HONGRIE
Nom officiel |
Hongrie (HU) |
Chef de l'État |
János Áder (depuis le 10 mai 2012) |
Chef du gouvernement |
Viktor Orbán (depuis le 29 mai 2010) |
Capitale |
Budapest |
Langue officielle |
Hongrois |
Unité monétaire |
Forint (HUF) |
Population (estim.) | 9 672 000 (2021) |
Superficie | 93 023 km² |
La Hongrie sous le communisme (1945-1989)
Le fait d'avoir de 1941 à 1944 (et même au-delà) combattu aux côtés de l'Allemagne nazie a livré la Hongrie, pays vaincu, à la puissance soviétique. S'y installant dès l'automne de 1944, les Soviétiques ont dans un premier temps (1945-1948) toléré qu'il y règne une relative liberté sous la forme d'un parlementarisme à l'occidentale, encore que le nouveau régime ait dû se plier à la volonté de la puissance occupante et concéder des privilèges exorbitants à un Parti communiste agissant de concert avec Moscou. Mais, dès 1947, les forces non communistes du pays ont subi d'immenses pressions tant du côté des Soviétiques que de la part des communistes locaux et finirent par être liquidées les unes après les autres. L'année 1949 vit la proclamation d'une « république populaire » à la soviétique qui devait durer quarante ans.

Morts pour la liberté
Jack Esten/ Picture Post/ Getty Images
Morts pour la liberté
Des journalistes occidentaux sont témoins de la brutalité avec laquelle les troupes soviétiques…
Jack Esten/ Picture Post/ Getty Images
L'histoire de la Hongrie communiste a été marquée par un soulèvement général (automne de 1956) qui a fortement impressionné les Soviétiques comme d'ailleurs le monde occidental et asiatique, peu habitué jusque-là à voir un peuple tout entier se révolter contre le communisme. Pendant les trois décennies suivantes, les Hongrois ont réussi à arracher à Moscou des concessions leur permettant d'aménager le système de façon à le rendre à la fois plus viable et plus supportable. D'aucuns ont comparé cet aménagement au compromis de 1867 ; cependant, à la différence de celui-ci, les tolérances obtenues après 1956 n'ont pas été négociées dans la clarté ni inscrites dans les lois du pays.
En dépit de cette situation exceptionnelle qui fit de leur pays pendant un quart de siècle (1964-1989) la « vitrine » du monde soviétique, les Hongrois devaient être en 1989 les premiers, avec les Polonais, à rejeter le communisme et à se donner à nouveau un système institutionnel s'inspirant des principes de la démocratie occidentale.
La mise en place de la domination communiste
Dès l'automne de 1944, les Soviétiques, s'emparant de l'est et du nord-est de la Hongrie, s'emploient à y constituer un rassemblement politique antiallemand et antifasciste avec l'aide des personnalités de gauche et des généraux ayant déserté l'alliance allemande. Sous l'impulsion des communistes moscovites arrivés avec les troupes soviétiques et mandatés par le Kremlin, un Parlement provisoire est créé à Debrecen, qui « désigne », le 21 décembre 1944, un gouvernement provisoire conformément à la liste arrêtée peu avant à Moscou par Molotov et ses collaborateurs. Ce gouvernement sera présidé par un partisan de l'amiral Horthy, le général Béla Miklós, militaire de carrière sans envergure et sans assise politique. Après la signature de l'armistice, le 20 janvier 1945 à Moscou, et à mesure que les troupes allemandes sont chassées du territoire hongrois, ce gouvernement provisoire commence à prendre forme ; il s'installe dans la capitale et essaye de remettre en marche une administration décomposée par la fin de la guerre et l'occupation du pays. Au printemps de 1945, une réforme agraire de grande envergure est décidée et immédiatement mise en application en dépit des réserves des partis modérés. Le Parti communiste, considéré comme le porte-parole des forces d'occupation, s'installe un peu partout et s'assure surtout des postes clés dans la police et les forces armées.

Arpad Szakasits et Mátyas Rákosi , 1948
Charles Falus/ Getty Images
Arpad Szakasits et Mátyas Rákosi , 1948
Le chef du Parti social-démocrate Arpad Szakasits (1888-1965) et le leader du Parti communiste…
Charles Falus/ Getty Images
Mais, de la volonté même des Soviétiques, le jeu politique garde encore certaines apparences d'ouverture. Les élections législatives du 4 novembre 1945 consacrent la victoire du parti modéré, celui des « petits propriétaires indépendants », qui obtient 57 % des suffrages. Sous la pression du maréchal Vorochilov, président omnipotent de[...]
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Écrit par
- Jean BÉRENGER : professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Lorant CZIGANY : professeur à l'université de Londres (Royaume-uni)
- E.U. : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
- Albert GYERGYAI : professeur honoraire à la faculté des lettres de Budapest
- Pierre KENDE : directeur de recherche au C.N.R.S.
- Edith LHOMEL : chargée de cours à l'Institut d'études européennes de l'université de Paris-VIII, analyste-rédactrice aux éditions de la Documentation française
- Marie-Claude MAUREL : directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
- Fridrun RINNER : professeur des Universités
Classification
Pour citer cet article
Jean BÉRENGER, Lorant CZIGANY, E.U., Albert GYERGYAI, Pierre KENDE, Edith LHOMEL, Marie-Claude MAUREL, Fridrun RINNER, « HONGRIE », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Média

Hongrie : carte physique
Encyclopædia Universalis France
Hongrie : carte physique
Carte physique de la Hongrie.
Encyclopædia Universalis France
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- GRÓSZ KÁROLY (1930-1996)
- HEGEDÜS ANDRÁS (1922-1999)
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