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INTELLIGENCE

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L'intelligence de l'homme et celle de la machine

La question des rapports entre l'intelligence humaine et l'intelligence de la machine soulève des débats passionnés, qui souvent restent purement idéologiques. Il convient d'abord de se demander pourquoi on voit là un problème. La raison semble simple. Comme on l'a dit plus haut, l'intelligence est définie par différence : différence soit par rapport aux autres espèces, soit par rapport aux semblables (ainsi s'explique la conception de l'intelligence comme mesure d'excellence, qui est à la base de la psychométrie). Il y a un problème parce que l'homme voit reculer constamment les limites de sa spécificité. On pensait que raisonner était le propre de l'homme, or la machine peut désormais démontrer des théorèmes ; on pensait que trouver des solutions inédites restait son privilège, or les machines commencent à le faire. On peut se consoler en pensant que l'homme a, au moins, en propre de pouvoir apprendre et d'être capable de modifier ses modes de pensée. Mais cela même n'est plus très sûr, dès lors que l'on commence à concevoir et à réaliser des programmes dans lesquels sont introduits des principes qui permettent de modifier leurs connaissances et leur fonctionnement.

Exprimée en ces termes, la question devient un faux problème. Inévitablement, mieux l'homme connaîtra son propre fonctionnement et plus reculeront les limites de ce que l'on appelle l'intuition. Les programmes seront plus performants, puisque la gamme des mécanismes de traitement se trouvera enrichie et que, par ailleurs, la machine ne souffre pas des mêmes limitations que l'homme (en particulier, du côté de la capacité de la mémoire de travail). Mais, à la vérité, nul ne peut dire ce qu'est l'intelligence de l'homme ni ce qu'est celle de la machine, car précisément elles évoluent l'une et l'autre. L'intelligence de la machine évolue grâce à l'homme, cela va sans dire. Mais, réciproquement, l'intelligence de l'homme évolue grâce à la machine : de nouveaux modes de pensée se développent sous l'influence de ce que l'on peut faire faire par la machine. Dès maintenant, l'approche des problèmes de combinatoire et de calcul numérique est profondément modifiée par l'utilisation des ordinateurs. Plus généralement, on peut considérer que, jusqu'à présent, ont été privilégiées les connaissances concernant la structure des systèmes, donc les connaissances relationnelles, dont les axiomatiques mathématiques sont l'exemple le plus achevé. On n'avait pas jusque-là de bon outil pour penser le fonctionnement des systèmes : les techniques de simulation constituent une révolution qui probablement prépare de nouvelles formes de pensée.

— Jean-François RICHARD

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Pour citer cet article

Jean-François RICHARD. INTELLIGENCE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE

    • Écrit par
    • 404 mots

    Même si l’idée d’un rapport dynamique entre l’intelligence et les émotions existait déjà dans la littérature, Daniel Goleman a popularisé la notion d’intelligence émotionnelle dans le monde de la recherche mais également dans de nombreuses sphères de la société (monde du travail ou du développement...

  • ATTITUDE

    • Écrit par
    • 4 175 mots
    • 2 médias
    ...sociologues bénéficiaient d'un précédent dans le domaine de la psychologie, celui de Spearman, qui avait publié, en 1904, un article intitulé « General Intelligence, Objectively Determined and Measured ». En effet, l'intelligence ne peut, elle non plus, être observée. La logique de la procédure de Spearman...
  • BINET ALFRED (1857-1911)

    • Écrit par
    • 1 368 mots
    • 1 média
    ...cette orientation pédagogique et de la méthode expérimentale que se situe l'œuvre de Binet à laquelle est surtout resté attaché son nom : l' échelle d' intelligence. En 1895 avait paru sous la signature de Binet et Henri un article qui est considéré comme l'acte de naissance de la psychologie différentielle...
  • BINET-SIMON TEST DE

    • Écrit par
    • 484 mots

    Le nom d'Alfred Binet reste attaché à la première échelle de développement intellectuel dont l'emploi ait été généralisé. La première version, parue en 1905 et élaborée avec la collaboration de Théodore Simon, a donné lieu à plusieurs remaniements aux États-Unis par Terman en 1918 et 1938, puis...

  • BUDDHI

    • Écrit par
    • 328 mots

    Le terme sanskrit « buddhi » désigne l'intelligence dans la psychologie de l'hindouisme. Selon les données traditionnelles du brahmanisme, l'homme se compose de quatre éléments qui sont autant de modalités de son être propre : le corps, la pensée, l'intelligence, l'âme. Ce dernier...

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