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HYDROGÈNE (physique)

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L’antihydrogène

Une des prédictions les plus étonnantes de la physique quantique est l’existence de l’« antimatière », cette forme de matière très semblable à la matière ordinaire, mais susceptible de s’annihiler lors de ses rencontres avec elle. Mises en évidence par la découverte de l’antiélectron, le positron (ou positon) parmi les rayons cosmiques en 1932, puis de l’antiproton et de l’antineutron en 1955, les antiparticules sont maintenant couramment fabriquées dans les expériences de physique des particules et même utilisées dans des faisceaux de positrons ou d’antiprotons accélérés jusqu’à des énergies considérables.

La découverte d’antiparticules élémentaires ne signe cependant pas l’existence des antiatomes prévus par la physique quantique. Leur découverte est plus tardive et concerne également l’atome d’hydrogène. En septembre 1995, une équipe de physiciens allemands et italiens utilisant un des accélérateurs du Cern de Genève fabriqua quelques antiatomes d’hydrogène à partir des antiparticules du proton et de l'électron. En envoyant des bouffées d'antiprotons de faible énergie à travers un jet de xénon, ils tiraient profit du fait que ce processus y crée parfois une paire formée d’un électron et d’un positron, et que ce dernier peut occasionnellement avoir une vitesse suffisante permettant sa capture par un antiproton de cette même bouffée. Trois semaines de prises de données ont ainsi permis de signer la propagation de neuf antiatomes d'hydrogène sur une dizaine de mètres, et pendant environ quarante milliardièmes de seconde. Le rapport entre la masse et la charge a été mesuré avec une grande précision, et le spectre de l’antihydrogène a été étudié, sans qu’aucune anomalie ne soit observée par rapport à l’hydrogène « normal ». Confirmée en 1996 par une équipe américaine du laboratoire national Fermi, près de Chicago, cette découverte a ouvert l’étude des antiatomes, comme l’antihélium 3, et permis d’effectuer des tests cruciaux des concepts de base de la physique actuelle. Les recherches se poursuivent pour élucider si la gravitation agit de la même façon sur un atome et sur un antiatome.

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS, centre de physique théorique de l'École polytechnique, Palaiseau

Classification

Pour citer cet article

Bernard PIRE. HYDROGÈNE (physique) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 27/09/2022

Médias

Interprétation des raies du spectre de l’hydrogène - crédits : Encyclopædia Universalis France

Interprétation des raies du spectre de l’hydrogène

Les modèles successifs de l’atome - crédits : Encyclopædia Universalis France

Les modèles successifs de l’atome

Expérience de Rutherford - crédits : Encyclopædia Universalis France

Expérience de Rutherford

Autres références

  • DÉCOUVERTE DE L'HYDROGÈNE PAR CAVENDISH

    • Écrit par
    • 728 mots

    L’article envoyé en mai 1766 par l’honorable Henry Cavendish (1731-1810) à la Royal Society, dont il est membre, décrit de façon magistrale la découverte d’un gaz léger s’échappant de certaines réactions chimiques : l’hydrogène. Ces travaux, publiés dans la livraison datée du 1...

  • ACIDO-BASIQUE ÉQUILIBRE

    • Écrit par
    • 2 955 mots
    • 1 média
    L'apport alimentaire en ions hydrogène H+ est essentiellement représenté par les amino-acides introduits par les protéines (10 g de protéines libèrent 6 à 7 milliéquivalents d'ions H+).
  • AMMONIAC

    • Écrit par
    • 5 033 mots
    • 5 médias
    L'action des sels d'ammonium sur les métaux dans l'ammoniac liquide est semblable à celle des acides en phase aqueuse : on obtient un sel du métal attaqué et un dégagement d'hydrogène :
  • ARCHÉES ASGARD

    • Écrit par
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    • 3 médias
    ...avec une bactérie sulfato-réductrice du genre Desulfovibrio et une archée productrice du méthane du genre Methanogenium. L’archée Loki produit de l’hydrogène qui est utilisé par la bactérie pour produire du sulfure d’hydrogène et par Methanogenium pour produire du méthane. Hiroyuki Imachi...
  • ASTROCHIMIE

    • Écrit par et
    • 4 388 mots
    • 3 médias
    Avec ses 99,999 p. 100 d'hydrogène et d'hélium, le gaz interstellaire est une mixture fort homogène. L'essentiel des éléments chimiques, fabriqués par les étoiles – à commencer par le carbone, l'azote et l'oxygène –, n'y sont présents que dans un rapport d'au mieux 3 pour...
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