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GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) Langue et littérature

Si abondante qu'elle soit par les œuvres conservées, si étendue qu'elle ait été dans le temps, puisqu'elle s'étale du viiie siècle avant J.-C. au vie siècle de notre ère, la littérature grecque ancienne s'est concentrée essentiellement – à une exception majeure près, celle d'Homère – sur une courte période, le ve siècle avant J.-C., et sur la seule terre privilégiée de l'Attique : c'est là, et alors, que naissent la plupart des chefs-d'œuvre ; après une brève floraison, presque tous les genres s'y épuisent. Certes, en ondes concentriques, l'écho s'en répercute bien au-delà des murs d'Athènes et du siècle de Périclès, jusque dans la littérature latine d'abord, jusque dans une bonne partie de la littérature occidentale ensuite ; mais l'important a été dit. Le succès de cette littérature s'explique avant tout par l'intérêt qu'elle a porté à l'homme et au sens de sa destinée. Si elle n'a pas résolu toutes les questions, du moins les a-t-elle presque toujours posées correctement. Mais son rationalisme l'a poussée à idéaliser certains aspects essentiels de l'être humain, tandis qu'elle négligeait l'importance des sentiments individuels. Ombres sans doute, mais surtout lumières d'un des moments les plus exaltants de l'histoire de l'humanité. Deux mouvements complémentaires y évoluent parallèlement : d'une part, la poésie, recherchée dans sa langue et étroitement subordonnée dans sa forme à la musique, dont hélas ! on ne perçoit presque rien ; de l'autre, la prose, faite pour être lue – et goûtée – à voix haute. Mais, en toutes deux, l'art se veut présent.

— Joseph MOGENET

La langue grecque est une langue indo-européenne, c'est-à-dire qu'elle appartient à ce grand groupe de parlers qui s'étend du sanskrit à l'irlandais, en comprenant la plupart des idiomes d'Europe, notamment l'italique (avec le latin), les langues slaves et les langues germaniques. Les peuples qui parlaient le grec vinrent du Nord et firent leur apparition dans l'histoire au cours du IIe millénaire. Ils durent trouver sur place une autre population, à laquelle ils empruntèrent un certain nombre de mots, qui ne sont pas indo-européens : de ce nombre furent surtout des mots concrets, correspondant à des réalités sans doute nouvelles pour eux – comme la mer ou l'olivier ; mais ces emprunts furent très limités.

Notre connaissance de cette langue remonte à une date fort ancienne. En effet, grâce à une découverte remarquable, qui eut lieu en 1953, on déchiffre aujourd'hui des documents écrits en grec dont les plus anciens appartiennent au IIe millénaire. On ignorait jusque-là leur contenu ; car ces documents, qui sont des tablettes d'argile trouvées dans les restes des anciens palais mycéniens, utilisent un syllabaire que personne ne savait lire et qui, au reste, s'adapte mal au grec (entre autres, il n'a pas la possibilité de noter les finales, si importantes dans la langue à flexion qu'est le grec) : le mérite revient à Michael Ventris et John Chadwick d'être arrivés, en se fondant sur l'hypothèse qu'il s'agissait de grec, à percer le mystère de ce syllabaire et à livrer ainsi aux savants des données toutes neuves sur le grec le plus archaïque.

Ce premier système de notation du grec ne devait pas être très employé ; et il disparut avec la civilisation mycénienne. Après une période sombre, où l'écriture ne se pratiquait plus, les Grecs se donnèrent un alphabet adapté du phénicien – et encore en usage aujourd'hui. Les premiers témoignages de l'emploi de cet alphabet semblent remonter au milieu du viiie siècle avant J.-C.

Dans l'intervalle, la langue grecque avait vécu, s'était[...]

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Louvain
  • : ancienne élève de l'École normale supérieure, membre de l'Institut, professeur au Collège de France

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Eschyle - Athènes - crédits : Araldo de Luca/ Corbis/ Getty Images

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