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GÉRONTOLOGIE

Gérontologie clinique

La gérontologie clinique reste la base la plus solide de nos connaissances biologiques sur la vieillesse humaine, car le modèle animal est peu éclairant. Aucune espèce animale autre que l'homme n'a, en effet, réussi à allonger sa vie. Chez les homéothermes, les « longévités animales » ne sont constatées que sur l'animal « humanisé » (domestique ou de laboratoire). En fait, l'observation de l'homme parcourant les années reste le fil conducteur le plus solide de toutes les études sur le vieillissement biologique. De plus, ni l'expérimentation animale, ni l'expérimentation sur cellules isolées, ni les progrès de la biologie moléculaire ne nous ont apporté jusqu'ici des données utilisables pour le diagnostic ou le traitement des sujets âgés. Par contre, les remarquables progrès de la longévité, le fait qu'un nombre croissant de personnes de plus en plus âgées ont une vie normale et sans handicap sont à mettre au crédit de l'ensemble des progrès des sciences médicales. Il est à peine besoin de rappeler qu'aucune cure de jouvence n'a pu être validée selon les règles normales du contrôle scientifique. On ne saurait trop s'en étonner car les infirmités et les causes de mortalité sont dans l'ensemble assez bien connues et de natures multiples : on imagine mal le traitement unique qui préviendrait ou guérirait à la fois athérome, tumeur bénigne, cancer, démence, arthrose, etc. Finalement la médecine préventive, les traitements précoces et l'épidémiologie constituent l'essentiel de la gérontologie pratique.

Caractère cumulatif de la pathologie

Le vieillard est une résultante. Une tranche d'âge plus avancée se déduit de la tranche d'âge précédente par deux opérations : élimination de certains individus (morts prématurées), acquisition d'une pathologie nouvelle ou aggravation de troubles latents. On invoque volontiers les agressions spécifiques (infections, par exemple) ou non spécifiques (le « stress »). Distinguons bien : l'agression spécifique peut faire l'objet d'une étude rigoureuse rétrospective, ou mieux prospective, et conduire, avec l'aide parfois d'une expérimentation animale, à des mesures visant une nuisance individualisée ; la notion d'agression non spécifique, quant à elle, reste en clinique du domaine du discours : on ne peut ni mesurer ni dénombrer, donc on se situe en dehors du domaine scientifique.

Toutefois, tout ce qui se développe au cours de la vie n'est pas exogène : ainsi des malformations congénitales évoluent au cours du développement et leur nocivité peut n'apparaître que tardivement.

Une anomalie biochimique congénitale a un potentiel propre d'évolution : accumuler du fer (hémochromatose) n'entraîne des symptômes qu'à l'âge moyen de la vie et, à partir d'une certaine accumulation, les organes infiltrés se détériorent, des symptômes cliniques apparaissent (le phénomène est réversible par des saignées). Le trouble de la coagulation des hémophiles n'évolue pas, mais les saignements articulaires détériorent les jointures : aucune vie n'étant atraumatique, des occasions d'hémorragie s'ajoutent régulièrement. Le traitement (qui a prolongé la survie de ces malades) entraîne son lot d'effets secondaires.

Ce qui apparaît au cours de la vie n'est donc pas purement et simplement acquis. Et tous les intermédiaires existent entre l'accumulation spontanée des inconvénients liés aux affections congénitales et l'association de facteurs endogènes et exogènes dans la construction d'une maladie. Dès la formation de l'œuf, le capital génotypique est fixé ; à chaque tranche de vie (y compris la vie intra-utérine), apparaissent des anomalies, qu'on appelle maladies lorsqu'elles diminuent[...]

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Écrit par

  • : psychiatre des Hopitaux, médecin-chef du Centre médico-psychologique régional, Maison d'arret de Varc Isére)
  • : professeur à la faculté de médecine de Paris.
  • : diplômée de l'Institut de psychologie de Paris, responsable d'un centre de traitement de jour pour personnes âgées.
  • : docteur en droit, maître de recherche chef du département de démographie sociale à l'institut national d'études démographiques, conseiller scien- tifique de la fondation national gérontologie.
  • : professeur honoraire à la faculté de médecine de Paris, médecin honoraire des hôpitaux de Paris

Classification

Pour citer cet article

Claude BALIER, François BOURLIÈRE, Martine DRUENNE-FERRY, Paul PAILLAT et Henri PÉQUIGNOT. GÉRONTOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Homme : fonction physiologiques et âge - crédits : Encyclopædia Universalis France

Homme : fonction physiologiques et âge

Échelle de Wechsler - crédits : Encyclopædia Universalis France

Échelle de Wechsler

Autres références

  • BUTLER ROBERT N. (1927-2010)

    • Écrit par Universalis
    • 334 mots

    Psychiatre et gérontologue américain, Robert N. Butler forgea le terme « âgisme » pour décrire la discrimination que subissent les personnes âgées et fut l'un des premiers à tenter de mieux comprendre et soigner cette catégorie de patients. Il obligea le public à s'interroger sur le ...

  • DÉMENCE

    • Écrit par Raymond ESCOUROLLE, Universalis, Joël GREGOGNA
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    Ladémence sénile est une régression globale et définitive des fonctions psychiques apparaissant après soixante-cinq ou soixante-dix ans. L'imprécision de cette définition, basée sur l'âge, est l'un des éléments de discussion nosologique. Cela est d'autant plus vrai que les lésions microscopiques...
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Voir aussi