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LANG FRITZ (1890-1976)

Allemagne : la sérénité

En 1958, Lang retourne en Allemagne pour y réaliser les dernières œuvres de sa carrière : un film en deux parties, Le Tigre du Bengale et Le Tombeau hindou, et Le Diabolique Docteur Mabuse, œuvres pour lesquelles il retrouve toute sa jeunesse germanique. Le Tigre du Bengale et Le Tombeau hindou, à mi-chemin entre le conte de fées et le serial, sont une véritable méditation, celle d'un sage, alors âgé de soixante-huit ans, qui apporte à tout un genre, celui du film d'aventures, la sérénité du philosophe. Le Diabolique Docteur Mabuse, le plus beau film allemand de l'après-guerre, renoue avec les pouvoirs occultes et la volonté de puissance, dénonçant une ultime fois le despotisme du surhomme. Le cercle se referme. Ce retour de Lang en Allemagne est tout à la fois le retour aux sources de son œuvre et l'achèvement de toute une carrière. L'adolescent des Araignées (1919) et le vieil homme du Tigre du Bengale (1959) se sont retrouvés. À la permanence de ses thèmes, Lang ajoute un style, plus pur que jamais, dépouillé jusqu'à l'épure.

En écrivant : « La solitude morale, l'homme menant seul une lutte contre un univers mi-hostile, mi-indifférent, tel est le thème favori de Lang », François Truffaut trouve très exactement la définition de l'art telle que la donne Fritz Lang : « Une chose est sûre. L'art doit être critique ; c'est sa force et sa raison. Cette critique doit être une critique sociale, mais pas uniquement. Il y a dans ce monde beaucoup de choses qui doivent être critiquées. On ne peut pas proposer de solution, mais il faut toujours lutter pour désigner le mal. Ainsi mes films policiers américains sont d'abord une critique dirigée contre la corruption. Il arrive également qu'un créateur découvre en lui-même des choses qu'il n'aime pas, et il doit critiquer ces choses. »

— Patrick BRION

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Écrit par

  • : historien du cinéma, responsable du département cinéma de France 3

Classification

Pour citer cet article

Patrick BRION. LANG FRITZ (1890-1976) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Fritz Lang - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Fritz Lang

Autres références

  • METROPOLIS (F. Lang)

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 219 mots
    • 1 média

    Une nuit de 1925 le producteur Erich Pommer et Fritz Lang découvrent les gratte-ciel de Manhattan. Le film qui naîtra de cette vision conclura un triptyque commencé avec Mabuse, le joueur, « tableau d'une époque », et poursuivi avec la légende ancienne des Nibelungen. Ce ne sont pas...

  • M LE MAUDIT, film de Fritz Lang

    • Écrit par Michel MARIE
    • 969 mots
    • 1 média

    En 1931, Fritz Lang (1890-1976) est sans doute l'un des deux ou trois cinéastes de culture allemande les plus célèbres. Il a derrière lui une riche carrière de réalisateur de films populaires depuis ses débuts en 1919. Il a réalisé, d'après les mythologies nordique et germanique, quelques fresques...

  • ALLEMAND CINÉMA

    • Écrit par Pierre GRAS, Daniel SAUVAGET
    • 10 274 mots
    • 7 médias
    ...chefs-d'œuvre, Le Dernier des hommes (Der letzte Mann, 1924), ou son approche du thème de Faust (1926), dernier film réalisé avant son départ aux États-Unis. Quant à Lang, qui a toujours minimisé l'influence de l'expressionnisme sur son œuvre allemande, il fait montre d'un fascinant équilibre entre le roman...
  • CINÉMA (Aspects généraux) - Histoire

    • Écrit par Marc CERISUELO, Jean COLLET, Claude-Jean PHILIPPE
    • 21 694 mots
    • 41 médias
    ...Paradoxalement, une industrie cinématographique florissante permet l'éclosion de très grandes œuvres. À l'heure de Caligari (Robert Wiene, 1920) et de Mabuse ( Fritz Lang, 1922), l'« écran démoniaque » se fait l'asile d'un peuple de somnambules. Les cinéastes germaniques découvrent le pouvoir de la fascination...
  • CINÉMA (Réalisation d'un film) - Mise en scène

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 4 776 mots
    • 10 médias
    ...tournages deviennent « aveugles », entièrement coupés de la lumière du jour, donc du monde extérieur. Hitler et Goebbels, dit-on, admiraient Metropolis, de Fritz Lang (1926), qui présentait une ville totalement artificielle et futuriste, image virtuelle du monde nouveau à l'avènement duquel ils travaillaient....
  • CINÉMA (Réalisation d'un film) - Musique de film

    • Écrit par Alain GAREL
    • 6 489 mots
    • 5 médias
    ...présents ». Ces « musiques de source » avaient généralement une fonction naturaliste. Cependant, elles pouvaient aussi, parfois, jouer un rôle dramaturgique. C'est le cas dans M (M le maudit), de Fritz Lang (1931) : l'assassin sifflote maladivement « Dans le hall du roi des montagnes » d'Edward Grieg,...
  • Afficher les 9 références

Voir aussi