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HÉSYCHASME

Du mot grec hésychia, qui, dans l'hellénisme chrétien, désigne le « silence » et la « paix » de l'union à Dieu, l'hésychasme consiste en une méthode ascétique et mystique, « art des arts et science des sciences », qui est au cœur de la spiritualité de l'Église orthodoxe. Il s'agit de « désinvestir » la conscience du flot des logismoï (images et pensées « passionnelles », idolâtriques) pour la « faire descendre » dans le « cœur », qui est le centre d'intégration potentiel de l'être total et que le baptême a uni à l'humanité déifiée et déifiante du Christ. Alors, l'hésychaste prend conscience — d'une manière opérative — de la « grâce baptismale », de l'« énergie divine » présente à la racine même de son être.

Cette unification de l'homme-en-Christ utilise l'invocation du nom de Jésus sur le rythme de la respiration et, finalement, celui du cœur, car le corps de l'homme a été créé pour devenir le « temple du Saint-Esprit ». D'où le nom de « prière de Jésus » ou « prière du cœur » donné à cette méthode, véritable analogue de certaines méthodes asiatiques (dhikr musulman, japa-yoga hindou, nembutsu japonais), mais analogue chrétien (en effet, la perspective est celle d'une communion personnelle avec Dieu).

L'hésychasme — dont les racines bibliques et surtout johanniques sont évidentes — est attesté dès les origines du monachisme, aux iiie et ive siècles ; il s'affirme au Sinaï, avec saint Jean Climaque, au viie siècle, puis connaît deux grandes renaissances à partir de l'Athos, l'une au xive siècle, l'autre autour de 1800. À l'époque actuelle, avec la dispersion orthodoxe, la « prière de Jésus » se répand dans beaucoup de milieux occidentaux, provoquant un discret mais profond « œcuménisme des contemplatifs ». En témoigne notamment la publication entreprise, dans la collection Spiritualité orientale, des textes fondamentaux de la tradition hésychaste.

— Olivier CLÉMENT

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris

Classification

Pour citer cet article

Olivier CLÉMENT. HÉSYCHASME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ASCÈSE & ASCÉTISME

    • Écrit par Michel HULIN
    • 4 668 mots
    • 1 média
    ...jaculatoires et contrôle du souffle sont associés d'une manière originale. Les notions d'apatheïa, ou indifférence au monde, et d'hésychia, ou silence de la pensée dans l'attente de Dieu, résument symboliquement cette orientation de la spiritualité connue sous le nom d' hésychasme.
  • ATHOS MONT

    • Écrit par Olivier CLÉMENT
    • 1 038 mots
    • 3 médias
    ...ermitages et des skites (qui groupent quelques disciples autour d'un maître librement choisi). Ainsi se transmet, par vivantes étapes d'initiation, la « science secrète » des « silencieux » (hésychastes) qui font « descendre l'esprit dans le cœur » pour devenir, de tout leur être, « prière...
  • BARLAAM LE CALABRAIS (1290 env.-1350)

    • Écrit par Jean GOUILLARD
    • 566 mots

    Théologien de l'Église d'Orient, adversaire de Grégoire Palamas dans la querelle sur l'hésychasme. Né à Seminara, en Calabre, de parents orthodoxes, Barlaam se trouve, en 1330 environ, à Constantinople. Protégé du grand domestique Jean Cantacuzène, il commente, au monastère du Saint-Sauveur,...

  • BULGARIE

    • Écrit par Roger BERNARD, André BLANC, Christophe CHICLET, Nadia CHRISTOPHOROV, Universalis, Jack FEUILLET, Vladimir KOSTOV, Edith LHOMEL, Robert PHILIPPOT
    • 26 995 mots
    • 12 médias
    ...sous le règne de son fils Ivan Chichman (1371-1393). C'est également dans les premières années du règne d'Ivan Alexandre que prit racine en Bulgarie l' hésychasme, mouvement mystique venu de Grèce, qui bénéficia de la protection de ce souverain et triompha de certaines tendances plus rationalistes. L'hésychasme...
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Voir aussi