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INTELLIGENCE

Les conceptions de l'intelligence

On peut distinguer trois grandes approches de l'intelligence, qui ont abouti à trois conceptualisations : d'abord la psychométrie, ensuite la théorie structurale de Jean Piaget, enfin le traitement de l'information.

L'approche psychométrique est la plus ancienne. Elle consiste à définir les composantes de l'intelligence à partir de l'étude des différences interindividuelles. Les données de base, les performances aux tests, sont analysées au moyen de l'analyse factorielle, qui consiste à rechercher un système d'axes orthogonaux tels qu'on puisse situer par rapport à eux les différentes épreuves d'une manière qui rende compte des corrélations qu'elles ont entre elles. Les tests utilisent des questions simples, aisément quantifiables, et font l'objet d'une analyse extensive et comparative. Cette méthode a permis de dégager un certain nombre de composantes (ou facteurs) de l'intelligence : un facteur général, qui reflète le type de compétence commun aux différentes épreuves et qui est le mieux représenté par des épreuves de découverte et de combinaison de relations, des facteurs spécifiques, par exemple les facteurs verbal, numérique, spatial.

L'approche différentielle de l'intelligence met l'accent actuellement sur ce qu'on appelle les styles cognitifs. Ce sont des caractéristiques qui concernent le fonctionnement cognitif plutôt que des compétences spécifiques. Ainsi, la notion de dépendance-indépendance à l'égard du champ définit une attitude globaliste et une attitude analytique dans l'abord des situations. Dans le premier cas, l'attention est centrée sur la configuration globale des éléments, lesquels ne sont pas considérés indépendamment du contexte des autres éléments. La seconde attitude vise plutôt à distinguer, à isoler des éléments, dont on recherche ensuite comment ils sont reliés.

Selon la théorie structurale de Piaget, l'activité intelligente a sa source dans l'action : l'acte mental est une action intériorisée, une action réalisée virtuellement, représentée. À l'égal de l'action matérielle, une action mentale est une transformation qui fait passer d'un état de départ à un état terminal. Ce qui caractérise chaque stade de développement, c'est la façon dont sont organisées les actions mentales. Le moment décisif est celui où l'action mentale devient réversible, c'est-à-dire le moment où, à la transformation de la réalité que définit cette action, est associée la transformation inverse qui permet de revenir mentalement au point de départ. Cela suppose que les actions aient une structure analogue à la structure mathématique de groupe : il faut composer l'action directe avec l'action inverse pour obtenir l'opération nulle, de même que, lorsqu'on ajoute un nombre et son opposé, le résultat est équivalent à celui de l'opération nulle. C'est par l'existence de cette structure que Piaget explique l'acquisition de la notion de conservation où l'action directe et l'action inverse sont coordonnées entre elles et apparaissent comme les deux faces d'une même action.

Piaget distingue trois stades principaux : le stade de l'intelligence intuitive, caractérisé par l'absence de la notion de conservation ; le stade des opérations concrètes, qui se distingue du stade final, le stade des opérations formelles, en ce que les opérations peuvent porter seulement sur des objets matériels mais non sur des objets symboliques. La méthode d'investigation privilégiée par Piaget est l'entretien clinique, qui vise à faire un diagnostic des formes de raisonnement et permet un examen approfondi des cas individuels.

L'approche du traitement de l'information consiste à voir[...]

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Pour citer cet article

Jean-François RICHARD. INTELLIGENCE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • INTELLIGENCE ÉMOTIONNELLE

    • Écrit par David SANDER
    • 404 mots

    Même si l’idée d’un rapport dynamique entre l’intelligence et les émotions existait déjà dans la littérature, Daniel Goleman a popularisé la notion d’intelligence émotionnelle dans le monde de la recherche mais également dans de nombreuses sphères de la société (monde du travail ou du développement...

  • ATTITUDE

    • Écrit par Raymond BOUDON
    • 4 175 mots
    • 2 médias
    ...sociologues bénéficiaient d'un précédent dans le domaine de la psychologie, celui de Spearman, qui avait publié, en 1904, un article intitulé « General Intelligence, Objectively Determined and Measured ». En effet, l'intelligence ne peut, elle non plus, être observée. La logique de la procédure de Spearman...
  • BINET ALFRED (1857-1911)

    • Écrit par Jacques PERSE
    • 1 368 mots
    • 1 média
    ...cette orientation pédagogique et de la méthode expérimentale que se situe l'œuvre de Binet à laquelle est surtout resté attaché son nom : l' échelle d' intelligence. En 1895 avait paru sous la signature de Binet et Henri un article qui est considéré comme l'acte de naissance de la psychologie différentielle...
  • BINET-SIMON TEST DE

    • Écrit par Jean-François RICHARD
    • 484 mots

    Le nom d'Alfred Binet reste attaché à la première échelle de développement intellectuel dont l'emploi ait été généralisé. La première version, parue en 1905 et élaborée avec la collaboration de Théodore Simon, a donné lieu à plusieurs remaniements aux États-Unis par Terman en 1918 et 1938, puis...

  • BUDDHI

    • Écrit par Jean VARENNE
    • 328 mots

    Le terme sanskrit « buddhi » désigne l'intelligence dans la psychologie de l'hindouisme. Selon les données traditionnelles du brahmanisme, l'homme se compose de quatre éléments qui sont autant de modalités de son être propre : le corps, la pensée, l'intelligence, l'âme. Ce dernier...

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