Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

AURIC GEORGES (1899-1983)

Le groupe des Six - crédits : Bettmann/ Getty Images

Le groupe des Six

Cadet du groupe des Six, Georges Auric n'a jamais occupé le devant de la scène musicale comme Honegger, Poulenc ou Milhaud. Sa carrière s'est toujours déroulée en marge des circuits habituels ; il a touché à tous les genres avec une égale réussite.

Après des études au Conservatoire de Montpellier — Georges Auric est né à Lodève, dans l'Hérault, le 15 février 1899 —, il vient se perfectionner au Conservatoire de Paris où il travaille le contrepoint et la fugue avec Georges Caussade. En 1914, il donne sa première œuvre, Interludes, jouée à la Société nationale. Puis il devient le disciple de Vincent d'Indy et d'Albert Roussel à la Schola Cantorum. En 1917, il compose son premier ballet, Les Noces de Gamache, suivi, deux ans plus tard, d'un opéra-comique, La Reine de cœur ; il détruira ces deux partitions. De sa rencontre avec Darius Milhaud et Jean Cocteau naîtra le groupe des Six, dont le seul point commun est une réaction contre tous les héritages esthétiques, du romantisme à l'impressionnisme. Auric est alors très influencé par Satie, qui fait figure de père spirituel du groupe des Six. Diaghilev lui commande ses premiers ballets (Les Fâcheux, 1924 ; Les Matelots, 1925). En 1930, il aborde la musique de cinéma avec Le Sang d'un poète, de Cocteau. Sa voie est tracée, et c'est surtout dans ces deux directions que se développera sa carrière. D'abord inspecteur général de la musique, il est couvert d'honneurs après l'incroyable succès de Moulin Rouge, partition destinée au film de John Huston (1952) dont la valse lui vaut renommée et fortune. De 1954 à 1977, il est président de la S.A.C.E.M. En 1962, il entre à l'Institut, et, de 1962 à 1968, il est administrateur de la Réunion des théâtres lyriques nationaux (Opéra et Opéra-Comique). On lui doit notamment des spectacles comme Wozzeck (J.-L. Barrault et P. Boulez), La Damnation de Faust (M. Béjart), une collaboration avec Wieland Wagner prématurément interrompue (Salomé, Tristan et Isolde, La Walkyrie). Il attire au palais Garnier les plus grandes voix du moment (Maria Callas, Elisabeth Schwarzkopf, Birgitt Nilsson, Tito Gobbi, Galina Vichnievskaia...) et lui redonne un lustre perdu en luttant efficacement contre la routine du répertoire.

Mais les honneurs et les fonctions officielles ne constituent qu'un masque derrière lequel se cache la véritable personnalité de Georges Auric : doué d'une étonnante curiosité artistique, il s'intéresse à toutes les nouveautés. N'a-t-il pas participé à la création des Noces de Stravinski et à la première française du Pierrot lunaire de Schönberg ? Fidèle auditeur du Domaine musical, il se serait essayé au dodécaphonisme — de façon discrète — dans ses dernières œuvres. Auric a surtout profité de sa situation pour aider les autres musiciens : les jeunes compositeurs qui venaient prendre conseil et trouvaient en lui ouverture intellectuelle, lucidité et culture, mais aussi l'ensemble de ses confrères, en faveur desquels il a œuvré dans le cadre de la S.A.C.E.M., pour donner au compositeur français une ébauche de statut social.

L'œuvre de Georges Auric est assez peu abondante. Pour le concert, il laisse quelques pages instrumentales et de musique de chambre importantes mais peu connues : Sonatine (1923), Petite Suite (1927) et surtout Sonate en « fa » (1931), Sonate pour violon et piano (1936), Trio pour hautbois, clarinette et basson (1938), Partita pour deux pianos (1958), Sonate pour flûte et piano (1964), quelques mélodies et une Ouverture pour orchestre (1938).

À la scène, il s'est essentiellement consacré au ballet : Les Fâcheux (1924), Les Matelots (1925) et La Pastorale (1926) pour les Ballets russes de Diaghilev, puis Les Enchantements d'Alcine (1929), Les Imaginaires (1934), Le Peintre et son modèle (1949), La Pierre[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Pour citer cet article

Alain PÂRIS. AURIC GEORGES (1899-1983) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Le groupe des Six - crédits : Bettmann/ Getty Images

Le groupe des Six

La Belle et la Bête, J. Cocteau - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

La Belle et la Bête, J. Cocteau

Autres références

  • SIX GROUPE DES, musique

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 1 691 mots
    • 2 médias
    À l'instar de Satie, Georges Auric (1899-1983) avait le sens de l'humour et se gaussait gentiment de ceux qui faisaient naître l'histoire de la musique à l'école de Vienne. Infatigable producteur pour la scène et l'écran, il a donné ses lettres de noblesse au genre nouveau de la musique de film. Sa ...
  • TAILLEFERRE GERMAINE (1892-1983)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 815 mots
    • 1 média

    Quelques mois après la disparition de Georges Auric, celle de Germaine Tailleferre a achevé l'aventure du groupe des Six dont elle était la dernière survivante, aventure éphémère s'il en fut. Ce groupe était né d'une critique d'Henri Collet dans le journal Comœdia en...

Voir aussi