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INDY VINCENT D' (1851-1931)

Vincent d'Indy - crédits : Stefano Bianchetti/ Corbis/ Getty Images

Vincent d'Indy

Du compositeur ou du pédagogue, on ne sait auquel il faut accorder la première place : l'un et l'autre sont d'importance considérable ; l'un et l'autre se mêlent d'ailleurs ; d'Indy n'a jamais cessé d'être professeur en composant, comme il n'a jamais cessé, en enseignant, d'être un homme de principes, intransigeant encore que généreux et bienveillant. Originaire du midi de la France (bien que né à Paris), élève de Diemer et de Marmontel, pour le piano, de Lavignac pour l'harmonie, enfin — et surtout — de César Franck, auquel il voue un culte qui ne cessera de grandir, il complète sa formation musicale par plusieurs voyages en Allemagne. Il y rencontre Liszt, Brahms, Wagner surtout ; la découverte des drames lyriques de ce dernier va orienter toute sa carrière. Après ses premiers succès, celui en particulier de sa Symphonie cévenole (1886), il prend la direction de la Société nationale à la mort de Franck (1890) et fonde la Schola cantorum dont il deviendra très vite le directeur. Dès lors, son influence sur la jeune génération devient très importante non seulement dans le domaine musical mais sur le plan moral. D'Indy ne sépare jamais son enseignement artistique d'une attitude philosophique et morale. Son esthétique, fondée sur le culte de l'ordre, de la rigueur, n'est dans son esprit que l'application au domaine de l'art d'une pensée morale. C'est parce qu'il est fervent catholique, et parce qu'il est nationaliste, qu'il tentera de traduire en français le message wagnérien et cherchera son inspiration dans ses montagnes cévenoles. C'est au nom d'une certaine conception morale qu'il s'opposera vivement au debussysme, trop sensuel, trop peu structuré à son goût, et cela malgré une grande admiration personnelle pour l'œuvre de Debussy ; son école et ses disciples, renchérissant sur son rigorisme, le pousseront peut-être plus loin qu'il n'eût souhaité lui-même.

L'œuvre de Vincent d'Indy est, dans l'ensemble, plus pensée que sensible, volontaire et construite, à l'image de cet homme obstiné dans l'application de ses principes, mais d'une incontestable richesse. Elle se divise assez clairement en trois moments. La première période est nettement germanisante, sous l'influence des romantiques allemands et surtout de Wagner : elle consiste essentiellement en poèmes symphoniques (La Forêt enchantée, Le Chant de la cloche, et surtout les volets du triptyque de Wallenstein, 1870-1885). La seconde période marque un retour vers les traditions nationales, voire régionales. C'est l'époque de la Symphonie cévenole (ou Symphonie sur un chant montagnard français), 1886 ; de Jour d'été en montagne ; de ses deux opéras, intitulés « actions musicales », Fervaal et L'Étranger ; de la Légende de saint Christophe, gigantesque drame musical religieux et symbolique, enflé à l'excès, malgré de beaux moments (1885-1915). La dernière période (1915-1931) tend progressivement vers une sorte de classicisme, un dépouillement et un allégement : Sinfonia brevis, De bello gallico, Diptyque méditerranéen, Quintette, Troisième Quatuor ; c'est une musique toujours pensée, mais plus élégante, et dépouillée de tout ce que certaines œuvres précédentes pouvaient avoir, quelquefois, d'un peu grandiloquent. Les deux dernières périodes se rattachent très visiblement à des conceptions proches de César Franck, parfois avec un esprit de système ; la volonté de construction rigoureuse développe une structure cyclique dans laquelle elle s'épanouit.

L'importance de d'Indy est extrême pour l'intelligence de la musique du début du xxe siècle. Il a formé une pléiade d'artistes (Albert Roussel, Albéric Magnard, Érik Satie,[...]

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Écrit par

  • : directeur de l'Institut de musique et danse anciennes de l'Île-de-France, conseiller artistique du Centre de musique baroque de Versailles

Classification

Pour citer cet article

Philippe BEAUSSANT. INDY VINCENT D' (1851-1931) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Vincent d'Indy - crédits : Stefano Bianchetti/ Corbis/ Getty Images

Vincent d'Indy

Autres références

  • ALBÉNIZ ISAAC (1860-1909)

    • Écrit par André GAUTHIER
    • 1 685 mots
    • 1 média
    ...qui s'est emparée de lui à mesure de ses rencontres dans les milieux musicaux de la capitale. Il s'inscrit spontanément dans la classe de composition de Vincent d'Indy quand la Schola Cantorum ouvre ses portes, et il continue à travailler sous sa direction, alors même qu'il est nommé professeur de piano...
  • COMPOSITION MUSICALE

    • Écrit par Michel PHILIPPOT
    • 6 846 mots
    • 2 médias

    Dans son Dictionnaire de musique, Jean-Jacques Rousseau définit la composition musicale comme « l'art d'inventer et d'écrire des chants, de les accompagner d'une harmonie convenable, de faire, en un mot, une pièce complète de musique avec toutes ses parties ». Le mot composition...

  • LEKEU GUILLAUME (1870-1894)

    • Écrit par Philippe BEAUSSANT
    • 176 mots

    D'origine belge, élève de Franck et de Vincent d'Indy, mort à vingt-quatre ans d'une fièvre thyphoïde, Guillaume Lekeu ne laisse qu'une œuvre très mince, dominée par une belle et prometteuse Sonate pour violon et piano (1892). Lekeu avait une personnalité très riche, très...

  • MAGNARD ALBÉRIC (1865-1914)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 704 mots

    Le compositeur Albéric Magnard est l'un des seuls symphonistes de grande envergure qu'ait connu la France à l'aube du xxe siècle. Bien que son père, rédacteur en chef du Figaro, lui ait offert toutes les facilités pour réaliser une brillante carrière, il refuse ses interventions...

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Voir aussi