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BRENTANO FRANZ (1838-1917)

La vérité et les valeurs

En ce qui concerne l'essence de la vérité, Brentano a tenu deux positions extrêmes. Au début, il postulait l'existence d'une « vérité en soi », existant indépendamment du sujet. Il affirmait l'existence des entités de raison (nombres, vérités, valeurs), tout en leur niant la réalité au sens où l'on dit qu'un homme ou un animal sont « réels ». Mais cette définition ontologique et « platonicienne » de la vérité fera place, dans les quinze dernières années de sa vie, à une conception gnoséologique tout à fait opposée : la « vérité en soi » et les valeurs sont des pures fictions ; il n'y a que des actes de jugement, et la vérité doit se fonder sur l'évidence de ces actes. Cette dernière théorie de Brentano exercera une profonde influence sur la philosophie du langage : on s'interrogeait à l'époque sur la possibilité de traduire les expressions abstraites (par exemple, Temps, Espace, Justice, Bien) en termes qui connotent des êtres « réels ». Brentano crut possible une telle traduction. D'autres tentatives célèbres de réduction furent celles de Russell, de Carnap et de Kotarbinski.

Dans son ouvrage De l'origine de la connaissance morale(Vom Ursprung sittlicher Erkenntnis, 1889), Brentano présente la connaissance éthique comme fondée sur les émotions : amour et haine. L'action morale ne se fonde pas sur un impératif du vouloir, ainsi que le postulait l'éthique « formaliste » et « subjectiviste » de Kant, mais sur une conscience intentionnelle évidente des faits éthiques.

C'est le point de départ de l'éthique des valeurs, que proposeront Max Scheler et Nicolaï Hartmann.

— Samuel Hugo BERGMAN

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Pour citer cet article

Samuel Hugo BERGMAN. BRENTANO FRANZ (1838-1917) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • GESTALTISME

    • Écrit par Georges THINÈS
    • 6 590 mots
    • 2 médias
    La psychologie moderne, à ses origines, est représentée par deux noms de première importance : Wilhelm Wundt (1832-1920)et Franz Brentano (1838-1917). Wundt est le fondateur de la psychologie expérimentale, qui s'assigne alors pour tâche de reconstruire scientifiquement la conscience en tentant...
  • MEINONG ALEXIUS VON (1853-1920)

    • Écrit par Francis JACQUES
    • 2 672 mots
    ...mentaux spécifiques, distincts des seules « impressions » et « idées » auxquelles Hume avait borné son investigation. Déjà la « psychologie descriptive » de Brentano avait accompli un progrès sur l'empirisme en refusant d'absorber la totalité de la vie psychique dans ses contenus. Elle avait placé...
  • OPPOSITION CONCEPT D'

    • Écrit par Émile JALLEY
    • 18 859 mots
    • 4 médias
    Enfin, il faut envisager l'enseignement de Brentano comme un canal possible par où les thèmes principaux de la philosophie allemande auraient pu être transmis à Freud. En dehors d'un cours sur la logique aristotélicienne, Brentano tenait un séminaire qui consistait, dit Ernest Jones, en « réunions...
  • PENSÉE

    • Écrit par Pascal ENGEL
    • 8 304 mots
    • 1 média
    ...partie de ces contenus n'existent pas à proprement parler, mais ont une « inexistence intentionnelle », relative aux actes mentaux qui les visent. Selon Brentano, ce trait constitue un critère du mental comme tel, qui le distingue du physique. Mais on peut reformuler ce critère comme critère non pas du...

Voir aussi