer, outre la solution, le processus mental qui lui permettait d'aboutir à cette solution. L'objectif était de déterminer si le contenu de l'acte de penser était composé seulement d'images ou s'il y avait quelque chose d'autre, une attitude, une orientation de pensée (Einstellung). En fait, le débat tourna court, car certains sujets étaient capables de déceler la présence d'images dans l'élaboration de la solution ; d'autres concluaient à la présence d'une attitude de pensée irréductible aux images, et il se révéla impossible de déterminer si l'échec des seconds à déceler des images provenait de l'absence effective d'images ou d'un entraînement insuffisant à l'observation intérieure. Si le résultat de ces recherches fut mince, leur influence fut importante, car l'idée subsista que les activités de l'intelligence relevaient de l'étude expérimentale, et l'on commença alors à s'interroger sur le bien-fondé de la méthode introspective.

La psychologie animale et le behaviorisme

Une impulsion déterminante fut donnée par l'étude de la façon dont l'animal résolvait des problèmes élémentaires tels que trouver le mécanisme permettant d'ouvrir une boîte dans laquelle il se trouvait enfermé (E. L. Thorndike), utiliser un instrument pour atteindre un appât (W. Köhler). Il apparut alors que l'intelligence pouvait être abordée à partir de la seule étude du comportement de solution (nature des différentes tentatives de solution, temps nécessaire à la solution, etc.) et il sembla tout naturel d'appliquer la même méthode à l'étude de l'intelligence humaine. On proposa donc des problèmes analogues à de jeunes enfants, des problèmes plus complexes à des adultes, en s'attachant essentiellement, sinon uniquement, à l'étude des comportements mis en œuvre pour tenter d'aboutir à la solution.

En même temps qu'une méthode, ce mouvement, connu sous le nom de behaviorisme (étude du comportement), apportait une théorie. La découverte de la solution, de plus en plus rapide au fur et à mesure des essais[...]

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Pour citer cet article

Jean-François RICHARD. INTELLIGENCE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE

    • Écrit par David SANDER
    • 404 mots

    Même si l’idée d’un rapport dynamique entre l’intelligence et les émotions existait déjà dans la littérature, Daniel Goleman a popularisé la notion d’intelligence émotionnelle dans le monde de la recherche mais également dans de nombreuses sphères de la société (monde du travail ou du développement...

  • ATTITUDE

    • Écrit par Raymond BOUDON
    • 4 175 mots
    • 2 médias
    ...sociologues bénéficiaient d'un précédent dans le domaine de la psychologie, celui de Spearman, qui avait publié, en 1904, un article intitulé « General Intelligence, Objectively Determined and Measured ». En effet, l'intelligence ne peut, elle non plus, être observée. La logique de la procédure de Spearman...
  • BINET ALFRED (1857-1911)

    • Écrit par Jacques PERSE
    • 1 368 mots
    • 1 média
    ...cette orientation pédagogique et de la méthode expérimentale que se situe l'œuvre de Binet à laquelle est surtout resté attaché son nom : l' échelle d' intelligence. En 1895 avait paru sous la signature de Binet et Henri un article qui est considéré comme l'acte de naissance de la psychologie différentielle...
  • BINET-SIMON TEST DE

    • Écrit par Jean-François RICHARD
    • 484 mots

    Le nom d'Alfred Binet reste attaché à la première échelle de développement intellectuel dont l'emploi ait été généralisé. La première version, parue en 1905 et élaborée avec la collaboration de Théodore Simon, a donné lieu à plusieurs remaniements aux États-Unis par Terman en 1918 et 1938, puis...

  • BUDDHI

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 328 mots

    Le terme sanskrit « buddhi » désigne l'intelligence dans la psychologie de l'hindouisme. Selon les données traditionnelles du brahmanisme, l'homme se compose de quatre éléments qui sont autant de modalités de son être propre : le corps, la pensée, l'intelligence, l'âme. Ce dernier...

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Voir aussi