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BARLAAM LE CALABRAIS (1290 env.-1350)

Théologien de l'Église d'Orient, adversaire de Grégoire Palamas dans la querelle sur l'hésychasme. Né à Seminara, en Calabre, de parents orthodoxes, Barlaam se trouve, en 1330 environ, à Constantinople. Protégé du grand domestique Jean Cantacuzène, il commente, au monastère du Saint-Sauveur, les œuvres du pseudo-Denys. Une joute dialectique avec Nicéphore Grégoras aurait tourné à sa confusion ; et c'est ce qui l'aurait amené à transférer son enseignement à Thessalonique. Quoi qu'il en soit, son crédit reste entier dans la capitale, puisqu'il est chargé, en 1334, de défendre devant les légats du pape les positions grecques sur la procession du Saint-Esprit et sur la primauté romaine. À cette fin, il compose vingt et un opuscules sur les points de divergence entre les deux Églises. Il y souligne l'infirmité de toute argumentation rationnelle en matière dogmatique, ce qui choque quelque peu son futur adversaire Grégoire Palamas.

Mais le conflit avec celui-ci ne fait que commencer. Barlaam a eu vent de pratiques qui ont cours dans les milieux hésychastes. Des moines prônent une posture et une technique respiratoire de prière qui, observées comme il faut, favorisent la vision de la lumière divine, incréée, du Thabor. Le Calabrais ridiculise par écrit ces « omphalopsychiques », ces « gens qui ont l'âme au nombril » et prétendent avoir l'expérience physique de la nature divine. Le moine Palamas prend la défense de ses confrères. En 1339, Barlaam est chargé d'une mission à Avignon, auprès de Benoît XII, sollicité de promouvoir une croisade antiturque. À son retour, la controverse s'envenime. Palamas lance un manifeste qui engage l'Athos tout entier, le Tome hagioritique (1340). Barlaam, au nom de la raison et de l'orthodoxie, écrit son ouvrage Contre les Messaliens, dans lequel il assimile ses adversaires à une secte d'illuministes abhorrée des théologiens byzantins depuis un millénaire. Le synode patriarcal se saisit de l'affaire. Le 10 juin 1341, Barlaam doit demander pardon aux moines ; et bientôt ses écrits seront voués au feu.

Il gagne Avignon, embrasse la foi romaine, inverse dans de nouveaux traités ses positions sur le Filioque et la primauté. À temps perdu, il enseigne les rudiments du grec à Pétrarque. En 1342, il est promu évêque de Gerace (Calabre). En août 1346, il est envoyé en mission auprès d'Anne de Savoie, mère de Jean V Paléologue, mais il arrive trop tard pour agir utilement. En 1351, un an après sa mort, un grand synode palamite voue sa mémoire à un anathème perpétuel, ainsi que celle de son disciple Akyndinos.

Dans le débat auquel il a attaché son nom, Barlaam a fait figure de rationaliste et d'antimystique. Sa formation et son tour d'esprit ne lui consentaient pas d'autre parti, pas plus, d'ailleurs, que l'éclairage sous lequel il fut confronté à une certaine forme de mystique. En revanche, par son œuvre profane, il était bien à sa place dans la société byzantine contemporaine. Il a laissé, entre autres écrits, une Arithmétique, une Méthode pour déterminer la date de Pâques, une étude sur des chapitres apocryphes des Harmoniques de Ptolémée.

— Jean GOUILLARD

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Écrit par

  • : docteur ès lettres, directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section)

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Jean GOUILLARD. BARLAAM LE CALABRAIS (1290 env.-1350) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )