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GUERRE

Règles générales du droit de la guerre

Le déroulement de la guerre

Face au déroulement de la guerre, à son déclenchement avec ou sans déclaration officielle, à sa conduite et à sa fin, le droit s'est trouvé pris entre l'appel à la justice et une situation de violence.

Commencement de la guerre

Les peuples primitifs observent d'ordinaire certaines formalités quand il s'agit d'entreprendre une guerre, et les États des civilisations historiques non seulement exigeaient ces formalités, mais souvent ne considéraient la guerre comme juste que si le groupe qui en prenait l'initiative avait une cause suffisante et des motifs adéquats. Ils prohibaient parfois explicitement toute guerre en des lieux ou temps déterminés, comme faisait le Moyen Âge avec la paix et la trêve de Dieu.

Le droit international aux xviiie et xixe siècles abandonna les exigences de justice et considéra la guerre comme un fait qui commençait avec le premier acte hostile posé par un État souverain. Au xixe siècle, il admettait toutefois certaines exigences de justice dans le déclenchement d'hostilités hors guerre. Les représailles n'étaient tolérées que pour remédier à une injustice après l'échec des moyens pacifiques et à condition d'être proportionnées à l'injustice. Les hostilités défensives n'étaient admises que pour empêcher un dommage irréparable au territoire d'un État, à ses représentants ou à ses nationaux, à condition de s'en tenir à ce qui était strictement nécessaire.

Au xxe siècle, les efforts pour réglementer le déclenchement de la guerre tinrent de tous les procédés antérieurs. La première convention de La Haye (1899) reconnut qu'il était de l'intérêt de tous les membres d'empêcher l'éclatement de la guerre, et la troisième convention de La Haye en 1907 exigea une déclaration ou un ultimatum avec délai avant l'ouverture des hostilités. Nombre de traités déclarèrent neutres certaines zones ou certains États, et les traités « d'apaisement » prohibaient la guerre pendant un laps de temps déterminé, au cours duquel les États en litige étaient tenus d'essayer la conciliation. La convention de la Société des Nations, le pacte Briand-Kellogg, et la charte des Nations unies comportent des interdictions générales quant au déclenchement de la guerre. Les hostilités devenaient illégales du point de vue du droit international, sauf si elles étaient autorisées par des circonstances juridiquement précises, telles les hostilités engagées sous l'égide des Nations unies ou pour remplir des obligations assumées par la ratification de la charte.

Conduite de la guerre

Grotius - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Grotius

Longtemps, les spécialistes du droit international, tel Balthazar Ayala (1548-1584), ne distinguèrent pas nettement les règles de stratégie et de tactique, les règles de discipline et les règles de droit international relatives par exemple au traitement des prisonniers de guerre et au respect des pavillons de trêve. Grotius, en revanche, distingua entre ce qui était permis à un belligérant du fait de la nature même de la guerre et ce qui était souhaitable si l'on prenait davantage en considération la moralité, l'humanité et l'intérêt commun aux deux parties. La distinction de Grotius est admise aujourd'hui dans le droit de la guerre, codifiée dans les conventions de La Haye et de Genève, et développée par la pratique, le commentaire juridique et la jurisprudence. Ces règles autorisent un belligérant à exercer certains pouvoirs extraordinaires, qui débordent ceux dont jouit un État en temps de paix : envahir et occuper le territoire ennemi, détruire les forces adverses, réquisitionner et confisquer certains types de biens ennemis, inspecter, saisir et condamner certains types de biens neutres en mer. L'exercice de tels pouvoirs est considéré comme « nécessités militaires ». Le droit de la guerre, cependant,[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne
  • : auteur de Law in Diplomacy
  • : professeur à l'Institut universitaire de hautes études internationales, Genève
  • : emeritus professor of international law, université de Chicago

Classification

Pour citer cet article

Jean CAZENEUVE, P. E. CORBETT, Victor-Yves GHEBALI et Q. WRIGHT. GUERRE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Premiers canons - crédits : British Library/ AKG-images

Premiers canons

Destruction de l'aviation égyptienne au début de la guerre de Six Jours - crédits : Central Press/ Getty Images

Destruction de l'aviation égyptienne au début de la guerre de Six Jours

Pacte Briand-Kellogg - crédits : Keystone/ Getty Images

Pacte Briand-Kellogg

Autres références

  • BOUTHOUL GASTON (1896-1980)

    • Écrit par Hervé SAVON
    • 1 271 mots

    Juriste et sociologue, docteur en droit et docteur ès lettres, Gaston Bouthoul aurait pu s'engager dans une carrière universitaire classique qui eût été assurément brillante. Mais ce non-conformiste tranquille a craint d'aliéner ainsi une trop grande part de sa liberté. Entré au barreau (il fut notamment...

  • CALLIGRAMMES, Guillaume Apollinaire - Fiche de lecture

    • Écrit par Guy BELZANE
    • 1 627 mots
    ...du recueil, signalée par son titre même, on ne saurait tenir pour secondaires les circonstances de sa rédaction, et, de fait, sa thématique centrale – la guerre – dont Apollinaire donne une vision profondément originale. À sa parution et plus encore dans les années qui ont suivi, Calligrammes n’a...
  • CHASSEURS-CUEILLEURS (archéologie)

    • Écrit par Jean-Paul DEMOULE
    • 4 727 mots
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    ...Néolithique, quand apparaissent la fortification des villages et la création d’armes ad hoc. Dans les observations ethnographiques, la fréquence de la guerre semble varier suivant les régions et relever souvent de la vendetta, d’autant qu’elle ne met aux prises que quelques dizaines de combattants. En...
  • CLAUSEWITZ KARL VON (1780-1831)

    • Écrit par André GLUCKSMAN
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    Savoir rassembler ses forces, tout subordonner à la nécessité d'obtenir une victoire décisive, telle est la condition première de toute stratégie efficace et rationnelle. Chaque guerre est recherche de la décision, le moyen de cette décision est l'épreuve de force (réelle ou potentielle). « Cette unicité...
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Voir aussi