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OPÉRA-COMIQUE

Offenbach - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Offenbach

Le vocabulaire français étant le seul à avoir adopté l'expression « opéra-comique » pour désigner une forme de théâtre lyrique où les dialogues parlés alternent avec les scènes chantées, ce terme devrait s'appliquer à des œuvres aussi différentes que Fidelio, de Beethoven, et Carmen, de Bizet. En fait, la grande période de l'opéra-comique français proprement dit est la seconde moitié du xviiie siècle et le premier tiers du xixe. Une de ses origines est la comédie mêlée de chants (opéra-comique en vaudevilles) qu'à partir de 1715 présentent le théâtre de la Foire et son rival le Nouveau Théâtre italien, et à laquelle s'intéresse une bonne partie du public parisien, lassé par les formules un peu guindées de l'opéra traditionnel. Mis à part les vaudevilles et autres mélodies empruntées formant l'essentiel du contenu musical de ces premiers opéras-comiques, dont les premiers fournisseurs de livrets sont Lesage, Piron et surtout Favart, apparaît très vite une part de musique originale, qui augmente avec les années, mais dont beaucoup d'auteurs resteront anonymes. En 1752, la représentation par une troupe de comédiens italiens de La Servante maîtresse (La Serva Padrona) de Pergolèse suscite la fameuse querelle des Bouffons et, d'une façon générale, un enthousiasme pour l'opéra bouffe qui signifie la fin du vieil opéra-comique en vaudevilles. Des ouvrages français originaux commencent à paraître, dont le célèbre Devin du village (1752) de J.-J. Rousseau, et surtout Les Troqueurs (1753), que son auteur Antoine Dauvergne (1713-1797) présente d'abord sous un pseudonyme italien, et qui constitue, si l'on veut, l'acte de naissance officiel de l'opéra-comique en tant que pièce en dialogues parlés entremêlée de « chansons » originales. Du genre, deux étrangers vont bientôt s'emparer : l'Italien Egidio Romoaldo Duni (1709-1775), avec, notamment, Le Milicien (1763) et La Fée Urgèle ou Ce qui plaît aux dames (1765), sur un livret de Favart ; et l'Allemand Christoph Willibald Gluck (1714-1787) qui, à Vienne, jusqu'à La Rencontre imprévue ou les Pèlerins de La Mecque (1764), s'intéresse beaucoup à l'opéra-comique français. À Paris, le premier compositeur important après Duni est François-André Danican Philidor (1726-1795), célèbre également comme joueur d'échecs, qui triomphe avec Blaise le savetier (1759) et Le Jardinier et son seigneur (1761), d'après Sedaine. Ensuite surgissent Pierre-Alexandre Monsigny (1729-1817) et André Modeste Grétry (1741-1813), dont le Richard Cœur-de-Lion (1784) marque sans doute le point culminant de l'opéra-comique au xviiie siècle, ainsi que Nicolas Dalayrac (1753-1809). À la fin du siècle, l'opéra-comique a fini par évoluer vers deux types assez différents : l'un, inspiré surtout de l'ancienne « comédie à vaudevilles » et illustré, par exemple, par Le Tableau parlant de Grétry, débouchera au siècle suivant sur l'opérette d'Hervé et d'Offenbach ; l'autre, illustré par Le Déserteur de Monsigny ou par Richard Cœur-de-Lion, influencera, au début du xixe siècle, l'opéra-comique d'un Boieldieu et, sous certains aspects, l'opéra en Allemagne, de Beethoven à Weber, puis plus tard Gounod, Ambroise Thomas ou encore Massenet.

— Marc VIGNAL

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